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Les risques liés au chlore pour les bébés nageurs

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2010
  • N° : 15 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 28/09/2010
    • de BERTOUILLE Chantal
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports


    La pratique des bébés nageurs est bien connue dans notre pays où elle fut introduite il y a environ 50 ans. Ainsi, ces bébés nageurs acquéraient progressivement certains réflexes en présence de l’eau et la pratique de la natation favoriserait par ailleurs le développement psychomoteur.

    Les bébés nageurs sont principalement des enfants de moins de 2 ans et l’acquisition de tous les bénéfices liés à cette pratique nécessiterait environ 20 heures de piscine.

    Il y a peu, le Professeur Alfred Bernard avait tiré la sonnette d’alarme concernant les dangers du chlore utilisé dans les piscines et plus particulièrement chez les enfants.

    Une nouvelle étude montre que ces risques sont considérablement accrus chez les très jeunes enfants. Ainsi, les bébés nageurs seraient exposés huit fois plus à l’asthme que leurs congénères. En matière de bronchiolite, les risques seraient quatre fois plus élevés.

    A la fin du mois de juin, l’Agence française de sécurité sanitaire a tranché. Sans interdire pour autant les bébés nageurs, elle a cependant appelé à la vigilance, du fait de leur sensibilité particulière aux sous-produits de désinfection et de leur moins bonne maîtrise de l’hygiène. Selon l’Afsset, il est important que les bébés nageurs aient un suivi médical s’assurant de l’absence de contre-indication (notamment antécédents respiratoires). En outre, l’activité doit se faire dans des bassins dans lesquels la qualité de l’eau est parfaitement maîtrisée.

    Monsieur le Ministre a-t-il pu prendre connaissance de cette étude ? Quelles sont les conclusions qu’il peut tirer concernant la pratique des bébés nageurs dans les bassins de la Région wallonne ? Quels sont les moyens qui seront mis en œuvre progressivement par la Région wallonne en vue de favoriser la mise en place d’autres procédés que le chlore en vue de garantir la désinfection des piscines ?
  • Réponse du 20/10/2010
    • de ANTOINE André

    Je ne peux qu'encourager la pratique d'une activité sportive dès le plus jeune âge tant il est indéniable que le processus d'apprentissage chez les bébés et petits enfants ne peut être négligé.

    Je ne peux que me réjouir de ce que le sport contribue dès la naissance à un meilleur épanouissement tant sur le plan psychomoteur que sur un plan mental. Je ne peux que conseiller également à nos parents d'inscrire leurs enfants à des cours de psychomotricité dès leur plus jeune âge avec toutes précautions d'usage bien entendu.

    L'honorable Membre fait mention du récent avis rendu par l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail - AFSSET - concernant l'évaluation des risques sanitaires liés aux piscines.

    La réflexion de cet organisme s'est notamment penchée sur l'activité de baignade pour les très jeunes enfants, autrement dit: les bébés nageurs. L'Afsset en « appelle à la vigilance sur la pratique de cette activité au vu des bénéfices comparés aux risques qu'elle peut faire courir ». Elle énumère une série de recommandations: informer le médecin de famille que l'enfant pratique cette activité; remise d'un certificat de non­contre indication; de prévoir un bassin réservé aux seuls bébés; imposer une couche jetable ainsi que diverses mesures plus techniques.

    Comme toute activité sportive, il importe de conscientiser les parents des effets négatifs que pourraient entraîner une surexposition d'enfants qui, en très bas âge, sont plus vulnérables par rapport à certains produits.

    Inévitablement, le chlore revient au centre du débat. Précisions qu'une transposition d'une étude française à la réalité wallonne est pour le moins délicate. En effet, les normes en vigueur diffèrent.

    En outre, je me permets de rappeler que les conventions sectorielles relatives aux bassins de natation ne relèvent pas de mes compétences. Aussi, mon collègue, le Ministre Henry, sera certainement en mesure de venir apporter de plus amples informations afin de compléter ma réponse et d'envisager des mesures spécifiques à adopter pour protéger cette population particulière.

    Comme l'honorable Membre le sait, le professeur Alfred Bernard, à l'initiative de mes collègues, la Ministre Fonck en charge de la Santé et le Ministre Lutgen en charge de l'Environnement, avait commandé, en 2006, une étude sur l'utilisation du chlore. Cette étude se donnait pour objectif de répondre à cette augmentation croissante des allergies chez les jeunes enfants. L'hypothèse évoquée tournait autour de l'exposition de ces derniers aux produits chlorés qui contaminent l'eau et l'air des piscines.

    L'effet néfaste se produit en cas de renouvellement insuffisant de l'air et/ou du chauffage trop bas de l'infrastructure. Ce dernier point est particulièrement interpellant. En effet, une ventilation adéquate renouvelant complètement l'air contribuerait à annihiler les risques. Le recours au chlore requiert également de chauffer l'installation à plusieurs reprises et à plusieurs moments de la journée. Ce qui, indubitablement, pose la question du coût énergique de nos piscines.

    Le SPW Infrasports, comme pour toute nouvelle construction ou rénovation d'infrastructures sportives accorde une attention primordiale au coût énergétique global. Les technologies les plus récentes sont employées afin de répondre à cet impératif. Ce qui de facto vient apporter une solution aux problèmes de santé que causerait le chlore dans un environnement inadéquat.

    Nous ne pouvons, dès lors, écarter totalement ce produit bon marché et qui, contrairement à d'autres systèmes, éradique complètement les bactéries présentes.

    Le SPW Infrasports a d'ailleurs consacré une étude visant à l'amélioration des performances énergétiques des infrastructures sportives. Une étude similaire axée sur les piscines devrait être disponible en juin prochain.

    Nos piscines sont des infrastructures nécessaires pour développer la natation mais qui remplissent également un rôle social non négligeable. C'est pourquoi, j'ai récemment dévoilé mon « plan piscine ».

    Ce plan a été développé en fonction d'objectifs sportifs, ludiques et pédagogiques:
    - le décret mission définissant les missions prioritaires de l'enseignement impose aux enfants de 6ème primaire de savoir nager;
    - la pratique de la natation contribue au développement de la condition physique générale, tant chez les écoliers que chez les étudiants;
    - les piscines constituent un moyen privilégié autorisant une revalidation progressive;
    - la pratique de la natation doit pouvoir être accessible à tous;
    - le développement de la pratique de la natation en Communauté française.

    Evidemment, le « plan piscine » intègre un pan important dédié aux infrastructures. En effet, la Wallonie recense plus de 3.600 installations sur son territoire, soit 10 pour 10.000 habitants. Ce patrimoine d'exception nécessite des travaux réguliers d'entretien et de modernisation pour être maintenu dans un état performant.

    Sur ces 3.600 infrastructures, nous pouvons dénombrer quelques 150 piscines installées sur le territoire wallon; parmi elles, 92 installations concernent le secteur couvert par Infrasports, autrement dit, subsidiable par Infrasports.

    Le diagnostic dressé par Infrasports sur ces 92 piscines est alarmant:
    - inadaptation et vétusté des équipements existants;
    - mauvaise efficacité énergétique;
    - le coût de construction des piscines explose ± 15 à 20 millions d'euros par infrastructure (partie sportive et partie ludique);
    - des performances, des contraintes (sécurité/hygiène) de plus en plus importantes sont imposées aux gestionnaires, notamment par la Wallonie;
    - la philosophie des piscines a changé: au départ, elles étaient uniquement utilisées pour la natation. Aujourd'hui, ce sont de véritables complexes dédiés au sport mais aussi à la détente, aux loisirs, à la famille, à la relaxation et à la remise en forme;
    - le décret mission de la Communauté française définissant les missions prioritaires de l'enseignement impose aux enfants de 6ème primaire de savoir nager.

    Sur base de l'ensemble des points noirs que je viens de lister, Infrasports a élaboré, en collaboration avec l'AES, la DPC et l'ICEDD, un cadastre des bassins de natation, ouverts au public, situés sur le territoire wallon.

    Cet outil nous permettra de calibrer au mieux nos interventions.

    Il va de soi que des investissements à court terme et moyen terme devront être réalisés sous peu dans un plan pluriannuel permettant de financer la rénovation des 92 piscines identifiées.

    Preuve que la Wallonie est, et le sera encore plus à l'avenir, largement sollicitée pour contribuer à la réalisation des programmes de rénovation et de restructuration des bassins de natation.

    Ce « plan piscine », via ses multiples facettes, est une réponse aux vrais enjeux de société - qui se posent aujourd'hui avec davantage d'acuité - que sont l'épanouissement personnel à travers le sport ou le vieillissement de la population, qui implique que de plus en plus de personnes âgées nécessitent des soins de revalidation ou encore l'adaptation des rythmes scolaires.

    La gestion d'une piscine demande des moyens financiers importants, parfois difficilement soutenables pour une commune. La solution à cette problématique peut dès lors être trouvée dans une mutualisation des moyens par plusieurs communes, ce qui permet des économies d'échelle en rationalisant les dépenses et les investissements en matière de construction d'infrastructures. C'est pourquoi, j'encourage les projets de collaboration pour une gestion trans-communale, à l'instar du projet Sportissimo, qui regroupe les Communes d'Ittre, Rebecq, Tubize et Braine-le-Château.

    Ces mesures, prises dans le champ de mes compétences, devraient, à n'en point douter l'honorable Membre, éradiquer, même si le risque zéro n'existe pas, les problèmes que causent à la fois la légionellose et le chlore et in fine diminuer fortement les risques que courent nos jeunes enfants.

    Il n'empêche qu'une réflexion devra vraisemblablement voir les différentes formules qui pourraient venir concurrencer l'utilisation du chlore. Une étude de solutions alternatives accompagnera le « plan piscine ».