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La mortalité des insectes pollinisateurs

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 519 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 20/09/2010
    • de STOFFELS Edmund
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    À la question « l'impact des neurotoxiques sur les populations d'abeilles » (question écrite n°365 (2009-2010)), Monsieur le Ministre indiquait les éléments de réponse suivants :  :

    « - une enquête réalisée en 2009 par la Faculté de Gembloux Agro-Bio Tech (ULg) a montré que plus de 60% des apiculteurs considéraient leur production de miel comme étant normale ou importante;
    - en ce qui concerne la préservation de l'apiculture et des abeilles, il est essentiel de cerner l'origine du problème des mortalités ou d'affaiblissement des colonies avant de tenter de le résoudre;
    - la mortalité des abeilles est effectivement supérieure à la normale;
    - j'ai sollicité mes services afin que l'on consacre des moyens nouveaux pour investiguer plus en profondeur les 3 pistes qui se dégagent tant de la littérature internationale que des constats que l'on peut faire en Wallonie, à savoir : les virus, les contaminants issus de l'environnement et la diversité alimentaire au niveau des protéines;
    - en attendant de trouver le ou plutôt les remèdes (le phénomène est d'origine multifactorielle) aux problèmes de mortalité et de dépérissement des colonies, une mesure de soutien au repeuplement des ruchers a été mise en place. »

    Les propos de Monsieur le Ministre sont confirmés par la Faculté de Gembloux en ce sens que « dans le cadre de notre analyse, on n’a trouvé aucun lien de causalité entre la présence de ces pesticides et la mortalité des abeilles » (source : La Libre du 7 juillet dernier).

    Idem pour ce qui concerne la mortalité des abeilles domestiques et sauvages qui meurent de façon anormalement importante, (même source).

    Etonnamment cependant, certaines informations données par les chercheurs de Gembloux ne correspondent pas avec les propos de la réponse de Monsieur le Ministre. En particulier :

    - dans sa réponse, Monsieur le Ministre dit avoir sollicité de ses services des moyens nouveaux pour investiguer plus en profondeur les 3 pistes qui se dégagent de la littérature internationale. Les chercheurs nous informent que les résultats expliquant la mortalité anormale des abeilles ont été livrée en 2008, après 4 années d’études (2004-2008) sur 150 ruches - études financées par la Région wallonne. Combien d’études faudra-t-il encore, si les résultats sont connus et livrés ?
    - Monsieur le Ministre dit dans sa réponse qu’une « mesure de soutien au repeuplement des ruchers a été mise en œuvre. » Les chercheurs nous informent par contre que malgré l’identification des causes de mortalité, « aucune action concrète n’a été mise en place pour limiter ce phénomène ». Est-il possible que les chercheurs n’ont pas été au courant de l’action qu'il mentionne ? Dans l’affirmative, pourquoi ne pas concerter ces actions avec ceux qui sont chargés d’observer cette question et d’établir des stratégies d’action tout en contrôlant - je le suppose du moins - l’efficacité de celles-ci ?
    - Monsieur le Ministre parle de trois vecteurs qui expliquent la mortalité : les virus, les contaminants issus de l'environnement et la diversité alimentaire au niveau des protéines. Les chercheurs nous informent que le « principal responsable de ce phénomène est la Varroa, un acarien parasite de l’abeille ainsi qu’un manque de diversité biologique (carences nutritives) ». Sur ce point, sa réponse correspond partiellement avec celle des chercheurs : diversité alimentaire et diversité biologique. Alors qu’on connaît les principales causes et remèdes à ces causes (ex. renforcer la biodiversité,…), pourquoi ne pas établir – comme le demandent d’autres acteurs – une stratégie d’actions concrètes et concertées avec les apiculteurs pour lutter contre la mortalité anormale des abeilles ?

    Soulignons que le problème n’est pas spécifique à la Belgique. Mais soulignons aussi l’importance des insectes pollinisateurs pour l’horticulture en général, et la fruiticulture en particulier.
  • Réponse du 08/10/2010
    • de LUTGEN Benoît

    J’ai décidé, en concertation avec le secteur, de mettre en œuvre le plan « MAYA » afin d’enrayer le déclin des populations d’abeilles.

    I. Les abeilles et la société

    En Wallonie, près de 350 espèces sauvages d’abeilles et de bourdons ont été recensées. Elles pollinisent et permettent la fécondation et la reproduction de plus de 80% des espèces végétales nécessaires à la survie de nombreuses espèces animales. Les espèces pollinisatrices ont donc un rôle majeur en termes de préservation de la biodiversité. L’activité de pollinisation est également essentielle pour l’agriculture.

    Les spécialistes sont unanimes. Pour maintenir l’activité apicole en Wallonie, l’action doit porter sur plusieurs voies :
    - les ressources alimentaires (nectar et pollen) ;
    - les pratiques apicoles ;
    - la recherche scientifique.



    II. Le Plan Maya

    J’ai décidé de lancer un plan pour sauvegarder les populations d’abeilles en Wallonie. Ce plan se décline en cinq actions concrètes :
    1.accroître les ressources alimentaires des abeilles ;
    2.soutenir les jeunes apiculteurs ;
    3.accentuer la recherche ;
    4.lancer les communes « Maya » ;
    5.imposer des mesures le long des routes régionales.



    III. Les ressources alimentaires

    Le pollen est l’unique source de protéines des abeilles. L’alimentation en pollen des larves et des jeunes abeilles influe directement sur le développement des organes, la taille, la durée de vie des abeilles ouvrières et leur défense immunitaire. Les abeilles ont donc besoin de pollen en quantité, en diversité et en qualité. Il est impératif de reconstituer des espaces riches en plantes mellifères et dénués d’utilisation de pesticides.

    Par conséquent, j’ai décidé :
    1° d’imposer 2/3 de plants mellifères dans les haies subventionnées.
    Depuis le 20 décembre 2007, j’ai instauré un régime de subvention pour la plantation de haies par les particuliers. Sur les deux dernières années, cette mesure a permis de financer la plantation de 74 kilomètres de haies et la plantation de 2.830 arbres de vergers et d’alignement. Parmi les 62 arbres et arbustes éligibles pour obtenir la subvention, les scientifiques considèrent que 34 espèces sont intéressantes pour les insectes pollinisateurs.

    Je modifierai l’arrêté afin d’imposer que les haies soient constituées de deux tiers de plants mellifères.


    2° de promouvoir la création de prairies fleuries mellifères.
    Dans le cadre de la semaine de l’arbre, la Wallonie subventionne les communes et les associations qui désirent réaliser des projets en faveur de la biodiversité via l’aménagement d’espaces verts publics et de haies champêtres. Les projets sont subventionnés à raison de 1.250€ par projet. Cette année, 49 projets de plantation d’arbre et arbustes fruitiers, 46 projets de prairies fleuries et 3 ruchers sont soutenus.

    Vu la réussite de cette mesure, j’ai décidé de maintenir cette subvention et de l’orienter toute l’année prochaine sur les espèces mellifères. En effet, il s’agira du thème de la semaine de l’arbre 2011.

    Par ailleurs, je vais financer la réalisation d’une brochure de vulgarisation sur la création de prairies fleuries ainsi qu’un guide technique à l’attention des ouvriers communaux.



    VI. Soutenir les jeunes apiculteurs

    Afin de soutenir le secteur de l’apiculture en Wallonie, j’octroie des subventions pour la formation et l’encadrement des apiculteurs. Concrètement, près de 350.000 euros ont été octroyés aux centres de formations en apiculture, appelés « ruchers-écoles » et au CARI (Centre Apicole de Recherche et d’Informations). Ces formations en apiculture sont suivies par environ 500 personnes par an.

    De plus, pour aider les apiculteurs nouvellement formés, j’ai décidé de soutenir le lancement de leur activité apicole en leur offrant une partie du matériel nécessaire à leur installation. Un budget de 70.000€ est réservé pour mettre à disposition de chaque nouvel apiculteur une ruche et une reine au terme de leur formation.



    V. Accentuer la recherche

    En Wallonie comme en de nombreuses régions du monde, l'apiculture est confrontée à d'importants phénomènes de mortalité des abeilles. Plusieurs causes peuvent en être à l'origine. Certaines sont connues et peuvent être maîtrisées par l'apiculteur lui-même ou par une structure apicole (famines, effondrements, varroase, …).

    Toutefois, les apiculteurs sont confrontés à des mortalités inexpliquées. Deux hypothèses majeures sont retenues à l’heure actuelle :
    - une atteinte virale (parfois due à la sensibilité des abeilles suite à l'infestation des ruchers par le parasite du varroa) ;
    - une contamination par les insecticides qui sont les premiers concernés, d'autant plus que la plupart d'entre eux agissent sur le système nerveux de l'insecte. Certaines autres substances tels les fongicides, les herbicides, etc. nécessitent aussi une analyse plus détaillée de leur toxicité.

    J’ai décidé d’octroyer une première subvention de 25.000 euros au CARI, au Gembloux Agro-Bio-Tech et au Centre de Recherches Agronomiques de Gembloux pour investiguer sur ces deux hypothèses. Une seconde convention pluriannuelle sera établie dans les prochains mois pour assurer un suivi de ces études.



    VI. Les communes « Maya »

    En octobre, je m’adresserai à toutes les communes de Wallonie pour les inviter à devenir une commune « Maya ». Les communes s’engageront à réaliser des aménagements en faveur des abeilles (X kilomètres de haies d’espèces mellifères, X aménagement le long de voiries communales, …) et lutter de manière active contre leur diminution (suppression de l’utilisation de produits d’entretien nocifs à leur santé, de pesticides, …). La Région leur apportera un soutien en fournissant des supports de communication.

    Cet engagement leur permettra également d’être retenues prioritairement pour la participation à « la semaine de l’arbre ».



    VII. Imposer des mesures le long des routes régionales

    Depuis quinze ans, la Wallonie aide les communes à privilégier la technique du fauchage tardif des bords de routes. Cette technique permet le développement d’une végétation particulièrement riche. Près de 200 communes wallonnes participent à cette opération, créant ainsi un réseau de 13.725 kilomètres de bords de routes correspondant à une superficie d'environ 2.745 hectares. Les inventaires botaniques réalisés ont révélé la présence de près de 800 espèces animales et végétales, parmi lesquelles des plantes réputées mellifères (bleuet, digitale, benoite, hélianthème, houblon, origan, germandrée, campanules, cornouiller sanguin, noisetier, …). Cette présence en fait des milieux favorables aux abeilles.

    J’ai décidé d’étendre cette mesure aux abords de voiries du réseau routier et autoroutier régional.