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L'insuffisance de la formation continue en sciences et en sciences appliquées

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 344 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 06/08/2010
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    Dans son rapport sur l'évaluation de la politique scientifique de la Région wallonne et de la Communauté française, le Conseil de la politique scientifique dénonce « les faibles performances de la Région wallonne en matière de formation continue en sciences et sciences appliquées ». Celles-ci sont inférieures à celles qui sont observées dans le reste de l'Europe et sont largement en deçà de l'objectif fixé par l'UE, à savoir atteindre un taux moyen de participation d'au moins 12,5% à l'horizon 2010.

    Monsieur le Ministre partage-t-il ce constat? Comment explique-t-il cette carence? N'est-elle pas d'autant plus contradictoire que les filières scientifiques ont un renouvellement insuffisant en ressources humaines?

    Quelles sont les mesures que compte entreprendre Monsieur le Ministre pour redresser la situation et organiser les formations continues adéquates?

    Monsieur le Ministre dispose-t-il d'informations statistiques sur le sujet? Lesquelles?
  • Réponse du 12/10/2010
    • de ANTOINE André

    Les résultats que commente l'honorable Memebre proviennent du rapport du Conseil de la Politique Scientifique intitulé « Evaluation de la politique scientifique de la Région wallonne et de la communauté française - années 2008/2009 ».

    Ce rapport repose en grande partie sur une étude du bureau du plan, basée sur des données de 2006 et parfois 2007 et accessible sous le lien suivant : http:www.plan.be/publications/publication_det.php?lang=fr&TM=30&IS=63&KeyPub=913

    On y relève au niveau des points faibles :
    Un renouvellement insuffisant des RH disponibles pour la recherche et pour la mise au point des technologies qui en sont issues. En effet, la part des nouveaux diplômés en sciences et en sciences appliquées est relativement faible par rapports aux autres pays européens et ce taux ne cesse de diminuer depuis plusieurs années.
    En outre, les performances de la Région wallonne en matière de formation continue sont inférieures à celles qui sont observées dans le reste de l'Europe et sont largement en-deçà de l'objectif fixé par UE à savoir atteindre un taux de participation d'au moins 12,5% et d'au moins 15% à l'horizon 2020. La capitalisation, le transfert et l'absorption de connaissances risquent donc de se heurter dans le futur à un manque de main d'œuvre hautement qualifiée.

    Ces constat sont cependant à nuancer et appelle à quelques commentaires.

    C'est la faiblesse de la formation continue en général et non celle de la formation continue « en sciences et sciences appliquées » qui est pointée.

    Il faut prêter attention à la méthodologie de calcul de ces statistiques, telle qu'appliquée dans le document du Bureau du Plan.

    On relève ici le pourcentage de la population entre 25 & 64 ans ayant suivant une activité de formation au cours des 4 semaines précédant l'enquête.

    La notion de formation continue est prise ici dans un cadre assez large car il ne s'agit pas seulement de la formation des travailleurs et dans le cadre d'un emploi.

    Ainsi, une formation organisée par le Forem, pour demandeurs d'emploi, sera prise en compte.

    La question ainsi traitée dans le rapport du Plan et du CPS ne permet pas de tirer de conclusions certaines sur la formation continue sciences et en sciences appliquées. Pour avoir une idée de celle-ci, on ne peut que se référer aux indicateurs sectoriels issus du bilan social (chiffre 2007/chiffres belges).

    Taux de participation à la formation : 64% (sans compter formation informelle)
    1,72% de la masse salariale dédicacée à la formation (soit plus que la moyenne de l'industrie manufacturière : 1,1%)
    Durée moyenne : 31,9 heures

    Ces chiffres nous placent dans le peloton de tête des secteurs investissant le plus dans la formation des travailleurs.

    NB: Attention : les chiffres ne sont pas comparables avec ceux cités dans l'étude du bureau du Plan à cause de la différence de méthodologie (ici on parle sur un an, alors que l'enquête porte sur les 4 semaines qui précédent le sondage)



    - Cependant, sur le fond, le problème de la formation continue en Wallonie est un vrai problème. Il convient donc de mettre en œuvre des politiques pour la renforcer :
    Augmenter les efforts de formation envers les demandeurs d'emploi (et les guider prioritairement vers les centres de compétences qui sont principalement centrés sur les formations en Sciences et Techniques).
    Inciter les entreprises à investir davantage dans la formation de leurs travailleurs.

    - Le rapport du CPS soulève le problème global des ressources humaines dans les disciplines scientifiques & techniques : il faut renforcer A LA FOIS la formation continue (besoins actuels) et la promotion des études scientifiques et techniques (besoins actuels et futurs). On ne peut trouver de solution durable sans aborder ces deux points conjointement.

    - Pour la formation continue en sciences et en sciences apppliquées, on ne peut que se féliciter de la croissance rapide du Cefochim qui a dépassé les 100.000 h de formation/an dans ces domaines. Cette croissance doit être soutenue en octroyant à celui-ci les moyens dont il a besoin. Cette croissance a notamment été rendue possible par le volet formation des pôles de compétitivité.



    De manière très concrète, les formateurs des centres du réseau IFAPME, pour être en phase avec l'évolution technologique des métiers, doivent intégrer ces notions scientifiques dans l'apprentissage à l'exercice du métier; il s'agira dans ce cas, surtout, de notions en sciences appliquées.

    Il n'est en effet pas possible de former dans des domaines faisant appel à l'évolution technologique sans prendre en considération les aspects scientifiques qu'ils intègrent; à titre d'exemple :
    - en automobile (le moteur hybride),
    - en thanatopraxie (chimie, biologie),
    - dans la construction (les différents types de matériaux),
    - les métiers verts (éléments de phytothérapie),
    - le secteur de l'alimentation (diététique, cuisine moléculaire),
    - dans les métiers de l'informatique (processus informatiques)
    - ou encore les métiers du multimédia (photo numérique), ...


    Néanmoins, étant donné l'évolution très rapide des sciences (nanotechnologies, sciences du vivant, agrobiologie, ... ) l'IFAPME et les centres veillent à développer leur collaboration avec des organismes de recherche et avec les secteurs professionnels pour suivre l'évolution des sciences et anticiper leur application dans les différents métiers.