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Les populations de corbeaux

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 521 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 20/09/2010
    • de STOFFELS Edmund
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    Ces derniers temps, j’ai été à maintes reprises contacté par des agriculteurs qui se plaignent du fait que des corbeaux leur causent des dégâts.

    Ce qui leur arrive, c’est que les oiseaux viennent trouer la couverture de leur silo provoquant ainsi des pertes (parfois importantes) de silo. Ne disposant plus de nourriture en suffisance pour alimenter leur bétail, ils doivent en racheter.

    La question se pose si la Région wallonne, ayant protégé cette espèce, répondra présent au moment où ils réclameront d’être dédommagés. (Par analogie à la responsabilité du chasseur, si des cerfs ou des sangliers viennent causer des dégâts).

    Ma question porte maintenant sur deux aspects :

    - d’une part, est-ce que Monsieur le Ministre dispose de relevés de population de cette espèce ? Comment est-ce qu’elles ont pu se développer ? Est-ce que localement, il peut y avoir parfois des surpopulations ?
    - d’autre part et dans la mesure où les corbeaux vident les nids des autres oiseaux, est-ce que localement il y a une rivalité avec d’autres espèces ? Que faire lorsque localement, il y en a trop ?
  • Réponse du 12/10/2010 | Annexe [PDF]
    • de LUTGEN Benoît

    Les oiseaux sont parmi les espèces les mieux suivies de Wallonie. En effet, les ornithologues sont des naturalistes nombreux, actifs et structurés. Depuis la fin des années 80, ils bénéficient d’un appui important de la Wallonie dans le cadre du programme d’inventaire et de suivi de la biodiversité coordonné par le Département de l’Etude du Milieu naturel et agricole (DEMNA) en collaboration avec le Département de la Nature et des Forêts (DNF) de la Direction générale de l’Agriculture et des Ressources naturelles et de l’Environnement (DGARNE).

    L’évolution des populations de corbeaux freux est bien documentée car cette espèce coloniale a fait l’objet de recensements ciblés. Dans les années 1970, les effectifs étaient estimés à environ 8.300 couples réparti en 230 colonies. Ils sont actuellement estimés entre 14.000 et 17.000 couples pour quelque 250 colonies. Il y a donc une augmentation des effectifs et de l’importance des colonies, augmentation qui s’explique vraisemblablement par le statut de protection dont bénéficie l’espèce.

    Comme l’indique la carte de répartition des effectifs nicheurs, en annexe, il y a des disparités géographiques. La densité est moindre dans les zones fortement boisées et de grandes plaines agricoles.

    Il n’y a pas de données concernant l’importance de la prédation exercée par le corbeau freux sur les autres espèces d’oiseaux mais il est surtout un prédateur d’invertébrés terrestres qu’il capture en fourrageant dans les prairies. Hors de la période de reproduction, il est davantage végétarien. La prédation sur les nids que vous évoquez est plutôt le fait des corneilles noires et des pies bavardes. Ces dernières ont aussi connu une augmentation de leur population. Ainsi, la population de corneilles noires est estimée à 39.000 couples et celle de pies bavardes à 30.000 couples.

    Lorsque ces oiseaux posent localement problème, des dérogations d’effarouchement ou de régulation sont accordées. Ainsi, pour le corbeau freux, ont été accordées :
    en 2008 : 3 autorisations d'effarouchement et 1 autorisation de régulation ;
    en 2009 : 2 autorisations d'effarouchement et 4 autorisations de régulation ;
    en 2010 : 1 autorisation d'effarouchement et 2 autorisations de régulation.

    En ce qui concerne les deux autres espèces, en 2008, des autorisations ont été accordées pour la régulation de 11.840 corneilles et 8.031 pies (les données plus récentes n’ont pas encore été compilées).

    En résumé, une augmentation des populations de corvidés est observée au cours des trois dernières décennies. Lorsque ces espèces posent localement problème, des dérogations pour pratiquer l’effarouchement ou la régulation sont accordées.