/

L'étude menée à l'UCL par le docteur Véronique Godding, spécialiste en pneumonie sur le tabagisme maternel et ses répercutions sur les nouveaux-nés

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 140 (2009-2010) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 28/06/2010
    • de BAYET Hugues
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    On sait depuis longtemps que le tabagisme est source de complications pour le nouveau-né avec des risques accrus de naissance prématurée. L'étude du professeur Godding montre en outre que le syndrome de manque à la nicotine est bel et bien présent chez le nouveau-né, accompagné d'effets pervers importants, à savoir une augmentation de la nervosité, des difficultés plus grandes d'endormissement, de réveil, etc.

    Et cette étude n'est limitée qu'aux 5 premières journées de la vie du nourrisson ! Ce qui nous entraîne naturellement à nous interroger sur l'avenir de ces enfants. Si l'on perçoit que les adolescents de mères fumeuses débutent eux-mêmes le tabac plus tôt et plus fort, nous sommes apparemment bien démunis quant aux études scientifiques à long terme.

    De même, l'article du Soir du 28 mai dernier relate que si une aide au sevrage existe bel et bien en Communauté française, il reste encore beaucoup de travail pour que, je cite « chaque gynécologue soit convaincu qu'il doit non seulement poser la question du tabac mais offrir directement une aide au sevrage ». Dans les faits, il faut regretter que certains gynécologues ne préconisent plus systématiquement l'abstinence de la cigarette pendant la grossesse.

    Je sais combien cette problématique préoccupe Madame la Ministre depuis longtemps et que le nouveau plan wallon « Sans tabac » rencontrera partiellement les problématiques énumérées précédemment.

    Ne pourrait-on profiter des 6 prochains mois de la future présidence belge de l'Union européenne pour commander une grande étude sur le tabagisme maternel et ses conséquences à long terme sur la vie des enfants au niveau européen ?

    En terme de prévention, quels pourraient être les moyens pour inciter l'ensemble de nos gynécologues à tout mettre en œuvre pour limiter les dégâts du tabagisme chez les futures mamans ?

    Plus largement, quelles seront les actions à engager, en complémentarité au plan wallon « Sans tabacs », pour répondre à ce problème majeur qui concerne beaucoup de nouveau-nés ?
  • Réponse du 27/07/2010
    • de TILLIEUX Eliane

    La question soulevée concerne les complications à moyen terme et à long terme chez le nouveau-né. le nourrisson et, plus tard, chez l'enfant d'une mère ayant présenté un tabagisme durant sa grossesse.

    Comme l'honorable Membre le souligne, si les conséquences sur le nouveau-né sont bien connues ( prématurité, petit poids de naissance, syndrome de sevrage suivant la naissance, ... ). les conséquences à plus long terme, en particulier sur le processus de maturation psychologique, existent également, quoique plus difficiles à objectiver. On observe effectivement que l'adolescent, exposé précédemment au tabagisme de sa mère aura un risque nettement augmenté de devenir un fumeur dépendant lors de sa première rencontre avec le tabac.

    Conduire des études épidémiologiques longitudinales prospectives est une idée séduisante mais celles-ci sont probablement fort difficiles à mener et les observations malaisées à interpréter, surtout lorsque l'on sait que le tabagisme maternel est un indicateur des inégalités sociales en matière de santé et que ces inégalités souvent se combinent. Par ailleurs. il conviendrait alors de mesurer des marqueurs biologiques ou d'autres indicateurs chez les parents également. En ce qui concerne la possibilité d'une étude européenne sur les conséquences à long terme du tabagisme prénatal, il me revient que cette question pourrait être abordée lors du congrès international de l' ENSP (European Network for Smoking and Tobacco Prevention) se déroulant en Belgique du 8 au 10 novembre prochain à l'occasion de la Présidence belge de l'Union européenne. Il faut en étudier la faisabilité en collaboration avec certaines associations actives en la matière.

    Dans le cadre du Plan wallon sans tabac, les actions régionales portent essentiellement sur le soutien à des associations ou à des centres universitaires veillant à la formation du personnel de soins de première ligne et à la formation continue en cette matière. A titre d'exemple, ce plan soutient le FARES, Fonds des affections respiratoires, asbl qui, membre actif du Plan wallon sans tabac dès septembre 2003, a assuré la formation de centaines de professionnels de santé à l'entretien motivationnel, en ce compris les travailleurs médico-sociaux de l'O.N.E. C'est par ailleurs au sein de cette association qu'un groupe d'experts (gynécologues. pédiatres. néonatologues. médecins généralistes et tabacologues. dont précisément le Dr. Véronique Godding qui en est un membre du conseil scientifique). a rédigé un texte de recommandations de bonne pratique sur base d'une revue de la littérature scientifique. texte qui sera soumis à diverses associations professionnelles et institutions avant diffusion. La diffusion de ces recommandations devrait être opérée fin 2010-début 2011 lors de colloques et réunions professionnelles de gynécologie. de même que le 5 octobre lors du congrès de l'Union Professionnelle des Sages-femmes belges. L'exposé de ces recommandations est également prévu le 2 octobre 2010 lors de la « Rencontre annuelle de tabacologie ». soutenue chaque année par la Région wallonne dans le cadre du Plan Wallon sans tabac, regroupant des tabacologues, des médecins généralistes et des représentants d'hôpitaux sans tabac.

    Autre exemple: la Wallonie soutient également l'action de la Société scientifique de médecine générale qui vise à informer les médecins praticiens sur les bonnes pratiques en matière de prise en charge des femmes enceintes fumeuses. Les médecins généralistes bénéficient désormais d'un remboursement spécifique des consultations dédiées à ce type de prise en charge. Il y est bien évidemment recommandé aux médecins généralistes de prévenir voire de se concerter avec le gynécologue de chaque patiente concernée.

    C'est le grand mérite du plan wallon que de maintenir une dynamique concertée de mobilisation des professionnels de terrain, dans un souci de cohérence et d'efficacité des différentes mesures prises tant au niveau fédéral qu'aux niveaux communautaire et régional.