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Les emplois verts

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 316 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 14/07/2010
    • de SENESAEL Daniel
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    Dans quelques années, des centaines de milliers de personnes exerceront un métier en lien avec la protection de l'environnement.

    Dans son rapport annuel, le Conseil supérieur de l'emploi a notamment souligné qu'il était indispensable de former une main d'oeuvre qualifiée en matière d'emplois verts.

    En effet, toujours selon cette institution, les pouvoirs publics peuvent accompagner ce «verdissement de l'économie» en stimulant la recherche et les nouvelles initiatives économiques, à condition que les entreprises qui y prennent part puissent accéder à une main d'oeuvre qualifiée. Il est dès lors indispensable d'accroître le nombre de techniciens et d'ingénieurs diplômés en continuant à valoriser les formations techniques et scientifiques traditionnelles, sur lesquelles se fonde l'essentiel des besoins de compétences des entreprises vertes et en adaptant les programmes scolaires.

    Aussi, quelles sont les réactions de Monsieur le Ministre par rapport à ces recommandations ? A-t-il déjà envisagé ou adopté certaines mesures complémentaires, dans le cadre de la formation des demandeurs d'emploi et des travailleurs, suite à la publication de ce rapport ? Où en est-on quant à la mise en oeuvre des formations aux «métiers verts» prévues ans le cadre du PM2.Vert ? Ces formations devant être données, pour partie, par des formateurs en place, quelles sont les mesures prises pour veiller à l'actualisation des compétences de ces formateurs ?

    En outre, le Conseil recommande la création d'un observatoire prospectif des métiers et compétences dans le cadre du « verdissement » des emplois, à l'instar de ce qui existe en France ou aux Pays-Bas. Ainsi, quelle est la position de Monsieur le Ministre par rapport à cette proposition ? La création d'un tel observatoire est-elle envisageable ?
  • Réponse du 22/09/2010
    • de ANTOINE André

    1° Introduction

    Le rapport du Conseil Supérieur de l'Emploi propose une synthèse d'un ensemble d'études réalisées en Belgique et à l'étranger. La question de la définition des concepts bien qu'abordée y reste floue, reflétant ainsi qu'il n'existe pas aujourd'hui une vision unique et cohérente des développements de l'économie verte, des technologies qui deviendront demain la référence, les impacts sur l'emploi et les formations à organiser sont encore énoncés à titre de conjectures tant les facteurs à prendre en compte - et les interactions entre eux - sont multiples.

    La matière est particulièrement complexe au sens où les choses sont non seulement compliquées mais surtout en évolution dans un environnement particulièrement marqué par l'incertitude.

    Avant d'aborder la question des réalisations en Wallonie, il peut être cependant utile de rappeler qu'au travers des définitions habituelles de l'économie « verte », des emplois « verts », les études menées actuellement semblent toutefois converger vers l'idée que, hormis l'émergence de quelques métiers en lien avec la protection de l'environnement, l'efficacité énergétique, la diminution des impacts environnementaux, ce sont vraisemblablement un grand nombre de métiers et d'emplois existant qui seront concernés par le verdissement de notre économie.

    Ainsi, bien que la définition ne soit pas encore définitive, la Wallonie considère que l'abord par les compétences « vertes » apparaît opérationnellement plus intéressant que par les métiers ou les formations, l'un comme l'autre étant liés aux compétences.



    2° Définition

    Dans le cadre des Alliances Emploi Environnement, j'ai mis sur pied avec le Ministre Jean Marc Nollet, un groupe de travail intitulé « formation verte » qui a pour mission de faire un état des lieux des besoins et de l'offre de formation dans le cadre de la première Alliance liée à la construction durable, et de proposer des évolutions dans l'offre de formation.

    Dans ce cadre, il a fallu s'accorder sur une série de concepts dont le fait qu'une compétence « verte » est une combinaison, une intégration de savoirs, de savoir-faire et de savoirs-être permettant de réaliser des activités professionnelles visant à augmenter l'efficience dans l'utilisation des ressources, l'efficacité énergétique ou à réduire les impacts environnementaux.

    A terme, ces compétences affectées par le développement de l'économie vers l'anticipation des impacts environnementaux et une utilisation rationnelle des ressources dans les différents domaines de l'activité professionnelle depuis la conception jusqu'à la maintenance des biens ou des services concerneront les activités de conception, de conseil, d'étude, de fabrication, d'installation, de mise en œuvre, de contrôle et audit, de vente et distribution, de maintenance, etc.

    Les compétences vertes sont caractérisées par l'évolution des contextes de travail, l'utilisation de nouveaux matériaux, de nouvelles techniques et manières de « mettre en œuvre » ainsi que de nouvelles exigences de qualité et, enfin, elles réclament des modes d'organisation du travail intégrées et coordonnées.

    Tous les secteurs devraient donc être concernés par le changement de fondamentaux dont, par exemple, une internalisation accrue des externalités. Certains secteurs semblent toutefois plus au devant de la scène que d'autres: construction, logistique et transports, production d'énergie mais aussi tout le manufacturier.



    3° Actions de formation déjà en cours

    Le Gouvernement wallon organise pour l'instant, au départ de la définition des termes utilisés, la mise en œuvre des formations dans le cadre des alliances emploi­environnement et plus particulièrement de la première alliance concernant le secteur de la construction.

    Le Forem, l'IFAPME, et d'autres opérateurs ont déjà adapté leur offre de formation ainsi que la formation des formateurs parfois malgré - selon les domaines - l'existence de solide référents technologiques. Une offre de formation modulaire semble ainsi le mieux convenir pour l'heure.

    Un cadastre de l'offre de formation sera disponible bientôt et tentera de déterminer si les volumes et les orientations de développement sont adaptés à la demande du marché dans le secteur de la construction.

    La formation professionnelle au sens large permettra d'adapter les compétences des travailleurs et leur sensibilisation à de nouvelles logiques de mise en œuvre, rapidement aux besoins des entreprises, la formation initiale prendra ensuite le relais. D'ores et déjà les représentants de l'enseignement sont impliqués dans les travaux.

    Sans examen très détaillé, il apparaît d'emblée assez clair que la logique modulaire semble la mieux adaptée aux évolutions à attendre. Dans la mesure où, pour la majorité des compétences à développer, il n'apparaît pas nécessaire de revoir fondamentalement des cursus entiers de formation-métier mais plutôt de mieux les intégrer, la formation des formateurs actuels représente le moyen le plus adéquat de se développer.



    4° Formation de formateurs

    Le cadastre de l'offre de formation interroge à cet égard le niveau d'expertise attendu du formateur comme les référents scientifiques ou techniques sur lesquels repose le module. Dans le cadre de ses missions, les opérateurs se doivent de proposer une offre de formation perpétuellement à l'écoute des évolutions techniques, réglementaires, organisationnelles et pédagogiques.

    Cette attention se traduit dans les faits par une activité de veille sur l'évolution des métiers et des qualifications attendues à court, moyen et long terme par les différents secteurs professionnels, de manière réactive mais surtout proactive.

    D'autre part, le maintien et le développement des compétences des formateurs est essentiel. A cet égard, relevons que le FOREM permet à chaque membre du personnel de disposer en moyenne de 10 jours de formation/an via une formation pédagogique de base et une offre de formation continue transversale et/ou thématique programmée de manière systématique et/ou ponctuelle en fonction de besoins spécifiques par le Service de Formation de Formateurs et/ou les responsables technico-pédagogiques orientés vers chaque discipline.

    Plus particulièrement concernant l'évolution des Métiers Verts, les centres de Compétence tels notamment le Centre Environnement, le Polygone de l'eau, Wallonie Bois, les ConstruForm, etc ... ainsi que les services pédagogiques centraux, au Forem comme à l'IFAPME, en collaboration avec les Directions Générales Organiques concernées, ont développé un vaste plan de formation du personnel allant de la sensibilisation au Développement Durable, à l'utilisation du logiciel de calcul de la PEB, en passant par toutes autres techniques nécessaires à l'adaptation des contenus de formation.

    Dans ce contexte, des partenariats sont organisés depuis de nombreuses années avec les centres de recherches, universités, secteurs professionnels etc... notamment via des projets de développement soutenus par les Fonds sociaux européens, des projets d'échanges de bonnes pratiques avec des organismes de formation étrangers (Interreg ... ) ou des collaborations dans la mise sur pied des certifications sectorielles.



    5° Observatoire prospectif des métiers

    Différents projets de prospective quant à l'évolution des métiers ont déjà été réalisés en Wallonie (Abilitic, Perform), une veille ou anticipation sectorielle est déjà organisée depuis des années dans les centres de compétences. Cela a d'ailleurs déjà permis d'adapter l'offre de formation professionnelle en lien avec le « verdissement de l'économie ».

    Des démarches prospectives ont déjà réuni le Forem, l'IWEPS et les experts des secteurs ont développé des méthodes inspirées de la situation française.

    Compte tenu de la taille du marché de l'emploi et de la situation wallonne, il apparaît cependant difficile d'imaginer simplement une importation du modèle français, par exemple celui des observatoires de branche.

    Créer un observatoire chargé d'élaborer des scénarii de développements attendus de compétences ne me paraît pas raisonnable dans la situation budgétaire actuelle ni opportune au regard des projets qui ont lieu:
    - au rôle essentiel du Forem comme analyste du marché de l'emploi;
    - à l'installation du Service Francophone des Métiers et des Qualifications.

    En d'autres termes, ma préférence va, pour l'heure, et sous réserve des négociations à mener dans le contrat de gestion du Forem, à l'organisation d'un groupe d'experts issus des secteurs et rassemblés en plateformes.

    La coordination et l'animation pourraient être confiées au Forem en tant que régisseur du marché de l'emploi et de la formation et soutenues par l'IWEPS (ou la SWEP) en matière d'apports méthodologiques.