/

Le projet pilote de bus au bioéthanol

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 661 (2009-2010) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 18/06/2010
    • de CASSART-MAILLEUX Caroline
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    La mise en circulation des trois premiers bus wallons à rouler au bioéthanol ne s’est pas faite sans peine. Je reviens donc aujourd’hui vers Monsieur le Ministre pour obtenir des évaluations davantage étoffées sur le fonctionnement de ces trois véhicules.

    Quelles conclusions peut-il tirer à ce stade ?

    Quelles sont les performances des bus au bioéthanol par rapport à celles d’un bus diesel ?

    Le constructeur devait rappeler ses véhicules touchés par des avaries. Les bus concernés devaient recevoir de manière préventive, un modèle amélioré d’injecteurs de carburant. Les véhicules devaient être traités fin 2009. Monsieur le Ministre me confirme-t-il que le nécessaire a été fait ?

    Envisage-t-il, sur base des nouvelles évaluations, d’augmenter le nombre de bus roulant au bioéthanol ?
  • Réponse du 08/07/2010
    • de HENRY Philippe

    Dans le cadre de la recherche de pistes en faveur de propulsions alternatives et de la lutte contre les gaz à effet de serre, trois autobus alimentés au bioéthanol ont été mis en service le 17 septembre 2009. L'objectif est de mener, avec ces véhicules, une expérience pilote en conditions réelles, sur le réseau urbain du TEC Namur-Luxembourg. Il s'agit de bus Scania équipés de moteurs à allumage spontané (cycle « Diesel ») pour bénéficier d'un rendement élevé, et utilisant un carburant spécifique, appelé « ED95 », composé de 95% de bioéthanol et de 5% d'additif correcteur d'indice cétane.

    Un comité de suivi multidisciplinaire a été constitué pour suivre le projet et évaluer la filière sur ses aspects environnementaux, économiques, techniques et éthiques.

    Le carburant employé n'étant pas normé en Belgique, une dérogation en matière d'accises a dû être obtenue auprès du SPF Economie. Cette dérogation, obtenue le 10 mars 2009, est valable 3 ans et peut être reconduite. Le service des procédures relatives aux accises a accordé l'application du taux d'accises correspondant au carburant remplacé, c'est-à-dire le gasoil à faible teneur en soufre.

    Dans l'état actuel de la législation, une détaxation plus importante n'est pas prévue. Le SPF Finances s'est cependant engagé à reconsidérer la question lorsque le surcoût réel serait connu. A ce stade, le prix de revient kilométrique du carburant peut être évalué à environ 2,84 fois celui d'un bus diesel équivalent utilisé dans des conditions comparables. Cette question sera abordée lors de la prochaine réunion du comité de suivi, prévue fin août.

    Les premières semaines d'exploitation avaient mis en évidence des problèmes d'injecteurs. Scania ayant déjà rencontré ce type de phénomène, de nouveaux modèles ont été développés et montés sur les trois véhicules.

    La fiabilité semble améliorée sur ce point, mais le taux de disponibilité de ces bus reste très nettement inférieur à celui de bus diesel comparables, puisqu'il atteint seulement 40%.

    Le prix de revient de ces véhicules est nettement supérieur à celui d'un bus diesel, en raison principalement :
    - de frais de carburant environ 2,84 fois supérieurs;
    - de coûts de maintenance supérieurs, dus à un programme d'entretien nettement plus contraignant (vidanges plus fréquentes, durée de vie réduite des injecteurs, huile spécifique plus coûteuse, ...).

    Le calcul du bilan environnemental fait l'objet des travaux du comité de suivi du projet. Il est effectué « du puits à la roue », c'est-à-dire en incluant les émissions sur le cycle complet d'utilisation du carburant :
    - production, transport et transformation des matières premières;
    - production et transport du carburant fini;
    - combustion à bord du véhicule.

    Sur base des premiers mois d'exploitation, la réduction des rejets de gaz à effet de serre peut être évaluée à environ 67% par rapport à un bus diesel équivalent utilisé dans des conditions comparables. Le gain en termes d'environnement est donc important.

    Toute décision portant sur l'extension de l'utilisation de bioéthanol ne sera prise qu'à l'issue de la période d'essai en fonction des critères financiers et environnementaux.