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La production d'électricité en Wallonie et la sortie du nucléaire

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 502 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 02/09/2010
    • de BORSUS Willy
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique
    A la faveur d’une interview publiée le 21 août 2010, le Président de la CWAPE s’est prononcé sur l’avenir de la production d’énergie et la sortie du nucléaire : «  Nous pouvons sortir du nucléaire si nous contrôlons notre consommation d’électricité et si nous développons de nouvelles centrales de production. »

    Cette intervention est intéressante car elle assortit la sortie du nucléaire à deux importantes conditions préalables. La Région est au centre de ces deux conditions.

    Monsieur le Ministre peut-il préciser l’évolution de la consommation d’électricité de la Région wallonne depuis 2005 et les éventuelles projections y afférentes ? Que peut-on en conclure ? Quels efforts doivent encore être développés pour atteindre un niveau de consommation suffisamment contrôlé pour se passer du nucléaire ?

    Par ailleurs, l’arrivée de nouvelles technologies (voitures électriques, vélos électriques, …) dans notre mode de vie ne va-t-elle pas faire croître fortement notre consommation ?

    La deuxième condition est également interpellante : construire de nouvelles centrales de production.
    Sur ce point, la compétence est partagée entre les Régions et le Fédéral. Néanmoins, la Région wallonne est un acteur incontournable même pour les unités de production intégrant la politique fédérale. On pense par exemple aux aspects d’aménagement du territoire.

    Monsieur le Ministre peut-il préciser sa politique en la matière ? Quels stimulants sont-ils développés pour doter la Wallonie de nouvelles unités de grande puissance ?

    Enfin, le Président de la CWAPE parle d’un « cadre stable ». Monsieur le Ministre est-il en phase avec cette appréciation ? Si oui, quel cadre la Région wallonne peut-elle offrir aux investisseurs sur cet aspect ?
  • Réponse du 29/09/2010
    • de NOLLET Jean-Marc

    Que l'honorable Membre me permette tout d'abord de lui rappeler que l'Etat fédéral reste compétent pour les matières dont l'indivisibilité technique et économique requiert une mise en œuvre homogène sur le plan national. Le plan national d'équipement du secteur de l'électricité et le cycle de combustible nucléaire font logiquement partie de ces matières.

    Il me semble également utile de souligner qu'en matière d'électricité, la notion d'équilibre entre la demande (de base et de pointe) et les moyens de production doit être envisagée à l'échelle nationale, voire supranationale, en s'intégrant dans le réseau électrique européen. Envisager un tel équilibre à l'échelle d'une région n'a que peu de sens. Cela étant dit, je remarque qu'en matière d'électricité, la Wallonie est une région structurellement exportatrice.

    L'objectif de la politique énergétique wallonne est de contribuer à l'effort global de réduction de la consommation d'énergie par un faisceau de mesures, notamment par l'amélioration de l'efficacité énergétique des bâtiments, mais également de l'industrie. En matière de production, la déclaration de politique régionale prévoit en outre de tendre vers 20% d'énergie renouvelable en 2020 par le biais de différentes mesures de soutien.

    Globalement, les projections disponibles en Région wallonne (Plan wallon pour la Maîtrise. durable de l'énergie, actualisé en 2009, et modèle HERMREG) s'accordent à dire que la consommation finale d'électricité (secteurs industrie, transport et domestique (ménages/tertiaire/agriculture) continuerait de croître à l'horizon 2015 et 2020, avec un taux de croissance annuel d'environ 1%. Néanmoins, selon un scénario de référence également développé dans le PMDE2, « dans l'industrie, entre 2000 et 2010, les consommations de combustibles sont clairement en baisse et celles d'électricité n'augmentent plus que de 3%. La tendance à la hausse ne reprend qu'après 2010, en l'absence de nouvelle politique énergétique.» Or, de nouvelles politiques sont en préparation, voire déjà sur les rails. Citons ainsi les accords de branche de seconde génération, l'élargissement des accords de branche aux PME et TPE ainsi qu'au secteur tertiaire ou encore l'Alliance Emploi-Environnement. De même, les objectifs 2020 en matière d'énergie renouvelable impacteront logiquement ce scénario de référence.

    La croissance de la consommation d'énergie n'est donc pas une fatalité et prévoir avec exactitude quelle sera la demande en 2015 est un exercice périlleux.

    Ainsi la crise économique et financière a provoqué, pour les années 2008 et, surtout, 2009, une baisse significative de la demande en électricité. En 2009, la demande en électricité en Belgique a baissé pour la première fois (de près de 7% par rapport à 2008). La Belgique dans sa globalité est ainsi redevenue exportatrice nette d'électricité. Un certain redressement est sans doute à espérer d'ici 2015, mais vraisemblablement pas aux niveaux escomptés dans les scénarios pré-crise.

    En ce qui concerne les véhicules électriques, plusieurs marques automobiles ont effectivement annoncé un développement important de leur offre commerciale. Si le taux de renouvellement du parc de véhicules est relativement lent, il convient d'ores et déjà d'envisager les opportunités et les problèmes potentiels liés à l'arrivée de ce type de véhicules. La CREG, le régulateur fédéral de l'électricité et du gaz, a publié, le 4 février dernier, une étude intitulée « l'impact possible de la voiture électrique sur le système électrique belge ». Les conclusions de cette étude portent sur l'intérêt potentiel d'une
    introduction à grande échelle de la voiture électrique disposant de batteries surdimensionnées par rapport aux besoins de mobilité et du développement d'un réseau électrique intelligent «( smart-grid »).

    La Région wallonne compte étudier de manière globale le concept de réseau intelligent adapté à notre situation. Pour ce faire, le Plan Marshall 2. vert a prévu, dans l'axe V, mesure 5.3 : « Adopter un programme de recherche en matière de technologies intelligentes pour la gestion du réseau électrique et développer la maîtrise de ces technologies par les gestionnaires de réseaux ». Le budget prévu sur la durée de la législature est de 6.800.000 euros. Ceci sera fait en cohérence avec les initiatives européennes en la matière et suite à une réflexion menée au sein de la CWaPE avec les acteurs concernés.

    Dans tous tes cas de figure, à l'horizon 2015, tout indique que la production électrique supplémentaire des nouvelles capacités de production compensera plus que largement la fermeture du plus vieux réacteur nucléaire de Tihange, même combinée à une éventuelle hausse de la demande en électricité.

    Des investissements importants ont en effet déjà été consentis dans de nouvelles centrales au rendement élevé et dans les renouvelables. De nombreux projets de production d'électricité sont en construction ou planifiés, et devraient voir le jour dans les années qui viennent. Pour les TGV, on peut citer Amercoeur, Marchienne, Visé ou encore Seneffe. Duferco a également pris une option sur un terrain à Farciennes. J'y ajouterai une multitude de petits projets, en particulier dans le domaine de la production d'électricité à partir de biomasse (avec ou sans cogénération) et de la cogénération au gaz, ainsi qu'en matière d'éolien.

    La mise en service des TGV d'Amercoeur, Marchienne et Visé amènera à elle seule une puissance installée supplémentaire nette de 1.610 MW. Cette puissance est à comparer à la puissance délivrée par Tihange 1 (un peu moins de 1.000 MW électriques).

    En outre, ces chiffres représentent la situation au jour d'aujourd'hui, mais il est clair que d'autres projets pourraient être lancés et aboutir d'ici à 2015, notamment dans le domaine de la cogénération.