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Le risque pour l'Europe de manquer la révolution verte

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 86 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 11/06/2010
    • de EERDEKENS Claude
    • à DEMOTTE Rudy, Ministre-Président du Gouvernement wallon

    En page 45 de l'édition du samedi 6 et dimanche 7 février 2010, « Le Soir économie » cite les propos de M. Rudi Thomaes, administrateur délégué de la FEB, selon lesquels l'Europe risque de rater le train des technologies vertes.

    Dans cet article le patron de la FEB tient des propos extrêmement alarmistes.

    Comme on le sait, la Chine et les USA sont les deux principaux producteurs de C02, soit à eux deux plus de 45 % de la production mondiale.

    Conscients de la nécessité de réduire les gaz à effet de serre et notamment les émissions de C02, la Chine et les USA se sont lancés dans des programmes de recherches considérables pour devenir l'un et l'autre des leaders dans les technologies vertes.

    Selon M. Thomaes, la solution au problème du changement climatique pour les USA est la technologie.

    La Chine est également à la pointe de la recherche, notamment en étant le leader mondial des "Terres rares".

    Pour développer les technologies vertes, ces deux géants de l'économie mondial ont un atout que n'a pas la Wallonie avec un peu plus de 4 millions d'habitants car ces deux géants de l'économie mondiale ont un marché intérieur considérable.

    M. Rudi Thomaes conclut en ces termes : «  Le citoyen européen attend, de l'Europe et du monde politique, un projet sociétal et économique de ce genre. L'Europe ne pourra jamais assurer la pérennité de son système social si elle n'a pas le leadership mondial dans ce domaine et dans d'autres ».

    Ce qui est vrai pour l'Europe l'est également tant pour la Wallonie qu'au niveau de la Communauté européenne.

    La Wallonie a-t-elle l'ambition d'entrer dans le leadership mondial des technologies vertes ou s'agira-t-il en Wallonie de simplement importer les technologies vertes étrangères à un coût prohibitif, créées à l'étranger, en Chine ou ailleurs, à des prix susceptibles de handicaper la compétitivité de nos entreprises et le niveau de vie de notre population?

    Quelle est la marge de manoeuvre dont dispose le Gouvernement wallon pour faire face à ce gap de plus en plus saisissant entre la technologie américaine et celle des pays émergents comme l'Inde et la Chine disposant de moyens financiers pour les recherches scientifiques et technologiques sans comparaison aucune avec les moyens de nos entreprises et universités?
  • Réponse du 06/07/2010
    • de DEMOTTE Rudy

    Le choix du Gouvernement est de considérer les défis du développement durable, non tant comme une obligation impérative que comme une source d'opportunités. La stratégie régionale est pétrie de cette conviction qu'elle évoque jusqu'à dans son intitulé : Plan Marshall 2. vert.

    Cet objectif se décline transversalement à travers les axes et via d'importantes mesures. Il fonde le concept innovant d'alliance emploi-environnement et se concrétise, notamment, par un renforcement de la dimension durable dans les cinq premiers pôles de compétitivité. L'ensemble du secteur de l'énergie bénéficiera, en cela, d'une attention toute particulière, passant, entre autres, par un renforcement des liens du cluster de l'énergie avec les pôles dans le cadre de leurs activités dans le secteur énergétique.

    Plus spécifiquement, le Gouvernement wallon a jugé opportun de créer un pôle de compétitivité supplémentaire dédié aux nouvelles technologies environnementales.

    Ce 6e pôle, consacré aux technologies de l'environnement, et plus spécifiquement à la chimie et aux matériaux durables, vient d'être mis sur les rails et un appel à candidatures a été lancé pour le constituer.

    Il bénéficiera des mêmes soutiens que les précédents : financement d'une cellule opérationnelle, aides à l'investissement, aides à la recherche, formation, soutien d'experts sectoriels et dans le cadre de l'accueil d'investissements étrangers, soutien à l'investissement via la filiale spécialisée de la SRIW, la Sofipole.

    L'appel à projets sélectionnera des candidats qui conçoivent leur stratégie en complémentarité avec les pôles et clusters existants. Si les projets doivent être porteurs pour les domaines de la chimie et des matériaux, les entreprises qui s'impliqueront dans cet appel peuvent cependant être issues de tous les secteurs économiques, y compris celui de la construction.

    Ce « Pôle vert», mènera en outre une réflexion sur le domaine des déchets au sens large. La capture et le stockage du CO2 seront spécialement ciblés.

    Concernant la recherche, le programme FIRST (programme de formation et d'impulsion à la recherche scientifique et technologique) permet aux chercheurs de faire l'apprentissage du milieu industriel tout en gardant leur statut universitaire.

    Il consiste en la prise en charge à 100% par la Wallonie, pendant deux ans ou plus, des frais de rémunération d'un jeune chercheur chargé de mener, dans l'institution universitaire, un projet de recherche orientée susceptible d'avoir un impact sur le développement économique et social wallon.

    Le programme FIRST poursuit ainsi trois objectifs essentiels :

    - l'accroissement du potentiel scientifique et technologique des unités de recherche universitaire ou de niveau universitaire;
    - la valorisation et le transfert de ce potentiel vers les entreprises wallonnes;
    - la formation des futurs cadres d'entreprises aux technologies émergentes, pour qu'ils diffusent celles-ci dans les entreprises wallonnes où, espère-ton, ils poursuivront leurs activités professionnelles.

    Ce programme a l'ambition de créer les conditions d'une collaboration optimale entre les différents acteurs de la recherche disposés à s'enrichir mutuellement par l'échange du savoir scientifique et technologique qu'ils détiennent. Cela passe par le partage d'expériences et l'utilisation commune d'équipements sophistiqués mais également par une prise de conscience des propres contraintes et objectifs du partenaire.

    Par ailleurs, avec l'appui du Gouvernement wallon, l'ULg et le Campus automobile de Spa Francorchamps ont ouvert un département Eco-technologies qui s'est spécialisé dans les green technologies, telles que les nouvelles motorisations électriques ou hybrides et les carburants alternatifs.

    Il s'agit de l'Euro Green It Innovation Center, lancé sur la base d'un partenariat public-privé unissant la Wallonie, IBM, Microsoft, Climate Savers Computing Initiative. Basé au Parc Initialis à Mons, il constituera un centre d'expertise au croisement des TIC et du développement durable.

    Il offrira, en outre, une plate-forme de démonstration et de réalisation de projets pilotes dans le domaine de l'éco efficience énergétique. Le centre sera financé à 50 % par les autorités wallonnes qui investissent 750 000 euros en 2010. L'autre moitié est assumée par l'ensemble des partenaires privés sous forme d'investissements et de mise à disposition de personnel, consultance et infrastructures.

    Certes, malgré cette détermination en action(s), la concurrence entre la Wallonie, d'une part, et les Etats-Unis ou la Chine, de l'autre, nous incite au réalisme. Elle n'est pas source de résignation. Au contraire, dans une économie mondialisée où des régions de taille modeste peuvent accéder directement au global et à ses opportunités, la Wallonie dispose de nombreux atouts à jouer, dans une logique d'excellence de niches et de domaines. C'est cette conviction qui sous-tend les pôles de compétitivité. C'est elle, également qui nous a conduits à favoriser l'interconnexion de la recherche de la Wallonie et de la Communauté française avec le reste du monde :

    - en intensifiant la participation aux programmes-cadre européens;
    - en soutenant la participation de chercheurs à des projets internationaux;
    - en favorisant la mise en réseau des chercheurs avec les acteurs de la recherche à l'échelle internationale;
    - en assurant l'attraction et le maintien en Wallonie d'entreprises actives en recherche scientifique;
    - et en renforçant l'attractivité internationale de notre potentiel de recherche scientifique et de l'enseignement universitaire.

    La conjonction et la coordination de l'ensemble de ces initiatives au regard d'objectifs clairs traduisent donc la volonté du Gouvernement wallon de saisir les opportunités offertes, dans de nombreux domaines de pointe, à une Région d'excellence comme la Wallonie.