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Les papillons en voie d'extinction

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 510 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 20/09/2010
    • de STOFFELS Edmund
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    Chaque espèce de papillons est liée à une ou plusieurs plantes-hôtes. Si la plante se raréfie, l’espèce de papillons est menacée d’extinction. Les papillons sont donc un bon indicateur de la biodiversité et le fait que certaines espèces de papillons sont menacéss d’extinction témoigne d’une érosion progressive de cette biodiversité.

    Evidemment, il y a aussi d’autres facteurs qui interviennent dans cette évolution :
    - le nombre de plus en plus restreint de zones naturelles;
    - l’usage de pesticides;
    - les pratiques agricoles et forestières éliminant les « mauvaises herbes »;
    - les monocultures;
    - la destruction de haies;
    - le drainage de zones humides;
    - le surdosage d’engrais;
    - l’urbanisation;
    - etc.

    Il me semble donc opportun de se préoccuper de la question – pour le plaisir de voir ces que ces espèces fréquentent nos jardins bien sûr, mais aussi dans l’objectif de freiner l’érosion en matière de biodiversité.

    Puis-je dès lors demander à Monsieur le Ministre de nous informer sur l’état de la situation ? Est-ce que ses services ont procédé à des recensements ? Quels sont les constats faits par ses services ?

    Est-ce que ses services cherchent à coopérer avec les organisations qui s’inscrivent dans la politique de protéger la biodiversité ? Est-ce qu’ils les soutiennent ? Lesquelles ? Et comment ?
  • Réponse du 08/10/2010
    • de LUTGEN Benoît

    Les papillons sont des bons indicateurs de la biodiversité. C’est d’ailleurs pour cette raison que, dès la fin des années 80, un suivi systématique de ce taxon a été mis en place en Wallonie en collaboration avec l’administration (DGO3 : DEMNA, DNF), les milieux scientifiques (UCL, Ulg, IRScNB) et les milieux naturalistes (en particulier le groupe de travail « Lépidoptère »).

    Ce suivi comporte un volet de prospection « extensive » (relevés d’un maximum d’espèces en un maximum d’endroits afin de suivre l’évolution de la répartition des espèces) et un volet « intensif » (suivi particulier des 20 espèces les plus menacées et des sites-clés qui les hébergent).

    Les données collectées sont centralisées par le Département de l’Etude du Milieu Naturel et Agricole de la DGO3 et les résultats sont publiés régulièrement (Rapports Etat de l’Environnement Wallon, Atlas des Papillons de jour de Wallonie (1985-2007) dans la série Flore-faune-habitats publiée par le DEMNA en 2008, site Internet http://environnement.wallonie.be/).

    En résumé, on constate que les espèces les plus menacées ou en régression sont liées à des milieux semi-naturels maigres (pelouses sèches, prairies de fauche, tourbières, landes, ...), souvent fortement menacés par les activités humaines. Protéger ces milieux revient donc à protéger ces espèces les plus sensibles (et inévitablement les autres espèces plus généralistes). A contrario, d'autres groupes d'espèces s'avèrent stables voire en extension. Il s'agit de papillons plus ubiquistes, dont le cortège de plantes-hôtes est vaste ou constitué d'espèces communes, et de papillons thermophiles, favorisés par le réchauffement climatique. Au final, on considère que la situation de la moitié de nos espèces de papillons est favorable, alors qu'elle devrait être améliorée par des mesures de gestion adaptées pour la moitié restante.

    En ce qui concerne les actions entreprises, elles ciblent deux niveaux :

    les milieux les plus sensibles, par la désignation de réserves naturelles, leur gestion voire leur restauration, en particulier pour les pelouses calcaires, les milieux tourbeux, les landes sèches et humides ;

    les milieux plus banaux, par de nombreux programmes visant à en augmenter la capacité d’accueil : le fauchage tardif des bords de routes, les mesures agri-environnementales (en particulier les bandes fleuries, les fauchages tardifs, les prairies à haute valeur biologiques), certaines dispositions du nouveau code forestier (en particulier les lisières étagées, le non enrésinement des bords de cours d’eau), les plans communaux de développement de la nature, …


    La Wallonie est aussi active dans la sensibilisation, en témoigne la campagne « Biodiversité 52 » et la publication d’un document d’identification dont le succès témoigne de l’intérêt du public.

    La coopération avec les organisations qui s’inscrivent dans la politique la protection de la biodiversité est également très importante et se situe à de nombreux niveaux :
    - soutien au suivi : collaboration avec le Groupe de travail « papillons », mise au point par le DEMNA d’un système d’encodage en ligne favorisant la collecte des données, collaboration avec Natagora pour l'opération "regarde qui papillonne" (ce soutien existe aussi pour d’autres taxons : oiseaux, reptiles, batraciens, chauve-souris, libellules, plantes supérieures, bryophytes) ;
    - soutien à la sensibilisation : subventions aux activités de sensibilisation, formations, stages organisés par une cinquantaine d’associations agréées ; réseau CRIE ; subventions pour des manifestations ponctuelles ;
    - soutien à l’achat (50 %) et à la gestion (100 € par hectare par an et 100% des frais pour les travaux extraordinaires) des réserves naturelles agréées ;
    - soutien aux projets LIFE de restauration d’habitats : depuis 1994, 19 projets LIFE nature représentant un budget total de près de 48.000.000 euros ont été cofinancés par la Wallonie. Parmi ceux-ci figure un projet spécifique aux papillons, initié par Natagora, pour un montant total de 7.120.000 euros, dont 3.436.044 eurod financés par la Wallonie.