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La production d’eau chaude

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 401 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 03/06/2010
    • de STOFFELS Edmund
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Dans son édition du mois d’avril, Test-Achats pose la question du choix concernant le mode de production d’eau chaude. Ils comparent le chauffe eau solaire avec d’autres systèmes de production d’eau chaude. Leur conclusion est évidente: les appareils à production instantanée - tout en reconnaissant leurs points faibles - sont les plus efficaces parce qu’ils ne chauffent l’eau qu’au moment où on en a besoin et à des quantités dont on a besoin. Par contre, toujours selon TEST ACHAT, le boiler n’est pas rentable, même s’il est confortable – à condition qu’il soit bien dimensionné en fonction de la consommation en eau chaude d’un ménage. Son plus grand désavantage est que la réserve d’eau chaude s’épuise sauf, bien sur, s’il est raccordé à une chaudière. Le chauffe eau solaire contribue à produire de l’eau chaude sans émissions CO2, mais selon Test-Achats, un tel investissement est difficilement rentable vu le coût élevé à l’installation.

    Comparant les différents systèmes, Test-Achats se base sur plusieurs critères: le prix à l’achat et les frais d’installation, les frais annuels liés à la consommation (et donc du rendement et du prix de l’énergie) et les frais de consommation du chauffage auxiliaire en appoint au chauffe-eau solaire (notamment en période hivernale). Pour les systèmes solaires, ils ont travaillé avec une hypothèse de 20 ans de fonctionnement moyennant un intérêt de 3 % (financement de l’investissement par emprunt).

    Comparant sur cette base le coût par année, les systèmes de chauffe eau solaire varient entre 608 euros et 698 euros, deux tiers étant imputables à l’investissement et un tiers au chauffage auxiliaire. Restant dans cette gamme, tous les systèmes solaires (sauf le boiler au propane en bonbonne) sont plus chers que les systèmes qui fonctionnent au gaz naturel, au Mazout, au propane en vrac ou à l’électricité (tarif unique ou bihoraire). Pour ces modèles, les prix annuels varient entre 208 euros (boiler instantané au gaz naturel) et 574 euros (boiler électrique au tarif jour).

    La comparaison n’a pas été faite en termes d’émissions de CO2 mais en termes de coût pour le ménage. Selon mon calcul, ils ont neutralisé les primes et les avantages fiscaux qu’on peut obtenir en cas d’investissement. Et je pense qu’ils ont raison puisque la prime ou l’avantage fiscal n’est, en fin de compte, rien d’autre qu’un montant que le contribuable a sorti de sa poche. Ce sont donc des constats qui doivent nous interpeller de la même façon que la nécessite de réduire les émissions de GES. Puis-je donc demander à Monsieur le Ministre de nous éclairer à propos des conclusions qu'il tire de cette étude comparative de Test-Achats? Devrions-nous, d'après cette publication, modifier notre règlement en matière de Soltherm?





  • Réponse du 24/06/2010
    • de NOLLET Jean-Marc

    J'ai pu prendre connaissance de l'analyse réalisée par Test-Achats à laquelle l'honorable Membre fait référence dans sa question. Tout comme lui, je suis également étonné par les résultats qui semblent être défavorables aux chauffe-eau solaires du seul point de vue de la rentabilité. Les hypothèses fines de travail ne sont pas indiquées dans l'article (rendement des chaudières, technologie des capteurs solaires, orientation, fraction solaire considérée, etc.).

    Sans vouloir me livrer à une bataille de chiffres, qui serait stérile à ce stade, je tiens à formuler quelques interrogations par rapport à l'analyse de Test-Achats. D'emblée, il semble peu pertinent de vouloir comparer les systèmes avec et sans boiler. L'auteur le reconnaît d'ailleurs dans son article : le confort lié aux chauffe-eau instantanés (sans boiler) est nettement moindre que celui lié aux systèmes avec boiler : débit d'eau chaude plus faible, variabilité de la température de l'eau, impossibilité de prélever de l'eau chaude en plusieurs points simultanément. C'est pourquoi l'hypothèse de comptabiliser le coût d'un boiler classique dans le prix d'une installation chauffe-eau solaire thermique ne semble pas pertinente, puisque le ménage aurait de toute façon dû investir dans un boiler pour stocker l'eau chauffée par une chaudière classique.

    Ensuite, il est utile de rappeler qu'un chauffe-eau solaire est un système qui produit de l'eau chaude à partir du rayonnement solaire. Il ne consomme pas de combustible, mais capte l'énergie solaire et la transmet à l'eau contenue dans un réservoir. En Belgique, une surface horizontale d'un mètre carré reçoit, par an, une quantité d'énergie solaire d'environ 1.000 kWh - soit l'équivalent de 100 litres de fuel. Il se compose des éléments suivants :
    - un capteur solaire pour collecter l'énergie solaire;
    - un réservoir de stockage permettant d'accumuler les calories solaires;
    - des accessoires assurant le bon fonctionnement du système (circulateur ou pompe, régulation thermique, ... ).

    Pour une application en Belgique, un chauffe-eau solaire est toujours accompagné d'un chauffage d'appoint. En toute circonstance, le chauffage d'appoint permet de garantir une eau à la température voulue. Qu'il assure de manière autonome la production d'eau chaude ou qu'il préchauffe l'eau, le chauffe-eau solaire permet de réelles économies sur la consommation de combustible.

    D'après les informations fournies par mon administration, une production journalière de 120 litres d'eau chaude nécessite une énergie annuelle de 2.000 kWh. Si la fraction solaire exigée pour le système est de 70% et qu'on table sur un rendement annuel de 28%, la surface de panneaux solaires installés devra être de 5m2 ce qui représente une surface toute à fait classique. Le prix moyen pour ce type d'investissement se situe entre 5.500 euros et 7.000 euros, ce qui représente un investissement annuel compris entre 283 euros et 360 euros (sur 20 ans, tenant compte des intérêts à un taux de 3%). L'appoint de 30%, soit 600 kWh, se fera en saison de chauffe et donc avec un bon rendement, même via une chaudière au mazout. Si l'on considère le prix du kWh fossile s'élevant à 0,08 euro/kWh, on peut évaluer le coût de l'appoint à 48 euros par an.

    A l'heure actuelle, un soutien financier de la part des pouvoirs publics est donc toujours nécessaire pour compenser le surcoût lié à la technologie solaire thermique par rapport aux combustibles fossiles. Mais ce soutien est justifié par les nombreux avantages énergétiques et environnementaux liés à la production d'eau chaude provenant d'installations solaires.

    A ce titre, l'auteur de l'article de Test-Achats reconnaît d'ailleurs que « contre les rejets de CO2, le chauffe-eau solaire se montre très efficace. En été, le soleil pourra même assurer toute l'eau chaude ». Pourtant, dans l'analyse comparative des prix des différents systèmes, on ne retrouve nulle trace de cet avantage. L'auteur aurait par exemple pu tenir compte d'une internalisation du coût du CO2 pour les systèmes à énergie fossile (au gaz, au mazout et à l'électricité). Il aurait pu également mentionner que l'énergie solaire, une fois l'investissement réalisé, est gratuite et stable durant toute la durée d'amortissement de l'installation, alors que le prix des énergies fossiles est susceptible de variations brusques et de grande ampleur (faut-il rappeler à cet égard le prix du baril à 150 $ en 2008). Enfin, dernière approximation, l'auteur ne semble pas tenir compte des primes régionales et locales, ni des réductions d'impôt accordées par le pouvoir fédéral lors d'un investissement dans une installation de chauffe-eau solaire. Or le cumul de l'ensemble de ces aides réduit drastiquement la facture initiale, et partant, le coût annuel amortissement de l'installation.

    Le chauffe-eau solaire est aujourd'hui une technologie performante et fiable, dont les applications sont nombreuses et adaptées à toutes sortes de situations. Ce n'est pas pour rien que l'Union européenne compte actuellement plus de 17 millions de m2 de capteurs solaires installés. Et pas uniquement dans les pays du sud mais aussi en Allemagne, en Autriche, au Danemark, en Suède et au Royaume Uni ! C'est la raison pour laquelle la Région wallonne a mis en oeuvre le plan d'action SOLTHERM pour promouvoir l'énergie solaire thermique.

    Je terminerai en annonçant à l'honorable Membre que je suis en train d'évaluer le programme Soltherm, avec l'aide de mon administration. Le soutien doit en effet être réévalué régulièrement au fur et à mesure de l'évolution des technologies et de leur pénétration.