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Le commerce équitable

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2010
  • N° : 17 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 04/10/2010
    • de CASSART-MAILLEUX Caroline
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles

    La semaine du commerce équitable, qui se déroule du 29 septembre au 9 octobre, permet de faire le point sur la situation économique de ce secteur. Il apparaît que ce type de commerce connaît une croissance annuelle de près de 15%, en Belgique.

    Fin 2007, une recherche-action était menée par un groupe d’opérateurs actifs dans le domaine du commerce équitable, en particulier sur les produits issus de l’artisanat. Cette étude devait évaluer la réelle viabilité économique de cette activité, étudier les conditions de développement des différentes filières et réfléchir à la mise en place d’outils permettant de les promouvoir et ce, afin de développer des activités tant en Région wallonne que dans les pays du Sud.

    Avec trois années de recul, quel bilan Monsieur le Ministre peut-il tirer de cette recherche-action ? A-t-elle eu des répercutions concrètes sur le terrain ? Quelles sont les mesures que l’on a pu développer pour l’artisanat équitable wallon et l’artisanat équitable du Sud ? Y a-t-il eu une réévaluation et une adaptation de ces outils ?

    La viabilité économique de ce type de commerce ne semble pas compromise par la crise actuelle, Monsieur le Ministre confirme-t-il le bon état de santé du commerce équitable ?

    La semaine du commerce équitable rencontre-t-elle un succès croissant auprès des communes, écoles, mouvements de jeunesse et autres associations qui se mobilisent durant cette semaine pour promouvoir ce type de commerce ?
  • Réponse du 29/10/2010
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Face aux difficultés rencontrées par certaines entreprises actives dans l'artisanat équitable, une étude a effectivement été menée pour identifier les raisons des échecs et élaborer des pistes de solutions.

    L'analyse identifiait les principaux handicaps suivants:
    - certains produits ne sont pas adaptés aux marchés européens (en termes de couleur, de taille, etc.). Par exemple, des portefeuilles qui n'entrent pas dans les poches de vestons européens;
    - la qualité des produits, très souvent fabriqués dans de petits ateliers, peut être très aléatoire;
    - le secteur manque d'outils logistiques performants, en raison de sa petite taille à l'échelle mondiale;
    - le secteur manque également de capitaux;
    - les acteurs du Nord s'occupent de l'ensemble de la chaîne de distribution sans se spécialiser et donc, en collaborant très peu;
    - les produits artisanaux manquent de visibilité pour la clientèle ou les acteurs de la grande distribution ;
    - le label n'est pas, pour ces produits, aussi facile à « vendre » que pour les produits alimentaires.


    L'étude identifiait quatre facteurs de réussite pour une entreprise qui veut se lancer dans ce secteur:
    - une attention particulière doit être portée aux produits: ils doivent être de qualité et adaptés aux attentes des consommateurs occidentaux;
    - l'entreprise doit viser une taille critique suffisante: un chiffre d'affaires d'au moins 3 millions d'euros semble être nécessaire;
    - elle doit disposer de moyens et de capitaux suffisants;
    - elle doit diversifier sa clientèle au maximum.


    Concrètement, trois pistes ont été suivies pour rencontrer ces recommandations :

    1° Réduire les coûts et améliorer le soutien

    Les entreprises ayant pour objet principal la vente au détail étaient exclues du champ d'application du dispositif APE. Le Gouvernement wallon du 5 décembre 2008, dans son plan d'actions anti-crise, a décidé d'ouvrir le bénéfice de l'APE « marchand » au commerce de détail et aux entreprises actives dans le commerce équitable afin de leur permettre de bénéficier d'aides à l'emploi.


    2° Améliorer la professionnalisation du secteur et favoriser les collaborations entre les acteurs

    Le nombre croissant d'acteurs et, plus généralement, le développement du secteur imposaient la mise en place d'une Fédération professionnelle du commerce équitable.
    Cette fédération, la Belgian Fair Trade Federation s'est progressivement mise en place et a été officiellement lancée cette année. Elle a été créée, avec le soutien de la Wallonie, afin de permettre à la Région de disposer d'un interlocuteur unique représentatif d'un secteur en pleine mutation, mais aussi afin de rassembler les énergies et susciter des adhésions dans le secteur des PME pour lesquelles la mise en œuvre des standards du commerce équitable est un objectif central et prioritaire.


    3° Améliorer le financement

    Des fonds de placement éthiques peuvent être sollicités pour répondre aux besoins en capitaux et en trésorerie des entreprises du commerce équitable. En outre, via le groupe SOWALFIN et plus précisément la SOCAMUT, un système de garantie bancaire pour les prêts ou les participations en capital peut être élaboré.
    Par ailleurs, dans le cadre du Plan Marshall 2.Vert, il a été décidé d'accorder des bourses de pré-activité « artisanat et développement durable » afin de stimuler la création et la diversification des activités artisanales.



    La question de la viabilité économique de ce secteur nécessite une réponse nuancée: en effet, il est difficile de parler de la santé économique du commerce équitable en général, car les réalités des filières de vente sont très diverses.

    Il convient principalement de différencier la progression des produits issus du commerce équitable que l'on trouve dans les rayons des grandes surfaces et le développement des entreprises et organisations indépendantes centrées sur le commerce équitable.

    Globalement, dans la grande distribution, la crise semble avoir un impact limité sur le volume des ventes et sur les progressions.

    A côté de cela, il y a des organisations et des entreprises de plus petite taille qui sont actives dans des métiers très différents et qui sont centrées sur le commerce équitable. Les membres de la Fédération réalisent au moins 75 % de leur chiffre d'affaires dans le respect des standards internationaux du commerce équitable. Pour ces entreprises, la crise est, comme pour toutes les autres, difficile à assumer. En effet, l'entreprise centrée sur le commerce équitable s'efforce de générer une valeur ajoutée en priorité orientée vers l'appui aux producteurs du Sud. Les marges bénéficiaires des structures belges sont donc souvent plus faibles que celles des entreprises traditionnelles. Dans ces conditions, il n'est pas difficile de comprendre que le ralentissement ou la baisse des ventes dus à la crise peuvent provoquer de grandes difficultés.

    Enfin, lorsque l'on parle de commerce équitable, il faut aussi bien garder à l'esprit qu'il y a un décalage important entre la notoriété du concept et le passage à l'acte des consommateurs.

    Toutefois, force est de constater que des manifestations comme la Semaine du Commerce équitable rencontrent un succès croissant, même si dans la partie francophone du pays l'engouement s'est manifesté plus tardivement qu'en Flandre.

    Ce relatif retard est en train de se résorber; la preuve en est que le 21 septembre dernier, la Ville de Mons a reçu le premier titre de « Commune du commerce équitable » de Wallonie. Ce titre honorifique, décerné par Max Havelaar en Communauté française, récompense les entités locales engagées dans un programme de sensibilisation au commerce équitable et de soutien à la consommation de produits équitables. Cette campagne participative implique la contribution d'une diversité d'acteurs locaux : administration, commerces, horeca, écoles, institutions, associations et entreprises.