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La décision portant sur le dépérissement des abeilles

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2010
  • N° : 7 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 23/09/2010
    • de CASSART-MAILLEUX Caroline
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    L’hiver dernier a été particulièrement meurtrier dans les ruches. On a même évoqué des pertes allant de 30 à 40%. L’Unité d’entomologie fonctionnelle et évolutive des Facultés agronomiques de Gembloux parle d’une augmentation du taux de mortalité de plus de 6% par rapport à l’année dernière.

    L’hiver dernier, on s’en souvient, a été particulièrement dur. C’est bien entendu une des causes avancées par les chercheurs. Un autre facteur, pointé comme étant la principale cause de ce dépérissement, est le varroa : parasite qui affaiblit les hyménoptères. Je tiens également à souligner qu’à l’occasion d’une vaste étude wallonne réalisée entre 2004 et 2008, les chercheurs ont écarté la piste des pesticides.

    Un vaccin existe bien pour combattre ce parasite mais il semblerait ne pas donner toutes les garanties nécessaires. Et de ce fait, un nombre conséquent d’apiculteurs ne traitent pas leurs ruches.

    Monsieur le Ministre me confirme-t-il ces informations ? Y a-t-il une nette diminution de la population des abeilles ? Les craintes alarmistes véhiculées par la presse sont-elles justifiées (« Les apiculteurs lancent un cri d’alarme » - « Sauvez les essaims d’abeille ! »…) ? Si le parasite varroa est la principale cause de cet affaiblissement, pourquoi ne pas rendre obligatoire la vaccination ? D’autant qu’il semblerait que les apiculteurs traitant leurs abeilles subissent 10% de pertes, contre 50% pour les autres.

    Dans une précédente intervention (question écrite 322) Monsieur le Ministre précisait qu’une subvention de 83 000 euros avait été accordée, début 2009, au CARI (Centre apicole de recherche et d’information) afin notamment de cerner l’origine du problème des dépérissements de colonies et tenter d’y remédier ; de mettre en évidence et résoudre les problèmes structurels de l’apiculture wallonne…

    En outre, Monsieur le Ministre précisait que « les pistes mises en évidence par la photographie du secteur devront notamment être mises en œuvre. Et une fiche-projet destinée à la reconduction du projet dans la continuité des actions entreprises est actuellement instruite par mes services ».

    Aujourd’hui, qu’en est-il exactement de ces démarches ? Quelles sont les pistes qui ont été mises en évidence par ladite photographie ? Quelles sont les mesures concrètes qui ont été prises suite à celles-ci ?





  • Réponse du 01/10/2010
    • de LUTGEN Benoît

    L’hiver 2009-2010 semble avoir été légèrement plus meurtrier pour nos colonies que l’hiver 2008-2009, particulièrement favorable. Mais je voudrais rappeler qu’établir un taux de mortalité global au niveau national ne signifie pas grand chose : il faut signaler que la moitié des ruchers présentent un taux de mortalité normal (0 à 10%) et que les mortalités anormales, quoique le plus souvent très graves, sont très ponctuelles et localisées : 15% des ruchers touchés présentent un taux de mortalité supérieur à 70%. Remarquons que la récolte de miel a été globalement bonne cette année, certaines colonies ayant engrangé jusqu’à 100 kg de miel !

    Il est vrai que l’étude menée par la Faculté de Gembloux soutenue par la Wallonie a pointé le varroa comme principal responsable du dépérissement de nos colonies. Or, une thèse de plus en plus répandue au niveau international voudrait que les pesticides, au même titre que certains virus ou champignons, représentent des stress secondaires qui viendraient se greffer de manière très dommageable sur le stress principal que représente le varroa.

    A ma connaissance, il n’existe pas de vaccin contre le varroa. Le fait que les apiculteurs ne traitent pas tous leurs ruches comme il le faudrait provient essentiellement du fait que les médicaments vétérinaires adéquats font défaut ou sont difficilement accessibles en Belgique. Les deux seules molécules disponibles sont en outre de plus en plus difficiles à mettre en œuvre sur le terrain. Le thymol (Thymovar) était jusqu’à présent distribué par le CARI, qui jouait le rôle de centralisateur de commandes. Cette facilité ne sera plus tolérée pour la saison prochaine. L’ordre des vétérinaires, suivi en cela par l’Agence des Médicaments, a imposé dernièrement que l’acide oxalique ne puisse plus être utilisé que sur prescription vétérinaire, ce qui nécessite un diagnostic préalable. Or, peu de vétérinaires sont formés aux pathologies apicoles. En pratique, cette disposition s’avère donc inapplicable.

    Je vais écrire à ce sujet à la Ministre fédérale de la Santé publique afin d’assouplir les règles de mise en œuvre des médicaments agréés en Belgique. Quant à l’agréation d’autres produits, une solution devrait être trouvée pour que le coût de celle-ci ne rebute pas les firmes pharmaceutiques lorsqu’elles abordent un petit marché comme celui de la Belgique.

    La période d’application de la subvention octroyée au CARI, initiée en avril 2009, vient de se terminer au 31 août. De l’avis du comité d’accompagnement, le projet a atteint ses objectifs. En ce qui concerne la recherche des causes du dépérissement, une quarantaine de cas ont été analysés en profondeur. Aucune corrélation n’a pu être établie entre le niveau des pertes et le traitement de la varroase.

    Un fait semble cependant confirmé : le problème tient au rucher et non à l’apiculteur. Il semble donc bien que le problème, ou un des problèmes, soit de nature environnementale, conformément aux hypothèses vers lesquelles s’oriente une partie de la littérature scientifique. Sur base des résultats, il est envisagé de réaliser un projet d’échantillonnage et d’analyses, mené conjointement par le CARI, le CRAw et l’Unité d’Entomologie fonctionnelle de Gembloux Agro Biotech, pour l’hivernage 2011-2012.

    Le projet a permis également de réaliser une photographie qualitative du secteur. Huit grands thèmes ont été identifiés et traités :
    - relation apiculture-agriculture,
    - biodiversité,
    - liens avec la société / conscientisation / image de l’apiculture,
    - gestion publique,
    - structures apicoles,
    - aspects économiques et commercialisation,
    - santé de l’abeille,
    - identification des causes des mortalités des abeilles.

    Les objectifs à atteindre ont été cernés et une liste de 51 pistes d’actions a été dressée.

    Le projet mené par le CARI sera bien reconduit, avec pour objectif de mener à bien certaines des actions qui ont été identifiées, d’autres étant déjà en cours de réalisation ou devant l’être dans le cadre par exemple du programme miel cofinancé par l’Union européenne.

    Ce programme vient donc en complément de ce qui est déjà mené par le CARI. Un budget de 71.000 euros lui a d’ores et déjà été affecté.