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"l'énergie alternative pas très propre ?"

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2010
  • N° : 41 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 18/10/2010
    • de STOFFELS Edmund
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Une partie de l’énergie dite renouvelable est produite chez nous sur base de lacs ou de barrages. Elle constitue une très petite partie dans le bouquet de l’énergie renouvelable.

    En Suisse, les chercheurs ont découvert que les barrages destinés à produire de l’énergie renouvelable produisent des quantités importantes de méthane, autre GES bien plus perturbant que le CO2. Les chercheurs suisses ont examiné les émissions en méthane du lac de Berne. Ils estiment qu’il produit environ 150 tonnes de méthane par an.

    Si cela se confirme, peut-on encore parler de l’énergie hydroélectrique comme une énergie propre ? Ou est-ce une émission toujours tolérable ?

    N’est-il pas utile de commander une étude à nos universités pour vérifier comment nos barrages se comportent en termes d’émissions de CH4 ?
  • Réponse du 10/11/2010
    • de NOLLET Jean-Marc

    J'ai également pu prendre connaissance de l'article de l'AFP publié le 11 octobre dernier, relatif à la problématique du méthane rejeté par un barrage.

    En lisant entièrement l'article, on constate que l'auteur tempère son propos en terminant par une remarque des experts : "même en attribuant la totalité des émissions de méthane de la retenue au fonctionnement de l'usine hydroélectrique de l'Aar, elles .restent, exprimées en équivalents CO2, encore 40 fois moins importantes que la quantité de dioxyde de carbone libérée par une centrale thermique au charbon de puissance équivalente". De plus, la lecture complète de l'article apporte aussi l'information sur le côté apparemment exceptionnel de la situation particulière de ce lac en Suisse.

    Il convient donc d'être très prudent dans l'extrapolation des conclusions que l'honorable Membre relève dans sa question. Je rappellerai d'ailleurs que la plus grande partie de l'hydroélectricité produite en Belgique provient de l'utilisation des cours d'eau navigables, la Meuse principalement. L'hydroélectricité y est venue se greffer sur des ouvrages préexistants (barrages avec un relativement faible volume de retenue d'eau), dont la vocation initiale était le maintien de la navigation.

    La grande majorité des barrages de « grande » capacité situés en Belgique ont pour vocation l'adduction d'eau (eau de distribution) et parallèlement pour certains, une gestion des crues et de maintien des débits d'étiage.

    En Belgique, il existe deux grosses structures qui utilisent l'hydroélectricité comme méthode de stockage d'énergie: la centrale de pompage / turbinage de Coo et celle de la Platte Taille. Cette dernière combine plusieurs usages: le soutien de la navigation de la Sambre en période d'étiage et l'attrait touristique en plus du stockage d'énergie.

    Par définition, le méthane provient de la décomposition des matières organiques, principalement apportées par la végétation charriée par les cours d'eau alimentant les barrages. La matière végétale reléguée sur le fond du réservoir se décompose sans oxygène, ce qui entraîne une accumulation de méthane dissous. A la centrale de Coo, c'est en quelque sorte un circuit hydraulique fermé avec l'eau du barrage inférieur qui est pompé vers le supérieur puis du supérieur turbiné vers l'inférieur et ainsi de suite. Le bassin versant alimentant ces lacs est très réduit, donc la superficie de collecte des matières à décomposer est faible ce qui donnerait un éventuel dégagement de méthane très faible.

    En conclusion, il est très difficile de transposer à la Wallonie la problématique soulevée par l'honorable Membre; il semble dès lors inopportun de commander spécifiquement une étude à nos universités sur ce sujet.