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Le chômage chronique

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 340 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 06/08/2010
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    Le 27 juillet dernier, le VDAB publiait une étude que tendait à démontrer que 28 % des personnes qui quittaient le chômage pour un travail se retrouvaient au chômage 6 mois plus tard et que ce chiffre montait à 52 % après 2 ans.

    Quelles sont les statistiques connues en Wallonie? Ce phénomène a-t-il été étudié? Quand et par qui?

    Des différences substantielles sont-elles constatables au regard du genre, de la qualification et/ou de l'âge?

    Quelles sont les explications et les causes avancées pour comprendre le phénomène? Comment limiter la tendance? Quelles sont les mesures prises par la Wallonie pour y remédier?
  • Réponse du 22/10/2010 | Annexe [PDF]
    • de ANTOINE André

    La question a trait aux aller et retour entre le chômage et l'emploi en Wallonie.

    C'est une préoccupation importante, aussi, le Forem, dispose-t-il d'un dispositif d'analyse des flux à la fois sur base mensuelle et annuelle et non de manière ponctuelle comme l'étude à laquelle l'honorable Membre se réfère.

    A l'aide de ce dispositif, intitulé « MIDES » (Mesure Intégrée de la Dynamique des Entrées et Sorties) il est possible d'observer qu'un nombre important de personnes inscrites comme demandeur d'emploi vont à l'emploi et reviennent quelques jours ou mois plus tard, confirmant les enseignements de plusieurs études indiquant que depuis une vingtaine d'années, une frange non négligeable de personnes entrent et sortent de la demande d'emploi.

    De ce dispositif, on peut tirer les enseignements suivants:
    - Si le nombre moyen de DEI avoisine 240.000 personnes en fin de mois (240.417 en juillet 2009), ce sont presque 450.000 personnes (444.940) qui passent annuellement par les services du Forem;
    - 95.108 personnes qui étaient DEI en début de période ont connu une sortie à l'emploi, en formation ou pour un autre motif et n'étaient plus DEI en fin de période considérée;
    - 50.364 personnes qui étaient DEI en début de période ont connu une sortie (vers l'emploi, la formation ou autre) mais étaient à nouveau DEI en fin de période;
    - 91.214 personnes sont devenues DEI au cours de la période et l'étaient toujours en fin de période;
    - 114.483 personnes n'étaient DEI ni en début de période ni en fin de période ont transité par la demande d'emploi;
    - 93.771 Personnes n'ont pas quitté la demande d'emploi.

    Dynamique des entrées et sorties entre le 1er juillet 2009 et le 30 juin 2010 (Voir graphique en annexe).

    Sans être tout à fait comparable en termes de méthode et surtout de période d'observation, ce serait, en Wallonie, au minimum 21 % (50.354/240.417) des personnes inscrites comme demandeuse d'emploi en juillet 2009 qui après un an sont revenues dans un état de demandeur d'emploi en juillet 2010 soit après un an. Ce volume indique que le marché de l'emploi, pour un nombre important de personnes propose des emplois à durée déterminée ou de travail intérimaire (concernant particulièrement les personnes peu qualifiées). Le concept de parcours d'insertion est ainsi, au fil du temps, devenu de plus en plus important à organiser pour accompagner ou parfaire la formation des demandeurs d'emploi.

    Une analyse plus fine des chiffres montre qu'environ un demandeur d'emploi sur 5 connaît l'emploi puis redevient demandeur d'emploi et que ce ratio ne varie quasi pas selon le niveau d'étude ou le sexe.
    Par contre, l'âge est une variable discriminante: les jeunes ont plus de probabilité de faire cet aller et retour vers la demande d'emploi que les plus âgés.

    Ainsi que le montrent les résultats repris ci-avant, le marché de l'emploi est en mouvement constant, amenant de plus en plus souvent, chez les personnes, des périodes d'emploi ou de non-emploi. Cette nouvelle approche du marché du travail exige de la part des travailleurs de la flexibilité et des adaptations constantes de leurs compétences. De plus en plus apparaît la nécessité, pour les services publics de l'emploi, d'assurer la gestion de ces transitions professionnelles.

    C'est dans ce contexte de mobilité permanente que la réforme que j'ai installée en matière d'accompagnement individualisé, est d'autant plus essentielle. Le conseiller référent doit pouvoir aider les personnes à retrouver au plus vite un nouvel emploi et le demandeur d'emploi doit pouvoir retrouver son conseiller s'il revient après une autre période de travail.

    C'est aussi dans ce contexte de mobilité, qu'il m'apparait aussi essentiel de veiller à repérer les compétences acquises lors de ces périodes de travail ou de non emploi. C'est pourquoi, je suis particulièrement vigilant à l'identification des compétences par le FOREM (vi le conseiller ou via un screening s'il s'agit de métiers en demande) et via le consortium de validation des compétences. Ceci doit aider le citoyen à faire reconnaitre ses compétences lors d'un recrutement mais aussi pour raccourcir son parcours formatif car les qualifications et compétences de nombreux demandeurs d'emploi sont actuellement trop faibles ou inadéquates par rapport à la demande des entreprises et le taux de formation des Wallons reste peu élevé.

    Enfin, je considère aussi essentiel d'augmenter l'offre de réorientation à ces personnes qui entrent dans la demande d'emploi ou y revienne après une période de travail. Le dispositif essais-métiers qui consiste à donner la possibilité de « s'essayer », au contact de professionnels et sur des équipements de pointe, à plusieurs métiers doit soutenir les efforts de réorientation de certains demandeurs d'emploi, qu'il s'agisse de jeunes au sortir de l'école sans qualification ou sans qualification porteuse d'emploi ou de personnes qui ont perdu un emploi.