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Les ambitions trop limitées en matière d'exportations

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2010
  • N° : 43 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 21/10/2010
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles

    L’UWE vient de publier son analyse sur les exportations wallonnes. Le résumé en deux mots : exportations en bonne santé mais ambitions trop limitées.

    L’étroitesse de la demande interne lite rapidement la croissance des entreprises. Logique donc de se préoccuper des exportations et des facteurs qui l’influencent. Arrêtons-nous quelques instants sur le résultat de l’analyse de l’UWE, dans le but de confronter le monde politique et le monde économique dans un débat à l’issue duquel on aura identifié nos marges de manœuvre pour créer à travers les compétences régionales un cadre favorable aux exportations.

    Entre 2002 et 2008, les exportations wallonnes ont progressé de 5.5 % par an, pour atteindre en 2008 un volume de 39.8 milliards d’euros. Ce qui fait augmenter la quote-part des exportations wallonnes dans les exportations belges de 0.2 % par an, atteignant un volume de 23 % du PIB belge. A partir du quatrième trimestre 2008 et surtout durant l’année 2009, les exportations ont reculé de 21.2 % suite à la crise économique déclenchée par cette crise bancaire. Ceci n’est pas anormal comparé aux chutes des exportations allemandes, françaises, anglaises ou autres.

    70 % des exportations wallonnes sont destinées à la zone Euro, soit une zone de proximité, ou à 80 % si l’on se réfère à l’UE 15 (principalement la France, l’Allemagne, les Pays Bas). Certains vont jusqu’à dire que le meilleur plan wallon de relance est fait à …. Berlin ! Ceci illustre la bonne présence des entreprises wallonnes sur les marchés dits matures mais illustre aussi la faiblesse ou le manque d’ambition d’exporter au-delà de l’U.E. 15 ou de la zone Euro, notamment vers l’Est de l’Europe comme vers la Chine, l’Inde ou le Brésil (où le potentiel de gagner du terrain est évidemment important).

    Regardant de plus près, on constate que ce sont quelques secteurs tels que les métaux et les dérivés, l’industrie chimique, les machines et appareils ou encore les matières plastiques qui expliquent l’essentiel des exportations wallonnes. A l’inverse, on observe que d’autres secteurs restent à la traine. S’il est évident qu’il ne faut pas perdre des parts de marché là où on est déjà fort, il est tout aussi logique qu’il faut conquérir de nouveaux marchés avec une nouvelle gamme de produits. La première des questions à poser est de savoir si les six pôles de compétitivité tels qu’identifiés dans le cadre du Plan Marshall collent bien avec les secteurs où la Wallonie doit défendre sa position. Ou si les pôles de compétitivité permettent suffisamment de diversifier l’activité économique, en ce compris celle qui va vers l’exportation, de façon à réduire une trop grande spécialisation sur quelques domaines nous rendant vulnérable à l’égard des fluctuations cycliques du marché international (comme c’est p.ex. le cas pour l’acier).

    Ainsi, l’UWE plaide pour l’ouverture vers de nouveaux marchés en Asie, en Afrique ou en Amérique latine comme elle plaide en faveur d’une politique qui vise à assurer une meilleure présence sur le marché international d’autres produits de haute gamme par exemple issus du secteur du pharmaceutique. Ce qui ne va pas sans investir dans la compétitivité et dans l’innovation, fruit de la R&D.

    Qu’est-ce que les entreprises attendent de nous à cet égard ? La plupart des entreprises sont des entreprises manufacturières souvent trop peu orientés vers l’exportation au-delà des zones citées. Les grandes entreprises, si elles exportent et si elles exportent loin, c’est bien souvent en créant des filiales commerciales à l’étranger pour être plus proches de ces marchés. Il semblerait que la Wallonie soit une plate-forme d’exportation pour des entreprises étrangères qui se sont implantés chez nous, qui sont donc sous influence étrangère. De ces constats peut-on déduire qu’il faut encourager les entreprises wallonnes à créer des filiales commerciales à l’étranger ? Et qu’il faut surtout attirer des investisseurs étrangers qui veulent produire chez nous et ensuite exporter ?

    Comment aider les PME de développer leur volume d’exportations ? Est-ce une question de coût lié à la prospection à l’étranger ? Ou est-ce des prix insuffisamment compétitifs ? Ou est-ce un manque de ressources humaines ?

    Quoi qu’il en soit, il semblerait qu’on devrait favoriser une politique d’embauche focalisée pour une grande partie sur le renfort les ressources humaines qui constituent les équipes d’exportation. Ce qui, sur le plan du concret, passe par un renfort des ressources humaines dédicacées à la prospection commerciale, à la recherche d’informations résultant p.ex. d’études de marché, etc. Plus, l’entreprise est petite, plus elle éprouvera des difficultés à faire face à ce type de coûts.

    Monsieur le Ministre a-t-il connaissance de la publication de l’UWE ? Ses conclusions lui semblent-elles pertinentes ? Par quelle stratégie politique va-t-il réagir par rapport à ses constats et propositions ?
  • Réponse du 16/11/2010
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Les exportations des sociétés wallonnes sont en bonne santé, et cela depuis le milieu des années nonante. En effet, de 1996 à 2009, la croissance moyenne des exportations wallonnes (+ 6,4 %) est supérieure à celle des régions qui composent notre panier de référence habituel, soit l'Allemagne (+ 5,9 %), les Pays-Bas (+ 5,9 %), la Flandre (+ 4,9 %), l'UE15 (+ 4,7 %) et la France (+ 3,7 %). Il en résulte que les entreprises wallonnes ont augmenté leurs parts de marché à l'étranger face à leurs concurrents européens depuis plus d'une décennie.

    Confrontées à une conjoncture internationale exceptionnellement mauvaise l'année dernière, les entreprises wallonnes ont tiré profit jusqu'à aujourd'hui du redressement progressif de l'économie mondiale. Les exportations wallonnes ont ainsi affiché une augmentation de 19,4 % au cours du premier semestre 2010. Cela représente notre plus forte croissance semestrielle depuis exactement dix ans, soit depuis le premier semestre 2000 (+ 21,9 %), et confirme, sans aucun doute, que nos exportations sont clairement en phase de reprise dans le sillage du redressement sensible du commerce international et de la production mondiale depuis fin 2009.

    Toutefois, selon l'étude de l'UWE, malgré un bon bilan général, les exportateurs wallons manqueraient d'ambition, principalement en termes de présence sur les marchés dits à la grande exportation situés en dehors des zones commerciales européennes traditionnelles. Ces conclusions ne s'appliquent pourtant aucunement à l'évolution géographique des exportations wallonnes depuis le milieu des années nonante.

    En effet, l'orientation géographique des exportations wallonnes sur le long terme (de 1996 à 2009) va clairement dans le sens d'un accroissement de leur diversification vers les marchés émergents prometteurs, tels que les BRIC. Depuis 1996, les exportations des firmes wallonnes hors UE15 progressent à une cadence beaucoup plus rapide (+ 9,5 %) que celle de nos ventes au sein de l'UE15 (+ 5,6 %). De 1996 à 2009, les exportateurs wallons affichent de très bons scores dans l'ensemble des régions hors UE15, surtout en Europe centrale et orientale (+ 13,1 %), en Amérique du Nord (+ 12,8 %), en Amérique latine (+ 9,8 %) et en Extrême-Orient (+ 7,9 %). Quant aux marchés des BRIC, nos exportations y ont augmenté en moyenne de 12,8 % de 1996 à 2009. La part des 4 pays BRIC dans le total du commerce extérieur wallon a presque doublé depuis plus d'une décennie, passant de 1,8 % à 3,4 %. Les Etats-Unis sont notre quatrième client, tandis que la Chine est devenue notre 10ème partenaire commercial, juste derrière la Pologne, alors qu'elle occupait le 17ème rang en 1996.

    Le poids des régions hors zone UE15 dans la contribution à la croissance de notre commerce extérieur est substantiel depuis le milieu des années 1990: les marchés hors UE15 ont assuré 30 % de la croissance des exportations wallonnes de 1996 à 2009. Il en résulte que les régions hors UE15 représentent maintenant plus de 25 % du total des exportations wallonnes, comparativement à 18 % voilà 14 ans.

    Cela révèle sans ambiguïté que, malgré la conjoncture très morose l'année dernière, nos entreprises sont demeurées audacieuses à la grande exportation en tirant profit des opportunités de marchés existants dans les pays émergents qui ont été dans l'ensemble moins affectés par la crise financière.

    Le soutien à la prospection commerciale des exportateurs wallons hors de leurs sphères commerciales européennes traditionnelles est ainsi un objectif majeur de la Région wallonne, accentué depuis 2009 dans le sillage de la capacité de résistance et de rebondissement plus forte des pays émergents et en développement, face à la crise financière.

    En 2010, plus de 60 % du programme d'actions commerciales de l'AWEx fut en conséquence réalisé dans des régions situées à l'extérieur de l'UE15. La volonté d'amplifier la présence des firmes wallonnes sur des marchés plus lointains et difficiles se traduit par l'organisation de 28 actions dans les poids lourds de l'économie mondiale émergente que sont les BRIC. Parmi les marchés à la grande exportation, une attention toute particulière est portée à l'Extrême-Orient avec 48 actions (20 % du programme) qui représentera encore dans les années à venir le premier pôle de croissance de l'économie mondiale. Le Proche et le Moyen-Orient sont la cible de 16 actions, tandis que les marchés d'Afrique, avec 20 actions en 2010, sont aussi largement pris en considération. Quant à l'Amérique latine et l'Amérique du Nord, 16 actions y seront respectivement réalisées.

    La même orientation vers la prospection des marchés émergents et en développement sera poursuivie et même intensifiée dans le programme d'actions 2011 de l'AWEx, soit 65 % du programme d'actions.

    Comme le mentionne l'étude de l'UWE, outre l'exportation classique, la création d'une filiale à l'étranger est la démarche la plus courante choisie par les sociétés wallonnes pour l'accès aux marchés internationaux. Afin de soutenir ce mode d'internationalisation des entreprises, la Région wallonne a renforcé l'action de la SOFINEX, qui peut intervenir soit par un financement direct de l'entreprise, soit par une garantie en couverture de crédits d'investissements à l'étranger.

    Quant à l'attraction d'investisseurs étrangers, producteurs et exportateurs, soulignons que les entreprises étrangères établies en Wallonie représentent 75 % du chiffre d'affaires wallon et près de 65 % des exportations wallonnes. Ceci est en grande partie le reflet du haut degré d'internationalisation de l'économie wallonne due à sa position centrale en Europe.

    Ces entreprises étrangères entraînent ainsi une augmentation de la capacité exportatrice de notre région avec toutes les conséquences indirectes positives que cela comporte en matière de sous-traitance, de notoriété et de stimulant pour les entreprises domestiques. A cette fin, la politique de soutien à l'exportation est également développée comme un facteur d'attraction dans la recherche et l'accueil d'investisseurs étrangers.

    Par ailleurs, dans le cadre du Plan Marshall 2.vert, un projet de dispositifs de soutien adaptés aux besoins des investisseurs provenant de marchés spécifiques comme la Chine, l'Inde, le Japon, les Etats-Unis et le Brésil, a été développé afin de continuer à positionner la Wallonie à l'international et à attirer les investisseurs étrangers dans notre Région.

    Quant à la question de savoir si les six pôles de compétitivité tels qu'identifiés collent bien avec les secteurs où la Wallonie doit défendre sa position, la réponse ne peut être qu'affirmative. Préalablement à la création des cinq pôles de compétitivité dans le cadre du Plan Marshall, une étude scientifique avait identifié ces cinq domaines économiques porteurs dans lesquels la Wallonie, à travers des projets innovants, pouvait exceller à l'échelle européenne ou internationale. Le sixième pôle consacré aux technologies environnementales répond à ce même objectif. Bien que ces cinq secteurs soient fortement soutenus pour la prospection commerciale, il est important de rappeler que la Région offre la possibilité aux entreprises de toutes tailles et oeuvrant dans tous les secteurs d'activités de bénéficier de soutiens à l'exportation.

    Ensuite, concernant les aides aux PME pour développer leur volume d'exportations, la Wallonie propose déjà un éventail de soutiens financiers et logistiques adaptés à tous les stades de la démarche exportatrice des PME (savoir-faire, formation, promotion, prospection).

    Actuellement, le dessein majeur de la Région est de rendre les entreprises wallonnes plus performantes et plus professionnelles à l'exportation en organisant chez les PME le « déclic export » et la rationalisation de la « démarche export ». Cet objectif vise notamment à accompagner les PME dès leurs premières initiatives à l'international et à les préparer à aborder les marchés étrangers dans les meilleures conditions possibles. Cette approche se traduit par l'identification des capacités et besoins des PME wallonnes, afin de leur tailler, en partenariat avec elles, un « costume sur mesure » grâce à divers services, tels que l'information des centres régionaux, la disponibilité des services centraux et du réseau des attachés économiques et commerciaux, l'opportunité de bénéficier d'incitants financiers, la mise à disposition d'experts en commerce extérieur ou en stratégie à l'exportation, l'organisation de formations linguistiques et l'amélioration de l'approche culturelle des négociations commerciales à l'étranger.

    A titre d'exemple, le nombre d'incitants financiers octroyés par la Région a littéralement explosé depuis 10 ans (+ 130 %) passant de 1.718 en 1999 à 3.968 en 2009. La progression est également significative sur la même période en ce qui concerne la participation des entreprises aux réunions d'information (+ 107 %), le nombre de pays prospectés (+ 44 %), le nombre d'actions (+ 29 %) et le nombre d'entreprises bénéficiaires des services de l'AWEx (+ 17 %).

    Toujours d'après l'étude de l'UWE, remarquons à cet égard que les soutiens à l'exportation de l'AWEX sont fortement utilisés et appropriés, et donc en phase avec les besoins des entreprises wallonnes.