L'état d'avancement du projet Life "Hautes Fagnes"
- Session : 2010-2011
- Année : 2010
- N° : 28 (2010-2011) 1
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Question écrite du 04/10/2010
- de CASSART-MAILLEUX Caroline
- à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine
Je souhaiterais faire le point sur le projet Life « Hautes-Fagnes ». Ce projet s’étale sur cinq ans à savoir 2007-2011. Nous arrivons donc dans sa dernière ligne droite et, avec un budget annoncé de 4,5 millions d’euros, il me paraît pertinent de connaître son évolution.
Ainsi ce projet financé par la Région wallonne, la Commission européenne et la Province de Liège, a pour objectif de restaurer 1.400 hectares de landes et de tourbières dans et autour de la réserve naturelle domaniale des Hautes Fagnes.
Monsieur le Ministre peut-il me rappeler les raisons pour lesquelles il s’avère important de restaurer ces milieux naturels ?
Que vont permettre une fois restaurés les 1.400 hectares de landes ? Y aura-t-il une suite au projet ?
Quelles sont les principales actions qui ont été mises en place depuis le lancement du projet ? Peut-on déjà en mesurer les effets positifs sur l’environnement naturel ?
Que reste-t-il à développer d’ici la fin du projet ?
Monsieur le Ministre peut-il me donner la ventilation du budget ?
Des contrôles sont-ils effectués par notamment les instances européennes afin de vérifier si le projet atteint effectivement son objectif ?
Réponse du 20/10/2010 | Annexe [PDF]
- de LUTGEN Benoît
1. Les raisons pour lesquelles il s’avère important de restaurer les landes et tourbières du Plateau des Hautes Fagnes ?
En termes de biodiversité, les landes et tourbières du Plateau des Hautes Fagnes jouent un rôle très important à l’échelle européenne. On y trouve des habitats (tourbières, landes, …) et des espèces (tétras-lyre, bruyère quaternée, droséra, …) rares repris dans les Directives européennes Oiseaux 79/409 et Habitats 92/43. Le Plateau des Hautes Fagnes est, pour cette raison, intégré dans le réseau Natura 2000.
Du point de vue environnemental, les habitats naturels du Plateau régulent et filtrent les eaux ; les tourbières sont aussi des milieux dotés d’un haut potentiel de stockage de carbone.
En outre, le plateau a indéniablement une haute valeur patrimoniale paysagère, culturelle et historique qui en font un haut lieu de tourisme, et par là une ressource économique régionale.
Ces milieux ont malheureusement fait l’objet d’importantes dégradations depuis le 17ème siècle : exploitation de la tourbe, drainage des sols, plantations inappropriées d’épicéas, envahissement du sol par une herbacée (la molinie), … C’est donc pour restaurer la qualité biologique de ces milieux que le projet LIFE a été initié. Son incidence sera également positive sur la qualité paysagère par l’ouverture des milieux, une plus grande diversité et l’augmentation de la richesse floristique et faunistique. On peut donc aussi s’attendre à un renforcement de l’attrait touristique.
2. Que vont permettre, une fois restaurés, les 1.400 hectares de landes ? Il y aura-t-il une suite au projet ?
Ce sont en fait plus de 2.000 hectares de sols majoritairement tourbeux, recouverts de molinie ou plantés d’épicéas, qui seront reconvertis en un paysage mosaïqué de tourbières non drainées à nouveau saturées en eau, de landes fleuries entretenues par fauchage ou pâturage, et de forêts feuillues (boulaies, chênaies, ...) adaptées aux conditions écologiques des milieux.
Les différentes Directions du Service public de Wallonie concernées par le projet (DGO3/DNF & DEMNA) ainsi que les partenaires (Parc Naturel Hautes Fagnes-Eifel, ONG, …) assureront la gestion future durable des zones restaurées, avec notamment:
- l’entretien des réalisations (pâturage, fauchage, réparation de clôtures, digues, …);
- le suivi scientifique des zones restaurées;
- la création de nouvelles réserves naturelles et la restauration de nouveaux biotopes;
- la poursuite de la collaboration avec des dizaines de propriétaires privés, forestiers, agriculteurs, chasseurs, scientifiques ou naturalistes;
- la sensibilisation du grand public et des pouvoirs locaux;
- la pérennisation de projets de développement socio-économiques en cours, etc.
3. Quelles sont les principales actions mises en place ? Peut-on mesurer les effets ?
Les principales actions prévues ainsi que les objectifs fixés et les résultats atteints au 1er octobre 2010 sont repris dans le tableau, que l'honorable Membre trouvera en annexe. Pour la plupart des actions, les objectifs ont été dépassés, et cela à un an de l’échéance. Il convient donc de saluer le dynamisme de ce projet initié par l’administration (DGO3) et réalisé en partenariat avec le Parc naturel Hautes fagnes Eiffel.
Les effets sur l’environnement sont en cours d’évaluation via différents protocoles de suivi scientifique (botanique, ornithologique, entomologique et hydrologique). De plus, une étude socio-économique est réalisée par un bureau d’étude indépendant. Les premiers résultats sont très encourageants et tendent à montrer une nette augmentation de la biodiversité ainsi qu’un réel impact économique local, notamment auprès des entrepreneurs forestiers de la région ainsi qu’auprès d’une certaine catégorie de touristes naturalistes.
4. Que reste-t-il à développer d’ici la fin du projet ?
D’ici la fin du projet, il reste à finaliser les objectifs opérationnels repris ci-avant ainsi que le plan de gestion pour les sites restaurés, en ce compris la mise en place de son application. Il faut également conclure l’étude socio-économique en cours et enfin rédiger le rapport final technique ainsi qu’un rapport vulgarisé.
5. la ventilation budgétaire
Le projet est mené avec un budget global de 4.500.300 euros, dont 50 % de financement européen (soit 2.250.150 euros). La Wallonie apporte 2.245.150 euros et la Province de Liège (Parc Naturel Hautes Fagnes-Eifel) 5.000 euros.
La ventilation budgétaire est la suivante :
Catégorie Budget (en euros) %
Achat de terrain et dédommagements 1.300.000 28,9 %
Frais assistance externe 2.146.000 47,7 %
Frais de déplacement 52.500 1,2 %
Frais de personnel 897.300 19,9 %
Frais d'équipement 34.000 0,8 %
Frais généraux 65.000 1,4 %
Autres coûts 5.500 0,1 %
TOTAL 4.500.300 100 %
6. Des contrôles sont-il effectués, notamment par les instances européennes ?
Le projet est suivi au niveau régional par un comité de pilotage composé de représentants du Service public de Wallonie, des communes, des ONG locales, des chasseurs et de l’Université de Liège. Ce comité se réunit deux fois par an.
La Commission européenne organise également un suivi de ses projets LIFE. Il implique annuellement au minimum une réunion de présentation et une visite de terrain avec la Commission européenne (ou ses représentants) et le comité de Pilotage. Un rapport doit être envoyé deux fois par an. En fin de projet, un audit financier est en outre imposé.