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Le volet "transport" du tableau de bord de l'environnement de la Wallonie

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2010
  • N° : 36 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 04/10/2010
    • de BORSUS Willy
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    Le 26 juin 2010, Monsieur le Ministre commentait les chiffres clés du nouveau tableau de bord de l'environnement.

    Concernant le transport, Monsieur le Ministre estimait qu'il s'agit d'un « gros problème » au vu de la tendance toujours croissante de ce segment d'activités.

    Quelle est la réponse du Gouvernement en vue de faire infléchir cette tendance ?

    Quelles actions (et avec quels budgets) ont-elles été lancées depuis juillet 2009 pour enrayer cet aspect ?
  • Réponse du 28/02/2011
    • de HENRY Philippe

    L'activité de transport entraîne des externalités tantôt positives (accéder à des activités sociales, au travail, à l'école; contribuer au fonctionnement de l'économie), tantôt négatives (émissions de polluants «locaux», de gaz à effet de serre, nuisances diverses comme le bruit, l'insécurité, ... ). La question trouvant son point de départ dans la présentation de l'État de l'environnement wallon, j'imagine que c'est sur l'infléchissement de tendances quant aux impacts environnementaux du transport que porte la question.

    On observe une croissance continue des volumes de transport. Une série de politiques croisées menées aux niveaux européen, fédéral, régional mais aussi par les communes tentent d'agir à la fois sur la demande de mobilité et sur les conséquences de la mobilité. Les comportements de mobilité répondent à une chaîne décisionnelle et comportementale complexe, sur laquelle l'action est elle aussi complexe et ne peut produire des effets que progressivement.

    Pour en revenir aux incidences environnementales, le renforcement progressif des normes sur les moteurs et sur les véhicules, mené à l'échelon européen, a déjà permis d'infléchir notablement les émissions de bon nombre de polluants dits «locaux». Les moteurs sont également devenus de moins en moins gourmands en énergie, ce qui a une incidence directe sur les émissions unitaires de CO2 des moteurs. Enfin, il est de notoriété publique qu'un des plus puissants motifs à agir (utiliser des véhicules moins gourmands, adopter des comportements de conduite plus économes, ... ) est le portefeuille; on observe donc un lien clair entre la flambée des prix du carburant et l'évolution des consommations.

    Néanmoins, jusqu'à présent, l'augmentation continue des volumes de déplacements et de transports a toujours été supérieure au trend à la diminution des émissions unitaires. Année après année, la part relative du secteur des transports dans les émissions de gaz à effet de serre continue donc à augmenter.

    Traditionnellement, on établit un lien quelque peu fataliste entre augmentation de l'activité économique et augmentation globale de la mobilité. Il est à relever que, pour ta première fois en 2005, la France a connu une diminution des volumes de déplacements tout en connaissant une croissance économique, ce qui est évidemment encourageant.

    Améliorer la situation passe donc par un éventail très large de mesures portant très souvent sur les comportements. La marge de manœuvre des autorités publiques est limitée, et ne produit ses effets, agissant sur les comportements, que de manière très progressive.

    Pour le volet «encouragement à l'acquisition de véhicules particuliers moins énergivores» et une évaluation du rendement et de l'efficacité des actions de la Région (dispositif écobonus - écomalus), j'invite l'honorable membre à s'adresser à mon collègue le Ministre du Budget.

    Dans le cadre de mes compétences, je cible mes actions comme suit:
    * Soutien au Groupe TEC pour l'acquisition d'autobus moins polluants; les appels d'offres sont toujours lancés sur base des normes environnementales les plus à la pointe. Dans le cadre de disponibilité budgétaire malheureusement limitée, je cherche également à encourager, les actions du Groupe TEC en vue de promouvoir une circulation plus fluide et donc moins énergivore des autobus via l'aménagement de sites propres. Il reste à cet égard une marge de progression très grande, liée à la difficulté de convaincre les gestionnaires de voiries de faire un peu plus de place aux transports publics.

    * La promotion des déplacements courts et durables (marche, vélo) passe par le soutien aux investissements des communes qui améliorent leurs réseaux de déplacements doux (crédits d'impulsion). Ici aussi, des comparaisons avec les régions proches montrent qu'il reste, singulièrement pour le vélo, un potentiel très grand de progression de ce mode et donc de diminution de la part de la voiture pour les déplacements courts. Par contre, la Wallonie n'a rien à envier à la Flandre quant à la part 'modale de la marche.

    * La dimension culturelle est un élément essentiel dans les changements de comportement. La mobilité scolaire est un segment essentiel des changements de comportement. C'est pourquoi j'ai décidé de lancer en 2011 le "Printemps de la Mobilité". Durant une semaine, du 9 au 13 mai 2011, on donnera de la visibilité à une trentaine d'actions de fond, menées de janvier à juin 2011 dans autant de communes et d'écoles et visant à développer l'usage de la marche, du vélo et du covoiturage sur le chemin de l'école. Parallèlement, une large concertation avec les acteurs de la mobilité et de l'école permettra de définir un cadre plus opérant en ce domaine.

    * En matière cyclable, le retard matériel (infrastructures) et culturel est grand en Wallonie. Face aux moyens budgétaires limités qui sont à ma disposition, j'ai donc décidé de mener des opérations pilotes de développement du potentiel cyclable en ciblant ces moyens, récurrents sur 4 années, dans des communes qui seront choisies par un jury sur base de la qualité de leur projet, de leur potentiel et de leur engagement.

    * L'étude sur le potentiel et les priorités ferroviaires de la Wallonie est en cours. Ses résultats, prévus pour la fin du premier semestre 2011, permettront d'orienter de manière plus efficace les choix de la région dans le cadre de la négociation du futur Plan d'investissements ferroviaires 2012-2025, et ce bien entendu dans l'objectif de favoriser le plus possible le recours au rail tant pour le transport de voyageurs que de marchandises.

    * En matière de transport de marchandises, j'ai la compétence sur la promotion des voies navigables. J'ai aussi hérité en janvier 2010 du dossier des boues de dragages, où un retard d'une quinzaine d'années doit être progressivement rattrapé. Cette action est essentielle pour simplement garantir la navigabilité de notre réseau fluvial, mode écologique s'il en est. Je suis sur le point de boucler un plan de financement pluriannuel qui permettra de résorber en grande partie les conséquences de ce retard accumulé sur le programme de dragage.


    La promotion d'une mobilité plus durable passe par un aménagement du territoire qui privilégie les activités et l'habitat à proximité des réseaux de transport en commun structurants, dans un cadre qui promeut des déplacements plus courts, et dans un environnement propice à la marche et à l'utilisation du vélo. C'est résolument la direction que je compte insuffler dans la politique d'aménagement du territoire. La publication des «Lignes de force pour une politique d'aménagement du territoire pour le 21e siècle» en est une première manifestation.

    L'action sur la demande de mobilité par le biais d'une meilleure utilisation du territoire sera également une des contributions importantes de la refonte du SDER et du CWATUPe. Ces deux démarches sont en cours.

    Toutes ces politiques ne produiront leurs effets qu'à moyen et long termes; ces impulsions sont indispensables pour montrer que ces «bonnes pratiques», qui ont souvent dépassé depuis longtemps le stade expérimental dans d'autres régions européennes, sont positives pour tous et sont également facteur d'une mobilité à la fois plus écologique et plus économique pour tous, tout en contribuant à une meilleure compétitivité de la Wallonie.