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La vente de lait à la ferme

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 523 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 20/09/2010
    • de STOFFELS Edmund
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    Dans un communiqué, Nature et Progrès Belgique pose très clairement la question si l’AFSCA veut la mort du lait cru. La posant d’une manière tellement explicite, il s’agit plutôt d’une question rhétorique que d’une vraie question. Mais leur argumentation ne manque pas d’intérêt et mérite que nous en débattions.

    Outre le débat qui sépare les défenseurs d’une vente directe de lait cru à la ferme et les défenseurs de lait pasteurisé, stérilisé ou UHT, la question se pose si la vente directe et si la transformation du lait cru à la ferme ne peuvent pas constituer un des multiples créneaux visant à réconforter la situation des producteurs de lait. Il s’agit d’une longue tradition dans certains milieux ruraux qui n’a – sur le plan de l’hygiène alimentaire – provoqué des problèmes de santé que dans une proportion minimale de cas (pas plus que le lait entièrement stérilisé). Or, il s’agit ici d’une diversification de la valorisation du lait.

    Quelle est la position de l’AFSCA dans ce débat ? Il semblerait que l’AFSCA s’oppose fermement à ce mode de production et de vente – non pas de façon ouverte, mais en favorisant radicalement « la pasteurisation systématique du lait dans toutes les fermes où serait présente la bactérie Coxielle burnetti, soit dans 65 % des exploitations laitières wallonnes » (cfr. communiqué Nature et Progrès).

    N’est-ce pas faire le jeu de l’industrie agro-alimentaire qui est intéressée à ce qu’une fraction (peut-être de plus en plus importante) de lait ne lui échappe pas ? Comment évaluer cette pratique dans le contexte de l’agriculture contractuelle qui se dessine à l’horizon ? N’est-ce pas un moyen qui va déforcer le producteur de lait dans son souci de négocier un prix correct lorsqu’on érige des obstacles (investissements trop lourds pour des volumes limités de lait cru) à ce type de diversification ?

    Nature et Progrès demandent donc la régionalisation de l’AFSCA. Ne risque-t-on pas, dans ce scénario, d’être confronté à des pratiques à deux vitesses entre le nord et le sud du pays, entraînant des inégalités sur le plan des conditions (et donc le coût) de production ? N’est-il pas mieux de négocier avec la Région flamande et l’autorité fédérale un modus vivendi qui laisse des marges suffisantes à ce que la vente directe à la ferme puisse se développer ? Ou est-ce improbable aux yeux de Monsieur le Ministre, vu les différences structurelles en ce qui concerne la production de lait en Flandre (agriculture plus industrialisée) et en Wallonie (agriculture de type familial).
  • Réponse du 14/10/2010
    • de LUTGEN Benoît

    C'est avec grand intérêt que je réponds à la question relative à la vente directe et à l'Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire, si importante pour l'ensemble du monde agricole, pour le secteur de la transformation, certainement aussi par rapport à une certaine idée qu'on se fait de l'alimentation en général dans notre Région, dans notre pays, au niveau européen, au niveau mondial.

    Dans un premier temps, il est évidemment important de rappeler que la politique menée par l'AFSCA, relative à la sécurité de la chaîne alimentaire, n'est pas seulement un défi pour le secteur primaire - les producteurs laitiers dans ce cas précis, puisque l'honorable Membre en parle plus précisément au travers du secteur du lait - mais également pour d'autres secteurs. On pourrait citer par exemple les petits abattoirs. En effet dans ce domaine, tout en veillant à conserver des garanties suffisantes bien sûr en matière de santé publique, l'AFSCA ne prend pas de mesures différenciées pour les abattoirs de grande capacité, ceux qui exportent, et pour les abattoirs de proximité qui concernent le marché local. C'est évidemment particulièrement regrettable pour le secteur.

    Concernant la régionalisation de l'AFSCA, il me semble que ce débat doit être mené de la façon la plus pragmatique possible. A priori, je ne suis pas un adepte de la régionalisation de l'AFSCA puisqu'il y a des risques - et l'honorable Membre l'a souligné dans sa question - d'avoir des pratiques à deux vitesses entre le Nord et le Sud du pays.

    Cela étant, que ce soit régionalisé ou que cela reste au Fédéral, ce qu'il faut surtout c'est qu'il y ait une réelle autorité qui s'exerce sur l'AFSCA, que l'AFSCA soit contrôlée.

    L'AFSCA a une raison d'être en termes de sécurité alimentaire, je ne le conteste pas. Cependant, je trouve tout simplement qu'on a été trop loin et qu'on doit revenir, à la fois pour avoir des règles claires, simplifiées, à un contrôle accepté et acceptable et que l'AFSCA ait deux branches : la branche du contrôle bien sûr, mais aussi la branche du conseil. Conseil et contrôle peuvent effectivement cohabiter et seraient profitables pour l'ensemble du secteur.

    Sur le plan organisationnel, il faut au moins que les Régions soient associées pleinement et fortement dans l'élaboration des normes, dans le contrôle aussi de l'ensemble de ces normes, un peu partout dans notre Région.