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Le "triage" des chômeurs

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2010
  • N° : 69 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 18/10/2010
    • de STOFFELS Edmund
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    Les CPAS sonnent l’alerte. Selon eux, et sous l'impulsion de Monsieur le Ministre, le FOREM procéderait à un triage des chômeurs en quatre catégories :

    - prêts à l’emploi;
    - il faut peu pour être prêt à l’emploi;
    - dans un parcours de formation;
    - MMPP (personnes avec difficultés médicales, mentales, psychique ou psychiatrique).

    Est-ce vraiment l'intention de Monsieur le Ministre ? Quel en est le but ? Quelle en sera la méthode (les critères ) ?

    Ph. Defeyt, Président du CPAS de Namur, s’inquiète : « Les CPAS gèrent actuellement 10.000 projets d’insertion. On estime qu’il y en a environ autant de demandeurs d’emplois éloignés de l’emploi. Nous ne pouvons pas nous en occuper sans moyens nouveaux. »

    Ces propos expriment à la fois une inquiétude mais peuvent aussi être interprétés comme un appel du style « donnez-nous des moyens et on s’en occupera. »

    Le Cabinet de Monsieur le Ministre semble affirmer qu’il n’a jamais été l’intention de délester le FOREM de cette population MMPP.

    C’est pourquoi je me permets d'interroger directement Monsieur le Ministre.

    Quelles sont ses intentions en cette matière ? Les MMPP vont-ils être « transférés » vers la CPAS qui s’en chargeront ou le FOREM va-t-il se préparer à faire un travail d’insertion semblable à celui des CPAS ?

    Notons au passage qu’il y a des organisations qui observeront Monsieur le Ministre avec beaucoup d’attention au cas où il s’avérerait qu’il s’agit là d’une nouvelle forme de « chasse au chômeur » déguisée sous forme d’accompagnement des demandeurs d’emplois.
  • Réponse du 09/12/2010
    • de ANTOINE André

    Depuis plusieurs années, les services aux particuliers du Forem travaillent sur les relations à établir entre les besoins des différents types de publics demandeurs d'emploi et les offres de prestation et de service disponibles pour eux en Région wallonne. La première « segmentation» qui a été faite est celle qui définit - sur base de critères administratifs - le public du Dispositif intégré d'insertion socioprofessionnelle mis en place en avril 2004.

    En effet, c'est à cette époque qu'était défini le public « éloigné de l'emploi » pour lequel des dispositions particulières d'accompagnement devaient être mises en œuvre pour favoriser leur accès à un emploi durable et de qualité.

    L'expérience menée pendant toutes ces années a conduit le Forem à considérer que les critères administratifs ne permettaient pas toujours de positionner un demandeur d'emploi dans une catégorie de demandeurs d'emploi et de lui réserver l'accès à des produits et des services spécifiques.

    Toute cette réflexion et particulièrement le dispositif d'accompagnement individualisé que j'ai impulsé, place le bilan individuel, réalisé par le conseiller référent au cours d'un entretien individuel (voire deux si nécessaire) comme le seul outil susceptible de détecter les atouts et les besoins de chaque demandeur d'emploi et de construire avec lui le plan d'action susceptible de répondre à ses besoins et augmenter ses chances d'insertion professionnelle.

    En outre, dans certains cas, l'élaboration du bilan et du plan d'action implique un recours complémentaire à des services spécialisés. C'est pour cette raison que le Forem a affecté des assistants sociaux pour la réalisation d'entretiens de bilan complémentaires lorsque les personnes évoquent des difficultés de nature sociale, médicales ou psychologiques qui rendent l'élaboration d'un plan d'action plus complexe. Cela ne signifie en aucun cas que le Forem se « délesterait» de l'accompagnement de ces publics mais bien qu'il tend à établir les coopérations internes et externes avec des professionnels ou des services spécialisés seuls aptes à diagnostiquer et prendre en compte des besoins qui sortent du champ strict de la formation et de l'insertion professionnelle.

    La notion de MMPP que l'honorable membre évoque dans sa question et qui inquiète beaucoup les CPAS est née dans un tout autre contexte, celui des débats entourant la négociation du nouvel accord de coopération avec le fédéral, l'ONEM et les SPE régionaux.

    En effet, le VDAB a introduit dans les discussions la question relative aux publics demandeurs d'emploi qui pour des raisons de santé mentale, psychologique, physique ont besoin d'une part d'un diagnostic spécialisé, et, d'autre part, d'une période pendant laquelle le contrôle ONEM devrait être suspendu et une aide adaptée apportée par les services adéquats.

    En l'absence de gouvernement, ces travaux et négociations sont arrêtés depuis juin 2010.

    Bien conscient de l'inquiétude des CPAS, et celle d'autres organismes d'insertion socioprofessionnelle, mon cabinet a rencontré au cours du mois de novembre des représentants des CPAS (UVCW) du Forem, des EFT OISP et des MIRE afin d'échanger avec eux sur ces problématiques touchant des demandeurs d'emploi très fragilisés.

    Au cours de ces échanges, il a été mis en lumière que l'apport de services spécialisés (santé mentale, organismes spécialisés dans le traitement des assuétudes, services médicaux .... ) est indispensable seuls ou aux côtés de ces organismes d'insertion socioprofessionnelle.

    Ces échanges se poursuivront en 2011 mais il apparaît déjà que ni les CPAS, ni les opérateurs en présence ne peuvent répondre à ces besoins spécifiques. Dès lors la recherche de nouvelles coopérations entre le Forem, le secteur de la santé mentale, les services médicaux et autres services sociaux spécialisés doivent être recherchées qu'elles soient activées isolément ou complémentairement à des actions menées par les opérateurs de la formation et de l'insertion socioprofessionnelle.

    Il n'est donc pas question pour le Forem de se « délester» de ce public mais bien de rechercher les moyens les plus adaptés de lui venir en aide en amont ou complémentairement à des démarches d'insertion socioprofessionnelle.