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Les nouvelles possibilités offertes par la domotique en matière d'utilisation rationnelle de l'énergie

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2010
  • N° : 27 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 08/10/2010
    • de BAYET Hugues
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Lorsque les premières applications de la domotique ont vu le jour, l'accent était mis essentiellement sur le confort de l'habitation et celui du travail. Aujourd'hui, l'utilisation rationnelle de l'énergie retient l'attention des nombreuses entreprises dans le secteur. Les stores automatisés sont un exemple de dispositif pouvant amener à une réduction de la consommation énergétique.

    Certes, la technologie ne pourra pallier un manque de prise de conscience et de responsabilité. Une gestion rationnelle de l'énergie nécessite évidemment une implication des consommateurs. Il n'empêche, dans bien des cas, la domotique pourrait s'avérer utile notamment parce qu'elle permet une prise en compte beaucoup plus fine et rapide des facteurs forcément très changeants (ensoleillement, baisse de température, ... ) qui influencent la température des habitations et des espaces de travail.

    Le développement de la domotique serait donc à encourager. Monsieur le Ministre dispose-t-il d'études à ce propos? Les sociétés de logements sociaux ne pourraient-elles pas investir dans certaines technologies domotiques? Ne serait-il pas opportun que le Gouvernement les incite à travailler dans ce sens?
  • Réponse du 27/10/2010
    • de NOLLET Jean-Marc

    Dans sa définition première, la domotique regroupe l'ensemble des techniques et des technologies permettant de superviser, d'automatiser, de programmer et de coordonner les technologies de confort, de sécurité, de maintenance et de service dans l'habitat. Dès lors, et pour autant que l'on s'en tienne à cette définition, à l'heure actuelle, de nombreux bâtiments, en ce compris des immeubles de logement, sont dotés d'éléments de domotique, ne serait-ce qu'au niveau de l'un ou l'autre équipement.

    Parmi ces applications, certaines, lorsqu'elles sont programmées à bon escient, contribuent à une utilisation rationnelle de l'énergie. Il faut toutefois noter que l'installation d'une gestion centralisée peut s'avérer très coûteuse, notamment dans le cas des rénovations. Au niveau de l'habitat individuel, c'est principalement la gestion du système de chauffage qui est jusqu'à présent la plus intéressante en termes d'économie d'énergie et qui présente l'avantage de pouvoir être facilement intégrée lors de rénovation.

    Deux études se sont plus particulièrement intéressées à la question.

    La première, pionnière, a débuté en 1992, et s'est inscrite dans le cadre de la participation aux travaux de l'agence Internationale de l'Energie (accord Solar Heating and Cooling). Associée à Electrabel, l'UCL a construit à Louvain-la-Neuve La maison Pleiade dans laquelle étaient expérimentées les applications domotiques suivantes:
    - gestion des protections solaires;
    - gestion du système de chauffage et de la ventilation;
    - gestion de l'éclairage;
    - enregistrement des consommations;
    - sécurité.


    L'objectif était de réaliser une maison très basse énergie pouvant être le standard de référence en 2010. Les objectifs ont été atteints. La gestion automatique des protections solaires a permis d'éviter tout problème de surchauffe et le système domotique a été bien accepté par les occupants.

    Une seconde étude a été réalisée en 2002 par le Centre Scientifique et Technique de la Construction lors de La rénovation énergétique d'un de ses bâtiments de bureaux.

    Si l'on analyse les réductions de consommation par poste, la réduction nocturne des températures a permis une économie de chauffage de 25 à 30 %, la gestion de la ventilation à la demande a généré une économie de 30 % de l'énergie nécessaire au préchauffage de l'air et la rénovation de l'éclairage a engendré une économie de l'ordre de 50 % due principalement à la détection de présence et au variateur de lumière. La gestion des protections solaires a amélioré le confort d'été et a permis aux employés de travailler dans de meilleures conditions et d'être plus performants.

    La réglementation PEB conduira certainement à une utilisation plus intensive de ces solutions puisqu'elle permet de tenir compte, lors du calcul de la performance énergétique du bâtiment, d'une commande automatique des protections solaires et du type de régulation du système de chauffage.

    En ce qui concerne l'applicabilité des ces techniques au logement social, deux études ont été menées:
    - Reloso: rénovation des logements sodaux - UCL, Architecture et Climat;
    - Eclos : éclairage des logements sodaux - CSTC et UCL). Pour cette dernière, Le document sur les systèmes de gestion de l'éclairage est en cours de finalisation.

    Les premiers résultats de ces études mettent les éléments suivants en avant:
    - la simplicité d'usage et de réglage doit être prioritaire;
    - les systèmes de gestion centralisée s'appliquent davantage pour les systèmes collectifs ou pour l'éclairage des locaux communs (cage d'escaliers, halls par exemple);
    - ces systèmes de gestion doivent venir en complément à l'installation prioritaire d'appareils performants et aux travaux d'isolation thermique.


    Il est cependant important de rappeler que, dans un logement individuel, quels que soient les technologies mises en place, le comportement des occupants joue un rôle essentiel dans la limitation des consommations. Ainsi, la domotique n'est pas une fin en soi et il convient donc que l'utilisation puisse répondre clairement à un besoin identifié et corresponde au profil des utilisateurs. En effet, Les besoins des uns et des autres sont différents et les capacités d'adaptation aussi.

    L'honorable Membre met le doigt sur un exemple particulièrement intéressant, celui des surchauffes estivales pour lesquelles il évoque un système automatique de stores. Il est vrai que les apports solaires sont particulièrement gênants dans les logements lorsqu'ils sont à très faible consommation ou passifs. Néanmoins, avant le système de stores automatiques, il comprendra que l'on s'occupe en premier lieu de l'isolation des logements sociaux. Le cadastre énergétique sera très explicite à cet égard.

    Par ailleurs, l'implication des gens comprend bien entendu l'explication de la conduite des appareils installés dans le logement. L'opération « habiter malin, charges en moins! » a démontré que si l'on prend la peine d'expliquer au locataire social ce qui a été fait par les pouvoirs publics pour réduire les consommations et comment ces appareils fonctionnent, il devient alors partenaire et acteur de ses propres économies d'énergie.

    Le Code wallon du logement confère à la SWL un rôle d'expérimentation dans le domaine du logement qui, au regard de ce qui précède, se justifie tout à fait. Ainsi, le secteur reste attentif aux évolutions techniques et technologiques et avance dans ces domaines lorsqu'une validation a pu être établie sur base d'expérimentations. C'est entre autres l'objet des projets pilotes.