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"les biodéchets, quelle valorisation ?"

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 861 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 20/09/2010
    • de STOFFELS Edmund
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    La présente question s’inspire largement d’une communication faite par Inter-Environnement Wallonie dont je salue le travail de réflexion et de fond.
    Ce sont les biodéchets qui focalisent le mieux les enjeux environnementaux et énergétiques. Ils représentent une masse importante de nos ordures et tant au niveau ménager qu’industriel, leurs quantités augmentent. L’Europe l’a bien perçu en proposant son livre vert « biowaste » soumis à la consultation début 2009 (voir la niews « quand le déchet se fait bio »).
    La Région flamande présente un tableau qui permet de comparer les émissions de CO2 évitées en choisissant de composter et/ou biométhaniser ses déchets verts et organiques plutôt que de les incinérer.
    Les chiffres sont éloquents :  « la Flandre estime avoir économisé près de 500.000 tonnes de CO2 en n’incinérant pas ses déchets verts et organiques mais en les compostant, les biométhanisant et en utilisant le compost produit en lieu et place de fertilisants chimiques ou de tourbe dont la fabrication et l’extraction émettent des gaz à effets de serre ».
    La Commission européenne a calculé qu’une augmentation de 0,15% du taux de matière organique des sols agricoles d’un pays comme l’Italie stockerait une quantité de carbone équivalente à ses émissions « fossiles » sur une année.
    Voilà des arguments qui plaident en faveur d’une valorisation plus poussée des déchets biodégradables. En termes de CO2, ce sont évidemment des perspectives à creuser de façon systématique. Quid en termes de méthane (autre GES) ? Est-ce que les techniques de compostage sont suffisamment avancées pour contrôler les émissions de méthane (comme c’est le cas dans la biométhanisation) ?

    Avons-nous exploité tous les potentiels en termes de valorisation des biodéchets visant à maintenir au maximum le carbone aux sols (qui en ont bien besoin) et qui peuvent, le cas échéant, se substituer aux fertilisants chimiques ?

    Est-ce que la valorisation sous forme de compost n’entre pas trop en concurrence avec la valorisation énergétique des biodéchets ? Ne devons-nous pas privilégier la valorisation énergétique ? Rappelons que nous avons des objectifs à atteindre d’ici 2020. Objectifs imposés par l’U.E.connus depuis presque deux ans maintenant. Objectifs par rapport auxquels nous restons largement en-dessous de ce qui est demandé en matière de valorisation énergétique des déchets organiques. Objectifs qui risquent de stimuler la concurrence entre les surfaces agricoles destinées à la production de plantes énergétiques ou à la production d’aliments et donc de renchérissement des coûts de production – à moins qu’on exploite au maximum les autres ressources en matière de substrats organiques.




  • Réponse du 08/11/2010
    • de HENRY Philippe

    Sur base des données du dernier tableau de bord de l'Environnement wallon, « les sols déficitaires par rapport au seuil critique de 2 % en matières organiques, seuil en deçà duquel les agrégats du sol deviennent instables, représenteraient 51 % des surfaces cultivées en Région wallonne ». Cette carence confirme, si besoin en est, la nécessité de gérer de manière prioritaire les matières organiques en vue d'augmenter de manière significative la teneur en carbone de nos sols agricoles, et ce notamment, par un retour au sol d'un maximum de matières organiques de qualité.
    Les déchets biodégradables constituent une source potentielle de matière organique et d'éléments minéraux qui peut contribuer à entretenir, à améliorer la qualité des sols et à favoriser la production végétale.
    L'administration favorise aujourd'hui cette filière en faisant la promotion raisonnée de la valorisation de composts, de boues d'épuration et autres déchets biodégradables. Elle doit encore être accentuée notamment dans le cadre de la mise en place des objectifs liés au futur plan wallon des déchets. Il y donc lieu de favoriser le retour de ces matières, traitées ou non selon leurs caractéristiques, aux sols agricoles ou autres, sans créer d'effets délétères sur l'environnement (sols/eaux). Cette pratique s'inscrit complètement dans l'échelle de hiérarchisation des modes de gestion des déchets prônée au niveau européen.

    Pour ce faire, il y a lieu de se baser sur les principes de gestion suivants permettant:
    - d'assurer un taux élevé de collecte sélective des déchets afin de favoriser la non-contamination des flux de déchets organiques biodégradables (déchets verts, Fraction fermentescible des ordures ménagères, déchets industriels banals);
    - de collecter sélectivement le maximum de déchets organiques biodégradables;
    - de contrôler les types et les flux de déchets entrants dans les installations de traitement de déchets organiques biodégradables;
    - d'assurer, par le biais des conditions générales, sectorielles, intégrales et particulières des permis d'environnement, un contrôle qualitatif des intrants en amont des installations de traitement (installations de compostage, installations de biométhanisation, unité de fabrication d'engrais, ...) en vue de garantir la qualité des matières sortantes;
    - d'assurer un contrôle de la qualité des matières sortantes;
    - d'assurer un contrôle de l'utilisation des matières sortantes;
    - de garantir la traçabilité sur l'entièreté de la filière.


    De même dans cette optique de retour du carbone aux sols, il y a lieu de privilégier la valorisation matière par rapport à la valorisation énergétique.
    Suite à l'émergence de la filière « Energie Verte », une partie conséquente du carbone organique risque d'être détournée de la restitution au sol. Cette concurrence sur les matières organiques amène à s'interroger sur les filières à privilégier dans le cadre du développement durable, de la protection de la qualité de l'environnement et des sols en particulier. Dès lors, mon administration prépare actuellement la réalisation d'une étude sur la comparaison des techniques de traitements des déchets organiques (compostage et biométhanisation) et sur l'impact de l'utilisation de ces techniques sur le cycle de vie du carbone et des éléments nutritifs. Les conclusions de cette dernière permettront d'établir des priorités et de réorienter si nécessaire la destination de certains flux de matières organiques.