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La prise en considération de l'augmentation des transports routiers au cours des prochaines années

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2010
  • N° : 12 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 28/09/2010
    • de BERTOUILLE Chantal
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    Diverses études tendent à le prouver, le trafic routier est en progression et continuera à progresser au fil des prochaines décennies. Cependant, nos routes arrivent progressivement à saturation et d’importants travaux sont mis en œuvre, si pas pour en améliorer la capacité à tout le moins en garantir les capacités actuelles d’absorption.

    Depuis plusieurs années, le Gouvernement wallon insiste sur l’inter-modalité, c’est-à-dire que des actions sont menées en faveur du transport fluvial et du transport ferroviaire.

    Il semblerait cependant que ces efforts seront largement insuffisants pour absorber le surcroît des poids-lourds sur nos routes.

    La Région wallonne a-t-elle mené des études concernant les probabilités d’augmentation du trafic routier au fil de ces prochaines années ?

    Quel sera l’impact de cette augmentation sur le réseau routier actuel ?

    Des efforts supplémentaires seront-ils consentis en matière d’inter-modalité pour le transport fluvial mais également pour le transport ferroviaire ?

    Comment cette augmentation du transport par poids-lourds est-elle abordée par les autorités compétentes en Région wallonne ?

    La Région wallonne envisage-t-elle une augmentation des capacités d’absorption (passage à 3, voire 4 bandes ou plus, sur les autoroutes) ?

    La Région wallonne envisage-t-elle, au contraire, une augmentation de la capacité des camions, ainsi que la réglementation belge l’y autorise actuellement ?

    De nouvelles liaisons routières et autoroutières sont-elles envisagées ?

    Enfin, quelles sont les perspectives d’avenir pour les 10 à 20 prochaines années en matière de transport routier et autoroutier en Région wallonne ?

    Va-t-on vers une lente mais inexorable saturation de nos réseaux ?
  • Réponse du 31/01/2011
    • de HENRY Philippe

    Le Service Public de Wallonie effectue des mesures de trafic et suit l'évolution de celui-ci depuis de nombreuses années. En 35 ans, le trafic (nombre de véhicules-km) a globalement doublé sur le réseau routier et autoroutier wallon. Cependant, il n'est pas correct de transposer ces évolutions passées au futur. Ainsi, la tendance à une certaine stabilisation du trafic est visible, avec des fluctuations d'une année à l'autre. Ainsi, le trafic autoroutier n'a pas augmenté en 2008 par rapport à 2007, et le trafic sur routes (hors autoroutes) a diminué plusieurs fois ces dernières années, sur base des comparaisons annuelles.

    A propos de l'évolution du trafic des camions,·sur ces 35 dernières années, la proportion des camions dans le trafic a baissé tant sur les voiries communales que sur les routes régionales. Sur les autoroutes, la proportion des camions est sensiblement la même dans le trafic qu'il y a 35 ans. L'évolution du trafic des camions est donc moins préoccupante que l'évolution du trafic global ou des voitures.

    Dans ce contexte, la Wallonie a opté résolument pour la promotion de l'inter-modalité, ou des modes alternatifs, tant sur le plan du transport de personnes que sur celui des marchandises. Les deux approches doivent être distinguées clairement, bien que s'intégrant l'une dans l'autre sur les différents réseaux.



    Transport de marchandises :

    Dès 1999, la Wallonie disposait d'une étude ayant pour but d'établir un plan multimodal des réseaux et terminaux de fret marchandises en Région wallonne. Cette étude, réalisée par STRATEC, a pris en compte non seulement la croissance de la part modale du transport routier, mais également la congestion des réseaux à l'horizon 2020.

    En 2004, STRATEC a été en charge d'une étude ayant pour objectif d'établir un schéma intégré des réseaux et terminaux de fret en Région wallonne. À nouveau, cette étude s'est attelée à considérer une croissance de la part modale du transport routier et a montré les actions à entreprendre pour s'orienter résolument vers la voie navigable, dont le potentiel, en Wallonie, est très important.

    Les enseignements tirés de ces deux études sont multiples, mais on constate que les efforts à effectuer sont importants pour développer au mieux l'inter-modalité. La complémentarité des modes reste le maître atout pour un développement durable du secteur en Wallonie (comme en Europe, d'ailleurs).

    Ceci étant, il est frappant de constater que les efforts à consentir sont aujourd'hui, toutes autres choses égales par ailleurs, capables d'absorber une partie de l'accroissement du transport routier, mais que la part modale de la route ne diminue guère, encore moins de manière significative.

    La DPR mentionne, notamment, l'élaboration d'un plan intégré de logistique et de transport. Ceci confirme la volonté du Gouvernement wallon d'élaborer un plan global (marchandises et personnes).

    Concrètement, mes services travaillent à la mise en œuvre de ce plan et participent à différents groupes de travail relatifs aux différentes facettes de ce plan. En effet, plusieurs initiatives ont déjà été prises pour alimenter ce plan intégré de transport et de logistique, dont notamment:
    - une étude relative au potentiel et capacités ferroviaires de la Wallonie;
    - un plan opérationnel voies navigables;
    - un groupe de travail sur le plan intégré transport et logistique;
    - un groupe de travail sur le transport urbain de marchandises.

    Par ailleurs, plusieurs études relatives au Canal Seine Nord Europe sont en cours de finalisation. Ces études, tant celle relative à l'internalisation des coûts externes sur le corridor Paris-Amsterdam, que celle concernant la mise en place d'une tarification sur le canal SNE, apportent des éléments pertinents sur la prise en compte du coût du transport routier et des autres modes de transport. Ces études s'inscrivent dans les perspectives européennes de prise en compte des couts externes du transport.

    Ceci montre combien les données et éléments de prise en compte de l'augmentation du trafic poids lourds est une préoccupation constante dans les études menées ou suivies par la Wallonie, tant au niveau intra-wallon qu'au niveau belge ou européen.

    Outre les études, les efforts pour rendre la voie d'eau plus performante et attractive n'ont pas manqué ces dernières années. À ce titre, le plan wallon d'aide à la voie d'eau et les travaux aux écluses d'Ivoz-Ramet, d'Ampsin Neuville et de Lanaye, pour ne citer que ceux là, sont des actes concrets.

    Par ailleurs, mon administration participe aux groupes de travail relatifs aux différents documents en cours de révision ou d'élaboration au niveau européen (révision du Livre Blanc sur les transports, Livre vert sur le transport urbain de marchandises ou Plan d'action Transport et logistique).

    Ceci implique une collaboration étroite entre les différents niveaux de pouvoir et entre les différents départements et DG du SPW.

    Mes services s'appliqueront à la gestion des différentes études intra-wallonnes citées ci-avant dans le but de doter la Wallonie d'un Plan intégré de transport et logistique.



    Transport de personnes

    Concernant le transport de personnes, les initiatives ne manquent pas, en Wallonie, pour améliorer l'utilisation des modes alternatifs à la voiture. Ainsi, les TEC voient leurs taux de fréquentation augmenter sensiblement depuis plusieurs années et les différentes enquêtes menées, tant sur le plan des déplacements d'entreprises que sur celui des déplacements scolaires portent leurs fruits. L'implication de nombreuses communes dans les projets de la semaine de la mobilité ou encore dans les plans cyclables témoigne de l'intérêt croissant des communes et des acteurs de terrain pour la mise en place et le développement des alternatives modales de déplacement. Des initiatives telles le covoiturage et les voitures partagées sont également des éléments à mettre en exergue contribuant pleinement à changer les mentalités en termes de déplacement.

    Bien sûr, sur le plus long terme et plus fondamentalement, on doit mentionner l'intérêt constant et très important des plans communaux ou intercommunaux de mobilité. Ces plans sont des outils intégrés de gestion de la mobilité au sein d'une commune et permettent de développer, en Wallonie, une politique cohérente, concertée et globale de la mobilité à l'échelle communale ou inter communale. Les plans urbains de mobilité sont également très utiles aux grandes villes.

    Seule la gestion globale de la demande de déplacement couplée à celle du développement de l'offre d'alternatives à la route, tant dans le domaine des personnes que des marchandises, sera le garant du développement d'une mobilité durable et supportable en Wallonie ... comme en Europe. La politique européenne en la matière durant les prochaines années sera déterminante pour la mise en place d'une telle mobilité dans les états membres.