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L'aide humanitaire en faveur du Pakistan

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 119 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 20/09/2010
    • de STOFFELS Edmund
    • à DEMOTTE Rudy, Ministre-Président du Gouvernement wallon

    En 1998-1999, la Parlement wallon a approuvé par décret l’accord entre l’Union économique belgo-luxembourgeoise et la République islamique du Pakistan concernant la promotion et la protection réciproques des investissements, fait à Bruxelles le 23 avril 1998 (doc. 456). C’est le seul document concernant le Pakistan que j’ai pu trouver dans les archives du Parlement wallon.

    Le Pakistan vient de subir une crise sans mesure nécessitant l’intervention urgente de la Communauté internationale – et en particulier de la Région wallonne.

    Il y a des précédents :

    - Haïti : suite au séisme provoquant la mort de milliers d’êtres humains et la destruction des infrastructures nécessaires à la vie quotidienne, la Région wallonne a approuvé une importante aide humanitaire d'urgence à destination d'Haïti. Mais au-delà de l'urgence, il s'agit de poursuivre une politique de coopération qui soutient le développement durable de ce pays. Avec ses moyens modestes, la Région wallonne s’y est engagée.

    - Sri Lanka : suite au tsunami frappant ce pays, la Région wallonne et les Provinces et les villes wallonnes ont participé au mouvement de coopération en faveur de cette région soumise à rude épreuve, et plus particulièrement le Sri Lanka (question d’assurer l’efficacité de l’aide que peut apporter la Région wallonne en coopération avec plusieurs ONG dont l’Unicef, la Croix rouge etc. ).

    Il me semble maintenant que la Région wallonne doit – dans la même logique humanitaire que les deux exemples cités – aider le Pakistan à rencontrer de façon urgente les besoins les plus élémentaires de sa population. Quelle est la réflexion de Monsieur le Ministre-Président en la matière ? Y a-t-il une décision prise ou qui se prépare au niveau du Gouvernement wallon ?

    Aider dans l’urgence, c’est indispensable, mais insuffisant. Comme dans le cas de Haïti, il me semble que la coopération doit être structurelle et durable soutenant le développement d’une région elle aussi soumise à rude épreuve. Il me semble donc que la Région wallonne doit se repencher sur l’accord de 1998 en l’élargissant dans le sens d’une politique de coopération qui soutient le développement durable de ce pays. Quel est le point de vue de Monsieur le Ministre-Président sur cette question ? Est-ce qu'il va entamer une discussion avec les autorités du Pakistan en vue de mettre en place une coopération durable ?
  • Réponse du 14/10/2010
    • de DEMOTTE Rudy

    Je rejoins et partage les constats formulé par l'honorable Membre sur cette situation effectivement catastrophique.

    Je confirme d'ailleurs avoir débloqué 100 000 euros en faveur du Consortium belge pour le Pakistan.

    Concernant nos relations avec Haïti et le Pakistan, frappés l'un comme l'autre par ces catastrophes naturelles je puis vous communiquer les informations suivantes :

    Haïti figure depuis plusieurs années sur la liste des 12 pays de concentration établie pour maximiser l'efficacité de l'action de la Wallonie et de Bruxelles. C'est dans ce cadre qu'une aide d'urgence importante a été attribuée cette année à Haïti, comme vous le savez.

    Cette manière de procéder répond à une volonté claire : celle d'agir efficacement. Nous sommes ambitieux mais conscients de notre taille et de nos moyens. Depuis des années, la Wallonie et Bruxelles s'efforcent donc de ne pas se disperser dans leur action internationale, notamment en direction des pays du Sud. C'est pour cette raison qu'une liste de 12 pays partenaires a été établie et que, pour chaque pays, un secteur a été sélectionné par entité fédérée. Face aux énormes problèmes structurels que rencontrent les pays du Sud, nous conjuguons donc ambition et modestie dans le but d'agir utilement. Pour rappel, les 12 pays prioritaires sont actuellement la République démocratique du Congo, le Burundi, le Rwanda, le Bénin, le Burkina Faso, le Sénégal, l'Algérie, le Maroc, la Palestine, la Bolivie, Haïti et le Vietnam.

    Le Pakistan n'y figure donc pas, comme bien d'autres pays dont les besoins sont néanmoins très grands. Cela étant, nous sommes intervenus en faveur du Pakistan. Et cette intervention ne relevait aucunement d'un choix mais bien de l'obligation morale de venir en aide à ceux qui en ont le plus besoin. Il s'agissait de donner un signal, alors que la mise en œuvre de l'aide humanitaire peinait à s'affirmer. Dans le but, notamment, de déclencher un élan de solidarité dans l'opinion publique.


    Concernant, maintenant, les mécanismes de suivi ?
    D'abord, je ne pense pas qu'il faille comparer l'aide apportée à Haïti à celle que nous apportons au Pakistan. Les contextes sont, en effet, différents.

    Ainsi, comme pays prioritaire de notre coopération, Haïti a bénéficié d'une contribution importante de notre part.

    Avec le Pakistan, nous sommes dans le cadre d'une contribution nettement moins importante, s'agissant d'un pays avec lequel nous n'avons aucun lien de coopération institué. Notre contribution, par la force des choses, modeste, l'honorable Membre en conviendra, ne nous place guère en mesure de nous prévaloir d'un contrôle a posteriori du travail accompli. Vu la modestie du montant, j'ai décidé d'inscrire cette contribution dans un cadre de confiance. Mais une confiance qui n'a rien d'aveugle ou de légère puisque nous la plaçons dans des organisations agréées par les pays donateurs mais aussi au niveau européen puisqu'elles participent au programme humanitaire de la Commission « ECHO ».

    Ainsi, par exemple, l'UNICEF a, à ce jour, vacciné 2,2 million d'enfants, ouvert 232 espaces « amis des enfants » touchant ainsi plus de 40.000 jeunes, ouvert 450 espaces temporaires d'apprentissage pour 38.200 enfants, équipés de kits récréatifs, d'écoles en boites et de cartables. 42.000 femmes enceintes et 117.000 enfants de moins de 5 ans ont reçu des suppléments alimentaires.

    L'UNICEF, toujours, fournit 5 litres d'eau par jour à 3,2 millions de sinistrés, 3.400 latrines ont été installées.

    De son côté, via sa clinique mobile, Médecins du Monde a apporté des soins primaires à plus de 65.000 personnes à ce jour.

    Je pense donc que nous pouvons considérer pour acquis l'aide apportée par la Wallonie dans le cadre que je viens d'évoquer.

    Enfin, et je terminerai par cette précision, il n'est pas prévu d'aide directe à ce stade, pour la raison déterminante que nos moyens sont plus que limités en la matière.

    Ce qui nous rappelle, si besoin en était, que l'action de la Wallonie comme de Bruxelles en matière de coopération est limitée, de par la répartition des compétences et des budgets au sein de l'Etat belge. Et que nos initiatives en la matière se veulent, dès lors, additionnelles et ciblées.