/

Les bioénergies

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2010
  • N° : 102 (2010-2011) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 10/11/2010
    • de STOFFELS Edmund
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    Biowanze : c’est le synonyme d’une politique de diversification et des énergies renouvelables. Lancé en printemps 2009, le projet caractérise l’ambition du Gouvernement de l’époque. Après une phase test, l’outil - transformant des denrées agricoles en bioénergie - tourne maintenant à 100 % de son rendement (source : Plein Champ) et nous promet demain d’aller au-delà.

    Clarifions ! L’outil est le bienvenu, car il ouvre de nouvelles perspectives en matière de production agricole. Perspectives que j’ai toujours défendu au sein de notre parlement et que je souhaite, par ailleurs, voir s’amplifier à l’avenir.

    Reste un bémol : les surfaces qui serviront à produire des plantes énergétiques (de quel type que ce soit) ne serviront plus à produire des denrées alimentaires. Dans certaines sous-régions en Allemagne, où la politique de la production de plantes bioénergétiques est déjà plus avancé, on me rapport qu’il y a une concurrence de plus en plus rude qui s’installe entre « agriculteurs » et « énergiculteurs » - ayant pour conséquence que les prix de location de terrains explose pour les uns et pour les autres, réduisant ainsi p.ex. les marges bénéficiaires des producteurs de lait. La question se pose évidemment de façon plus aiguë s’il s’agit de terres fertiles pour les deux types de production. Si, par contre, les terres réservées à a production de plantes énergétiques ne se prêtent pas à la production de denrées alimentaires, la question ne se pose pas de la même façon.

    Mon propos n’est pas de critiquer, mais d’attirer l'attention de Monsieur le Ministre sur cette particularité qui risque de se poser tôt ou tard chez nous aussi. A-t-il été alerté par cette question ? Se pose-t-elle déjà en Région wallonne ? N’est-il pas utile d’étudier comment nos voisins se sont attaqués au problème ? Ce qu’ils ont mis en place pour atténuer cette concurrence nocive à tous les producteurs ?
  • Réponse du 02/12/2010
    • de LUTGEN Benoît

    En Wallonie, l’accroissement de la demande pour les productions végétales destinées à des utilisations énergétiques (blé, maïs plante entière, …) ne se traduit pas encore de manière très significative par des hausses de prix offerts pour des mises à disposition de parcelles de terres arables.

    Les agriculteurs des régions de culture recherchant des « contrats » pour des productions diverses (légumes, lin, pomme de terre, maïs, …) ont pour habitude de mettre en concurrence les différents opérateurs pour obtenir les offres les plus avantageuses, et ce compte tenu des prix pratiqués pour les céréales, les betteraves sucrières, les chicorées, etc. Ils prennent également en compte le caractère « tête de rotation » de la culture, l’état du sol après la récolte (dégradation éventuelle de la structure), la garantie de paiement offerte par l’opérateur, etc.

    En ce qui concerne Biowanze, il faut tenir compte du fait que la production de bioéthanol s’accompagne de la mise sur le marché de tonnages extrêmement importants d’un coproduit (Protiwanze) pouvant être utilisé dans l’alimentation des bovins, et ce à un prix avantageux.

    Enfin, force est de constater que les intérêts des producteurs de végétaux (fourrages, céréales, …) sont en partie contradictoire avec ceux des éleveurs. Lorsque les prix des produits végétaux sont élevés, les coûts de production des éleveurs augmentent et lorsque les prix des produits végétaux sont faibles, les coûts de production des éleveurs diminuent.

    C’est aussi la raison pour laquelle j’encourage les éleveurs à accroître leur autonomie alimentaire, notamment, en améliorant la qualité de leur fourrage (par exemple en soutenant les activités de conseils de l’asbl « Fourrage mieux »).

    Outre les projets TEXBIAG (bioénergie en agriculture), ENERBIOM (itinéraires de production agricole de biomasse énergie prenant en compte les différentes dimensions agro-écologiques), BioETHA-2 (rôle et place des biocarburants de seconde génération en Wallonie, et types de filières adaptées au contexte wallon), le CRA-W réalisera en 2011 une étude portant précisément sur les impacts environnementaux et socio-économiques de scenarii de filières de valorisations alimentaires et non-alimentaires des céréales en Wallonie.