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"vers un manque en matière première"

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 511 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 20/09/2010
    • de STOFFELS Edmund
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    La forêt wallonne – tant publique que privée – est productrice de matière première qui alimente le secteur de la transformation de bois (première et deuxième transformation), l’industrie du papier et d’emballage, la construction, la production d’énergie … C'est une des multiples fonction de la forêt (tourisme, loisir, chasse …).

    Depuis le 19ème siècle, les surfaces forestières ont progressé, répondant ainsi à un besoin d’approvisionnement en matière première, plus en matière de résineux (épicéa) qu’en matière de feuillus. Avec ses 550.000 ha et ses 86 % de peuplements productifs (52 % résineux, 34 % chênes et 18 % hêtres) le Code forestier opte pour une diversification progressive des essences, favorisant ainsi la biodiversité.

    Sans doute les autres fonctions de la forêt et les effets de tempêtes justifient cette politique. Mais il est vrai aussi que les scieurs se plaignent d’une raréfaction de la matière première qui est – selon eux – souvent d’une bonne qualité.

    Pour ce qui concerne les feuillus, l’accroissement annuel dépasse les prélèvements : +/- 95 % des volumes d’accroissement sont exploités. Par contre, pour ce qui concerne les résineux, on observe la tendance inverse : 113 % du volume d’accroissement sont prélevés chaque année – ce qui aura pour effet qu’on prélève toujours plus d’épicéas qu’il n’y en a de volumes nouveaux.

    Cette tendance soulève des questions, notamment au regard de l’importance du secteur de la transformation du bois tant en termes d’activité économique qu’en termes d’emplois. Tendance qui, selon les scieurs, s’aggrave si la Région wallonne continue à promouvoir le bois-énergie d’une façon industrielle. En effet, tous ces utilisateurs sont des concurrents pour la même matière première dont on produit déjà trop peu chez nous pour les alimenter tous.

    C’est un phénomène comparable à celui des cultures agricoles énergétiques qui font – en termes de surfaces de production – la concurrence aux producteurs d’aliments.

    Il me semble donc nécessaire de rétablir un nouvel équilibre entre les différentes fonctions de la forêt. Ainsi que de rétablir un nouvel équilibre entre les surfaces produisant du feuillus et les autres produisant du résineux. Et encore en ce qui concerne l’accès à cette matière première (le bois de haute qualité devant p.ex. à mes yeux être interdit à l’usage énergétique). Ou encore en matière d’exportation de matière première qui nous revient sous forme de produits finis – produits fabriqués dans les pays où les salaires pèsent beaucoup moins dans le prix du produit fini.

    Monsieur le Ministre est-il au courant des doléances exprimées par les scieurs de résineux et de feuillus ? Partage-t-il leurs inquiétudes ? Quelles mesures adoptera-t-il pour rencontrer leurs soucis ?
  • Réponse du 14/10/2010
    • de LUTGEN Benoît

    Je suis parfaitement au courant des doléances exprimées par les scieurs de résineux et de feuillus.

    En effet, elles ont notamment été portées par la Filière bois lors des « 5èmes Rencontres Filières bois » du 29 mars 2010, dans le cadre du Salon Bois & Habitat de Namur.

    Par ailleurs, ces questions ont été évoquées lors de la dernière assemblée générale de la Fédération Nationale des Scieries le 29 mai 2010, au cours de laquelle le Département de la Nature et des Forêts a présenté les résultats récents des dernières campagnes de mesures menées sur l’ensemble de la forêt wallonne.

    Ces questions reviennent régulièrement lors des contacts fréquents que mon cabinet, ainsi que le Département de la Nature et des Forêts, entretiennent avec tout le secteur de la Filière Bois, exploitants, scieurs et transformateurs.

    En l’état, les réponses, basées sur des faits et chiffres, sont les suivantes :

    1) Selon les derniers chiffres de l'Inventaire permanent des Ressources forestières de Wallonie, la forêt s'étend sur 554.000 hectares, soit 33% du territoire wallon. 87% de cette surface est occupée par des peuplements, les 13% restants étant constitués des voiries forestières, coupe-feux, gagnages et autres milieux ouverts tels que recolonisations naturelles, incultes, etc. ;
    2) Les feuillus représentent 53% des peuplements et les résineux 47%. Les volumes sur pied s'élèvent à plus de 112.000.000 m³, dont 43% d'épicéa, 19% de chênes et 12% de hêtres. Depuis le début des années 1980, le capital ligneux sur pied s'est accru de 26.000.000 m³.
    En feuillus, cette augmentation est essentiellement due à la conversion d’importantes étendues de taillis et taillis sous futaie vers la futaie dans l’optique d’une production de bois de qualité. Pour les résineux, la capitalisation est due à l’arrivée en phase de production de vastes étendues d’épicéas plantées dans les années 60 et 70 ;
    3) Toutes essences confondues, les prélèvements représentent 95% des accroissements. En particulier, pour les résineux, les prélèvements constatés atteignent 109% des accroissements, en raison d'un report de nombreuses coupes définitives suite aux tempêtes de 1990 et à la mise en œuvre d'un programme de récolte des pessières ayant largement atteint l'âge d'exploitabilité ;
    4) Les dispositions du nouveau Code forestier, en particulier l’article 1er, garantissent sur le long terme la production qualitative et quantitative de nos forêts wallonnes pour approvisionner les entreprises de la transformation du bois.

    Grâce à la mise en œuvre du nouveau Code forestier, la gestion de notre ressource forestière peut être optimisée tant en qualité qu’en quantité

    Tout est donc entrepris pour préserver notre capital forestier tout en valorisant mieux l’ensemble de ses fonctions. De la sorte, la pérennité des entreprises de la filière bois en Wallonie devrait être assurée.