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L'accompagnement des demandeurs d'emploi

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2010
  • N° : 73 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 21/10/2010
    • de BORSUS Willy
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    Monsieur le Ministre vient récemment d’élaborer une note d’orientation relative au futur projet de décret sur l’accompagnement individualisé des demandeurs d’emploi.

    Il convient bien évidemment de ne pas anticiper la version définitive ni le sort qui pourrait être réservé à ce projet de décret.

    Il semble cependant que la Fédération des CPAS de Wallonie se soit inquiétée d’une « catégorisation » des demandeurs d’emploi qui serait portée par cette nouvelle approche de l’accompagnement individualisé des demandeurs d’emploi.

    Afin de « faciliter » sa dynamique de proximité de gestion des chômeurs, il serait envisagé de répartir les chômeurs en catégories. Celles-ci seraient : les « M.M.P.P. », soit « personnes avec des problèmes de nature Médicale, Mentale, Psychique et/ou Psychiatrique », les personnes dans un parcours de formation, les personnes prêtes à l’emploi ou les personnes qui pourraient être assez rapidement disponibles pour un emploi.

    Cette approche ne manque pas t’interpeller.

    Puis-je demander à Monsieur le Ministre quelle est l’approche conceptuelle qui l'encourage à catégoriser les demandeurs d’emploi à ce point ? N’y a-t-il pas un certain nombre de conséquences négatives à traiter les gens de la sorte ?

    D’autre part, peut-il m’indiquer comment et de quelle façon les gens seront catégorisés ?

    Devront-ils adhérer ou pourront-ils quereller la catégorie dans laquelle le Forem les aura identifiés, d’autant que ce classement dans une catégorie aura des conséquences pour eux ?

    Comment glisse-t-on d’une catégorie à l’autre et à la faveur de quel démarche, processus ou action ?

    Cette approche ayant pour but « d’optimaliser » l’accompagnement de proximité des demandeurs d’emploi, j’imagine qu’elle se traduit par une estimation fût-elle approximative et provisoire du nombre de personnes relevant de chacune de ces catégories. Cette estimation existe-elle ? Si oui, comment a-t-elle été établie ?

    Enfin, il semble que ces personnes relevant de la catégorie « M.M.P.P. » ne feraient plus l’objet d’un accompagnement du Forem – ou en tout cas d’un accompagnement direct – mais relèveraient plutôt de l’action des CPAS. Est-ce exact ?

    De quels moyens supplémentaires les CPAS disposeraient-ils pour accompagner cette « catégorie » de demandeurs d’emploi ?
  • Réponse du 17/11/2010
    • de ANTOINE André

    Suite à notre souhait de voir se développer un dispositif unique d'accompagnement individualisé en Wallonie, Le Forem poursuit l'objectif de construire, avec chaque demandeur d'emploi, le plan d'action qui correspond à ses besoins en termes d'insertion dans le marché du travail.

    Pour rappel, le modèle d'accompagnement unique repose sur la désignation d'un conseiller référent qui restera l'interlocuteur privilégié du demandeur d'emploi tout au long de son parcours. Ce parcours est propre à chaque demandeur d'emploi et se concrétise par l'élaboration d'un plan d'action qui est suivi et réaménagés en fonction de l'évolution du demandeur d'emploi.

    La personnalisation de l'offre de service a amené le Forem à s'engager dans un travail de réflexion sur le profilage des demandeurs d'emploi. Le profilage consiste en une méthode opérationnelle permettant une orientation précoce des demandeurs d'emploi vers des services et certains types d'accompagnement, en fonction de leur risque de chômage de longue durée, de façon à fournir une aide préventive, adaptée à leur situation.

    La méthode du profilage repose sur deux dimensions essentielles:
    - le profilage initial, qui vise à déterminer la capacité du chômeur à retrouver seul ou non un emploi;
    - le profilage itératif qui consiste à l'ajustement continuel de l'hypothèse de départ en fonction des évolutions de la situation du demandeur d'emploi.


    Il ne s'agit donc pas d'une catégorisation des publics sur base de critères administratifs tels que cela a été le cas dans le passé. Au contraire, le profilage se base sur un dialogue entre le conseiller référent et le demandeur d'emploi qui, ensemble, identifient les besoins, les méthodes et le soutien nécessaire pour accéder au marché de l'emploi.

    Dès lors, bien loin d'être une stigmatisation d'un public dans une catégorie, le « profilage » consiste, pour le conseiller référent, à poser, sur la base d'un questionnement approprié et d'un échange avec le demandeur d'emploi, une première hypothèse quant à la distance de ce dernier au marché du travail et de ses besoins en termes d'intégration ou de retour au marché de l'emploi. Cette première hypothèse permet d'identifier le type de parcours composés d'actions concrètes, reprises dans un plan d'action qui peut lui être proposé. Ce type de parcours est toutefois adapté à la situation particulière de chaque demandeur d'emploi.

    Par ailleurs, s'il s'avère, avec le temps, que l'hypothèse de départ et le parcours proposé est inadéquat, par exemple parce que la situation ou les compétences du demandeur d'emploi a évolué, le conseiller revoit avec la personne son parcours pour l'adapter. Des contacts assez fréquents entre le conseiller et le demandeur d'emploi en début de parcours permettent de conforter ou d'infirmer rapidement l'analyse de départ.

    Ce type d'approche s'inspire de ce qui se fait dans d'autres pays. Le « profilage » tend à se généraliser dans les services publics de l'emploi à travers l'Union européenne. En Wallonie, ce processus n'est pas encore d'application. Il a fait l'objet d'une expérimentation très limitée dans le cadre du dispositif d'accompagnement des jeunes au sortir de l'école jobtonic, et fait actuellement l'objet de travaux de réflexion au sein du Forem en vue d'une potentielle mise en œuvre dans le cadre de l'accompagnement individualisé.

    Pour ce qui concerne les volumes de personnes par segment, cette donnée est indisponible pour deux raisons. D'une part, il ne s'agit pas d'une catégorisation selon des critères administratifs et d'autre part, ce serait uniquement lorsque le système serait d'application pour tous, qu'on pourrait a postériori, identifier les volumes de personnes, et encore, je doute que ce soit possible, vu que les personnes passeront d'un type de parcours à un autre.

    En ce qui concerne plus particulièrement le public présentant des difficultés de type médico-mental-psycho-psychiatrique (MMPP), il s'avère qu'à l'instar des autres Services publics d'emploi (SPE), le Forem est confronté à des personnes présentant des difficultés d'insertion importantes faisant suite notamment à des maladies de longue durée.

    A ce titre, le Forem avait d'ailleurs participé aux travaux d'un groupe de réflexion associant l'ONEM et les différents SPE. Ce groupe de réflexion (mis en place en juillet 2008) avait pour mission d'élaborer une définition commune, d'une part, du public concerné (critères à l'entrée) et, d'autre part, des résultats à atteindre au terme de la prise en charge spécifique envisagée.

    Afin de répondre au mieux aux besoins des personnes, le Forem souhaite donc être en mesure de proposer du support aux personnes par rapport à d'autres dimensions relevant, entre autres, du mental-psycho-psychiatrique. L'objectif ici n'est certainement pas d'assurer ces services au sein du Forem, mais de travailler avec des acteurs habilités pour traiter ces questions et qui disposent de l'expertise requise. Ici aussi, de nombreuses questions subsistent pour concrétiser cette piste de travail: identification des acteurs spécialisés dans ces domaines, mode de sollicitation de leur intervention, mode de financement de ces prestations, ...

    En conclusion, toutes les réflexions menées jusqu'à présent ou encore en cours n'ont pour seul objectif que d'identifier les réponses les plus adaptées en fonction des besoins des personnes.

    Il ne s'agit nullement de figer les personnes dans une catégorie ni de demander aux CPAS de prendre en charge les personnes présentant des problèmes de type MMPP.

    La question des moyens supplémentaires pour les CPAS ne se pose donc pas puisque le Forem entend bien assurer lui-même la gestion des parcours professionnels des demandeurs d'emploi dont il a la charge.