L'optimisation du réseau d'électricité au niveau européen
- Session : 2009-2010
- Année : 2010
- N° : 367 (2009-2010) 1
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Question écrite du 07/05/2010
- de STOFFELS Edmund
- à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique
L’édition de l’hebdomadaire allemand Die Zeit n° 18 du 29 avril dernier (pages 23 et 24) publie un article intéressant en ce qui concerne le développement futur du réseau de distribution de l’électricité pour pouvoir confronter l’augmentation de l’offre de l’électricité produite à partir de formes d’énergies renouvelables.
Le monde scientifique est convaincu que le seul recours à des formes d’énergies renouvelables ne sera pas suffisant pour confronter les défis futurs en matière d’énergie. Non seulement faudra-t-il développer ces formes d’énergies, il faudra aussi pouvoir les transporter à des distances importantes, surtout quand on réfléchit au niveau européen (voire au-delà).
Pourquoi ? Si on veut, par exemple, efficacement utiliser l’énergie produite à partir des éoliennes off-shore (on pourrait aussi citer l’exemple de l’électricité solaire), il faudra aussi disposer d’un réseau de transport adapté pour le courant électronique. Le réseau actuel n’est pas fait pour pouvoir affronter les fluctuations résultant de la production d’électricité verte. Résultat : si on reprend l’exemple de l’électricité produite avec des éoliennes, lorsqu’il y a beaucoup de vent, il y a la crainte des producteurs d’électricité de se voir couper du réseau en raison d’une surproduction d’électricité que le réseau de distribution n’est pas apte à distribuer. La question se pose de savoir comment on peut assurer l’alimentation du réseau d’électricité avec du courant produit à partir des formes d’énergie renouvelables ?
Il paraît que les moyens techniques pour pouvoir confronter ce problème existent, mais ne sont pas utilisés efficacement.
Selon International Energy Agency, l’Union européenne devra prévoir un investissement d’un billion de dollars d’ici 2020 dans le développement de centrales et du réseau de distribution (on estime un montant similaire pour les années 2021 à 2030). Ceci fait 70 milliards d’euros par année.
Le développement seul du réseau n’est pas suffisant. En parallèle, il s’agira aussi de changer le mode de fonctionnement du réseau. Le réseau doit être apte à confronter le problème de l’électricité produite et la demande réelle du consommateur. Il s’agit de trouver un équilibre entre production et consommation et cela en fonction du lieu de production et de consommation (à réfléchir au niveau européen).
Une technique existe déjà : le smart grid. Avec l’aide de centrales de direction, sur base d’une guidance informatique, il y a lieu de créer plusieurs petits réseaux intelligents qui réunissent l’offre et la demande afin de fusionner au cours du temps. Ceci devra se faire au niveau européen. Désavantage du système : un risque existe de voir le système d’être victime de piratage informatique.
Qu’en est-il de la nécessité de la Wallonie de développer son réseau ? Existe-t-il des données chiffrables pour la Wallonie quant aux investissements nécessaires ? Où en est-on dans les réflexions de la problématique exposée au niveau de la Wallonie et de l’Europe ? Quelle est l’interprétation de Monsieur le Ministre en la matière ?
Réponse du 02/06/2010
- de NOLLET Jean-Marc
Dans le cadre du développement et de l'intégration des productions décentralisées, l'évolution des réseaux de distribution vers des réseaux intelligents est un enjeu important de la régulation des marchés en vue d'atteindre les objectifs tant en matière de productions d'électricité à partir de renouvelables ou de cogénération qu'en matière d'efficacité énergétique.
Les réseaux intelligents permettent d'assurer un meilleur équilibre entre production décentralisée et consommation locale. On parle également de « gestion dynamique des réseaux ».
Dans le cadre du développement d'un réseau intelligent, le gestionnaire de réseau de distribution doit élargir l'éventail de ses dispositifs de mesure et de contrôle pour son propre usage et peut ainsi connaitre à tout moment la charge réelle, le niveau de tension et l'équilibre entre phases dans une zone et prendre des actions d'optimisation. Si nécessaire, il peut effectuer à distance des diminutions de puissance, voire des délestages sélectifs. En cas de panne, il peut identifier avec précision les abonnés concernés par celle-ci et prendre les mesures adéquates. Il dispose donc d'informations qui lui permettent d'effectuer une meilleure gestion de l'ensemble de son réseau et une réelle planification. Ces informations s'avèrent nécessaires au développement à grande échelle de la production décentralisée.
Une concertation sur le thème des réseaux intelligents est en place avec les gestionnaires de réseaux, les fournisseurs et la CWaPE.
A ce stade, pour la Wallonie, nous ne disposons pas de chiffres relatifs aux investissements requis pour faire évoluer les réseaux de distribution vers une gestion intelligente. Ces coûts dépendront des équipements choisis. Les gestionnaires de réseaux évaluent actuellement l'efficacité de différents mécanismes leur permettant d'une part, de disposer des informations requises en différents points du réseau pour connaitre la tension et le sens des flux d'énergie, et d'autre part, d'assurer un effacement diffus des productions ou consommations. Une participation dans le cadre de projets européens devrait leur permettre de bénéficier d'expériences européennes en la matière.
Par ailleurs, l'axe 5 du Plan Marschall 2.Vert prévoit d'adopter un programme de recherche en matière de technologies intelligentes pour la gestion du réseau électrique et développer la maîtrise de ces technologies par les gestionnaires de réseaux. Un budget de 6,8 millions d'euros est réservé pour cette action.
La Région emboîte donc le pas de la gestion intelligente des réseaux avec comme double objectif premier, l'amélioration de l'efficacité énergétique et le développement des productions décentralisées.