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Les métiers en pénurie

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 321 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 14/07/2010
    • de SENESAEL Daniel
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    La formation est sans conteste un élément crucial dans notre lutte contre le chômage. Par ailleurs, l'épanouissement dans le travail est un aspect important qui favorise la réussite sociale.

    Chaque année, l'Office national de l'emploi (ONEm) réactualise la liste des métiers en pénurie. Elle peut inspirer les jeunes qui hésitent sur l'orientation qu'ils veulent donner à leurs études. Mais ce n'est pas sa première raison d'être. Car si l'ONEm publie une telle liste, c'est parce que les chômeurs qui décident de suivre une formation les conduisant à l'un des métiers en pénurie ne sont plus considérés comme disponibles sur marché du travail tout en gardant leurs droits aux allocations de chômage.

    En voici la liste.

    1° Dans l'enseignement secondaire technique ou professionnel : la boucherie, la conduite de poids lourds (uniquement pour les chômeurs domiciliés dans la région bruxelloise), l'installation de réfrigération et de chauffage, la conduite d'engins de chantier, la construction, la cuisine, l'électricité, l'électronique ICT, le métier d'infirmier, l'informatique, la mécanique et l'électronique, l'optique et l'optométrie (une nouveauté cette année), la pâtisserie, les techniques de transformation du métal, la télécommunication et le travail du bois.

    2° Dans l'enseignement supérieur professionnalisant: l'enseignement des langues germaniques, des mathématiques, du français et des sciences à destination des élèves du secondaire inférieur, l'enseignement de toutes les spécialités dans l'enseignement technique, la comptabilité, le métier d'instituteur, celui d'infirmier, l'informatique, la kinésithérapie et l'optique – optométrie.

    3° Dans l'enseignement supérieur (baccalauréat et master): l'informatique, le métier d'ingénieur industriel et civil, la traduction (uniquement à Bruxelles) ainsi que l'enseignement des langues germaniques, des mathématiques, du français et des sciences dans le secondaire supérieur.

    Quelles mesures préconise Monsieur le Ministre afin de solutionner cette problématique des métiers en pénurie ? Plus spécifiquement, parmi la liste détaillée ci-dessus, quels sont les métiers qui subissent le plus de pénurie ?

    Par ailleurs, Monsieur le Ministre envisage-t-il d'autres mesures afin de rendre le goût de ces études aux jeunes ?
  • Réponse du 01/02/2011
    • de ANTOINE André

    Concernant la problématique des métiers en pénuries, il est demandé:
    - d'identifier, parmi la liste publiée par l'ONEm, les métiers subissant le plus de pénuries;
    - de répertorier les mesures préconisées en réponse à cette problématique des métiers en pénurie;
    - de préciser les autres mesures envisagées afin de rendre le goût de ces études aux jeunes.


    1° Les métiers subissant le plus de pénuries parmi la liste publiée par l'ONEm.

    La liste des métiers et fonctions critiques éditée par le Forem tient notamment compte du nombre d'offres d'emploi reçues ainsi que du taux et de la durée de satisfaction des offres, mais aussi des résultats d'une enquête confrontant ces données aux réalités des experts de terrain.

    Parmi les métiers en pénurie répertoriés par l'ONEm, la liste du Forem reprend la plupart des métiers correspondant à l'enseignement secondaire supérieur technique ou professionnel, les métiers de kinésithérapie et d'optique/optométrie pour ce qui relève de l'enseignement supérieur professionnalisant, ainsi que des métiers liés aux études d'informatique, d'ingénieur et de kinésithérapie pour ce qui relève de l'enseignement supérieur baccalauréat et master.

    Certains métiers ou fonctions critiques font en outre l'objet du dispositif Job focus, consacré à l'analyse et au suivi de 40 métiers en pénurie et à la mise en place d'actions de remédiation. Initié dans le cadre du Plan Marshall, ce dispositif s'est vu élargi, dans le cadre du Plan Marshall 2.vert, aux métiers en demande de main-d'œuvre et/ou liés au développement durable.

    Parmi les métiers en pénurie répertoriés par l'ONEm, il s'agit, par exemple, des métiers suivants: boucher, chauffeur poids lourds, monteur en chauffage central, technicien frigoriste, métiers de la construction tels que maçon, couvreur, coffreur, manœuvre de la construction, poseur de fermetures menuisées, électricien installateur, monteur câbleur en équipements électriques, métiers liés à la transformation du métal tels que soudeur, fraiseur CNC ou tuyauteur industriel, infirmier, ingénieur de l'industrie, métiers liés à l'informatique.



    2° Les mesures préconisées en réponse à cette problématique des métiers en pénurie

    Le Plan Marshall 2.vert contient une mesure intitulée « Répondre aux besoins du marché en renforçant l'offre de formation et l'insertion des demandeurs d'emploi », qui prévoit une série d'actions visant la problématique des métiers en pénurie.

    Ces actions ont pour objectif:
    - d'analyser les compétences portées et demandées: analyse permanente de 40 métiers en demande et/ou liés aux politiques de développement durable (cfr supra); diagnostic des compétences des personnes (en priorité les jeunes et les travailleurs venant d'être licenciés) concernant leur positionnement sur des métiers en demande; poursuite de la mise en place de screenings sur les métiers en forte demande;
    - d'adapter l'offre de formation qualifiante et pré-qualifiante en conséquence;
    - de faciliter la rencontre entre les compétences portées et demandées sur le marché du travail: préparation de demandeurs d'emploi à la rencontre d'employeurs qui recrutent et augmentation des occasions de rencontre avec ceux-ci (par exemple via l'organisation de jobdatings, de jobdays, ... ).

    Concrètement, l'objectif global fixé pour ces actions dans le cadre du Plan Marshall 2.vert vise 125 000 diagnostics, 40 000 screenings et 3 574 025 heures de formation additionnelles, sur une durée de 5 ans.

    Par ailleurs, une autre mesure du Plan Marshall 2.vert, intitulée « Mobilisation collective Enseignement, Formation professionnelle et Emploi », prévoit de poursuivre les actions menées lors du Plan Marshall 1 par les Carrefour Emploi Formation, en matière de promotion des métiers en pénurie, en élargissant l'action, ici aussi, à l'ensemble des métiers en demande et/ou en lien avec les politiques de développement durable.

    Cette mesure préconise par ailleurs de développer une offre d'orientation qui permette aux demandeurs d'emploi (en priorité les jeunes et les travailleurs venant d'être licenciés) de choisir un métier porteur sur la base d'une vision et d'une information concrète et pratique de l'exercice de celui-ci. Ces « essais métiers » seront développés en priorité à destination des jeunes, en centre de formation Forem et IFAPME, de même qu'auprès d'autres opérateurs via des appels à projets.

    Sur 5 ans, il est prévu d'atteindre un volume de 52 500 informations dans les CEFO et de 11 600 essais métiers.



    3° Les autres mesures envisagées afin de rendre le goût de ces études aux jeunes.

    De manière générale, les jeunes sont, à plusieurs reprises, cités comme public prioritaire des mesures envisagées en réponse à la question des pénuries de main-d'œuvre.

    En particulier, partant de l'hypothèse que ces métiers sont méconnus ou véhiculent une image quelque peu dévalorisée, il convient tout d'abord de mettre en place, à l'intention des jeunes, des actions de sensibilisation des jeunes en amont de leur choix professionnel, telles que par exemple:
    - la promotion des métiers techniques et manuels via l'organisation de démonstrations et de concours dans le cadre notamment des actions de Skills, visant à encourager les jeunes à s'engager en connaissance de cause dans les formations techniques et professionnelles et à inciter les acteurs à « changer de regard » ;
    - l'organisation, dans les Centres de compétence, de journées de sensibilisation aux métiers techniques à destination des enfants de 5e et de 6e primaire. Au cours de l'année 2009, les 6 centres impliqués ont accueilli au total plus de 1 000 enfants qui ont ainsi pu découvrir, de façon à la fois ludique et pédagogique, la réalité de certains métiers techniques.

    Au-delà d'une information en amont d'un choix de filière, il s'agira également de soutenir la motivation des jeunes ayant opté pour un métier technique. Dans cette optique, l'on notera le rôle important joué par l'ouverture des Centres de compétence à l'enseignement dans le cadre de l'Accord de coopération entre la Région wallonne et la Communauté française. Concrètement, ceci permet aux élèves de l'enseignement qualifiant du 3e degré, de l'enseignement de promotion sociale et de l'enseignement supérieur non universitaire d'accéder aux équipements des centres de compétence et de venir s'y former en compagnie de leur professeur.

    Par ailleurs, pour les jeunes ne souhaitant pas reprendre un parcours en centre de formation assimilé, à tort ou à raison, à un parcours scolaire, le Plan Marshall 2.vert comprend une action prévoyant l'expérimentation au sein du Forem d'une offre de formation en alternance pour les adultes. Dans le cadre de ce projet développé en commun par le Forem et l'IFAPME, des expériences-pilotes sont en cours.

    Enfin, les jeunes sortant de l'enseignement secondaire sans avoir un bagage suffisant à valoriser dans leur parcours vers l'emploi se voient également offrir d'autres formules susceptibles de les mener vers la qualification et/ou l'emploi, que ce soit ou non dans un métier en demande, telles que le PFI (47 % des travailleurs PFI ont moins de 25 ans) ou les aides APE, au sein desquelles les jeunes représentent 15,5 % pour le secteur non marchand, 11,5 % pour les pouvoirs locaux, 26 % pour l'enseignement et 58 % pour le secteur marchand.