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Les ouvrières en pénurie

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 285 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 02/06/2010
    • de STOFFELS Edmund
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    On parle souvent de pénurie de travailleurs dans certains secteurs dont, par exemple, le secteur de la construction. S’il est vrai que dans ce secteur, de nombreux emplois sont vacants (on parle de 4.000 à 5.000 emplois, mais le phénomène fluctue en fonction des saisons), il est vrai aussi que bon nombre de travailleurs en rechercher d’un emploi ne correspondent pas (encore) au profil demandé. Nous connaissons le problème depuis un certain nombre d’années et il me paraît étonnant qu’il continue toujours à exister.
     
    Avec tous les projets (commandes publiques) annoncés, on doit s’attendre à ce que la problématique s’amplifie encore. Le secteur estime le manque de travailleurs à 13 à 15.000 personnes (isolation, hôpitaux, etc.)
     
    La Confédération de la construction avance une thèse qui me paraît prometteuse : elle mise sur les femmes pour répondre à la pénurie de main d’œuvre – à condition que la Région wallonne soutienne cette perspective notamment via des mesures de formations qui leur seront adressées – tant en ce qui concerne la formation initiale qu’en ce qui concerne la qualification professionnelle continue.
     
    A titre personnel, je trouve l’idée séduisante. Dans le secteur de la construction, il y a autant de tâches auxquelles les femmes peuvent bien répondre qu’il y a de tâches pour les hommes. On n’est plus dans un métier comme il existait il y a une trentaine d’années. L’image de la profession est toujours la même alors que son contenu a fortement évolué. Vu l’évolution technologique, la force physique n’est plus un critère de même importance que le savoir faire.
     
    Que faire pour attirer des femmes vers les métiers de la construction ? Que faire pour corriger les a priori qu’on a vis-à-vis de ces métiers ?

    Que faire pour encourager les patrons à embaucher plus de femmes au sein de leurs équipes ?

    Que faire pour préparer plus de femmes au niveau de leurs qualifications capables d’occuper un des nombreux emplois vacants dans le secteur ?
  • Réponse du 07/09/2010
    • de ANTOINE André

    Pour supprimer les stéréotypes en matière de genre, il est important de travailler tout d'abord cette question avec les agents qui rencontrent et informent les personnes. C'est pourquoi Le Forem a organisé une sensibilisation au genre pour les agents des Carrefours Emploi Formation.

    De plus, une formation à la diversité en général est intégrée dans la formation initiale des nouveaux formateurs ou de nouvelles formatrices.

    Depuis 2006, les organismes de formation (Forem, IFAPME, AWIPH) en partenariat avec la CCW et le FFC, dans le cadre du projet « Diversité Construction » traitaient déjà de la thématique des femmes dans la construction. Ce projet était toutefois plus large et souhaitait sensibiliser sur des questions de la diversité : genre, personnes d'origine étrangère et personnes à mobilité réduite; avec un focus particulier concernant les actions destinées aux formations.
    Le produit phare du projet : le coaching sectoriel a été mis en place et plusieurs outils ont été produits :
    - une cartographie des opérateurs chargés de l'orientation de la formation et de l'insertion;
    - des présentations-types adaptées aux publics en vue d'exposer les avantages d'exercer un métier de la construction mais également les difficultés éventuelles;
    - une méthode et un outil de sensibilisation des conseillers en orientation à l'insertion des femmes dans la construction;
    - des affiches annonçant le coaching sectoriel pour l'insertion des femmes dans la construction;
    - des séances de sensibilisation à l'insertion des femmes dans la construction à destination des professionnels de l'insertion, organisées par les deux Centres de Compétences Construform.


    Le coach sectoriel avait pour mission de définir un plan stratégique global et des plans d'actions locaux impliquant tous les partenaires potentiels; d'être à l'écoute des candidats et analyser les possibilités d'insertion socioprofessionnel; d'informer les opérateurs et d'encourager les opérateurs d'insertion de formation et d'orientation de s'ouvrir à la mise en réseau de ceux-ci; d'aider les entreprises à définir leurs besoins de façon réaliste; de produire des outils de sensibilisation et de mettre en place un dispositif d'accompagnement dans l'emploi à disposition des nouveaux ouvriers et entrepreneurs.

    Aujourd'hui, le FOREM et l'IFAPME sont partenaires des actions « Femmes dans la construction » qui fait suite au projet « Diversité Construction » ainsi que d'autres actions visant à sensibiliser les femmes à des métiers non typiquement féminins :
    - actions de sensibilisation aux métiers organisées par les centres de compétence pour valoriser les métiers techniques;
    - le projet FSE En-TRAIN Jeunes, attentif à offrir aux femmes autant qu'aux hommes, des opportunités de réinsertion professionnelle;
    - le projet FSE Reliance prenant en compte la parité homme/femme sur le marché de l'emploi ...


    Le projet « Femmes dans la construction », à l'initiative du Fond de Formation professionnelle de la Construction (FFC) et de la Confédération de la Construction Wallonne (CCW), vise d'ailleurs à augmenter le nombre de femmes présentes dans la construction, via le coaching sectoriel en les accompagnant, en sensibilisant les entrepreneurs, les centres de formations, en les coachant, en leur donnant des outils pour se frayer une place et les insérer.

    Toujours dans le but d'agir avant l'installation des stéréotypes, le Forem et le réseau des centres de compétence, mettent en place des actions Kids ayant pour objectif de valoriser les métiers techniques auprès des enfants et donc d'agir sur les mentalités le plus tôt possible.

    Lors de ces journées, des enfants de 5 et 6ème primaires (y compris des filles) sont accueillis à Construform et sont initiés aux métiers du secteur (maçon, carreleur, électricien, ... ).

    Le Forem est également partenaire des Concours Perles qui ont permis aux enfants (5 et 6ème primaires également) de découvrir la passion qu'ont pour leur métier les entrepreneurs, artisans et travailleurs du secteur de la construction rencontrés lors de cette manifestation (2008).

    Afin de combler le déficit d'image des métiers techniques, technologiques et manuels auprès des jeunes, des parents, des enseignants et du grand public en général, le Forem participe activement aux activités de promotion développées par Skills Belgium.

    Cette approche encouragent les jeunes à s'engager librement et en toutes connaissance de cause dans les formations techniques et professionnelles et en incitant les parents et enseignants à « changer de regard » sur les métiers manuels et techniques (mise en perspective des portes d'entrée Internet vers les diverses options d'enseignement et de formation, ...



    Les femmes dans la construction, quelques chiffres

    Ces données émanent du FFC.
    En Wallonie, on dénombrait environ 0,5% de femmes travaillant dans le secteur de la construction, en Flandre, plus du double (1,13%) ! Les femmes sont surtout présentes dans les petites entreprises.

    Il est néanmoins important de prendre de la distance avec ces taux pour deux raisons :
    - certaines entreprises de la construction engagent des ouvrières qui ont pour mission de nettoyer les chantiers après le travail des ouvriers. Il ne s'agit donc pas véritablement d'ouvrières du bâtiment, même si elles entrent dans les statistiques.
    - de plus en plus d'épouses s'investissent dans l'entreprise de leur mari en tant que conjointes aidantes. Ces femmes « cachées » n'apparaissent pas dans les chiffres. Souvent formées sur le tas, elles sont des travailleuses de qualité pour les entreprises.

    Du côté de la formation, en 2009, 15 femmes suivaient une formation à temps plein dans l'enseignement de la Communauté française et 54 étaient stagiaires au Forem.



    Situation de la demande d'emploi pour les femmes dans la construction

    Fin mai 2010, on trouve 146 demandeuses d'emploi inoccupées inscrites en choix principal dans un métier de la construction, soit 0,7 % des demandeurs d'emploi de la construction. Un plus grand nombre de femmes (94) a choisi un métier du parachèvement (principalement la peinture bâtiment) que du gros œuvre (52 femmes principalement assistante des travaux publics).

    Concernant la situation des demandeuses d'emploi dans la construction, 30% ont moins de 30 ans (soit 44 femmes) et 32% ont plus de 50 ans (soit 46 femmes). Un tiers sont inscrites depuis moins d'un an et 39% depuis plus de 3 ans.

    Par ailleurs, 194 demandeuses d'emplois sont inscrites dans des profils employés de la construction (soit 16% du groupe métier AGENTS DE MAÎTRISE, TECHNICIENS ET INGENIEURS DU BÂTIMENT, DES TRAVAUX PUBLICS ET DE L'EXTRACTION).