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La légionellose

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2010
  • N° : 101 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 24/11/2010
    • de STOFFELS Edmund
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    La légionellose, la maladie des légionnaires, est causée par une bactérie qui se propage dans de l’eau tiède. Si la température de l’eau est portée au-delà de 60 °, cette bactérie meurt.

    Il s’agit d’une maladie dangereuse, puisque mortelle.

    La seule réglementation qui existe chez nous en la matière concerne les bassins de natation. Deux fois par an, on y recherche si la bactérie existe dans les installations de douche.

    Dès que le seuil de 1.000 bactéries par litre d’eau est franchi, l’alarme est déclenchée.

    Bon nombre de concitoyens ne sont pas conscientisés ni par rapport au risque, ni par rapport aux remèdes. Et pourtant, les risques sont bien réels, même si le nombre « d’accidents » reste – fort heureusement – assez limité. Au domicile des citoyens, la Région wallonne n’a prévu ni contrôle, ni aide ou information.

    Or, il s’avère que de plus en plus de citoyens ont tendance à chauffer l’eau sanitaire par le soleil. C’est bien, parce que cela réduit les émissions de GES. Mais cela peut aussi constituer un risque dans la mesure où – par un temps avec beaucoup de nuages – la température de l’eau ne monte pas au-dessus de 40°-50 ° (et ce, pendant des jours, parfois pendant plus qu’une semaine), ce qui constitue un milieu idéal pour la bactérie de se multiplier (à moins que la température de l’eau passe régulièrement au-dessus des 60 ° via la chaudière, à condition que celle-ci n’est pas coupée pendant les mois d’été).

    Monsieur le Ministre dispose-t-il d’un bilan qui permet de détecter combien il y a des accidents au domicile liés à la présence de légionellose dans l’eau sanitaire ?

    N’est-il pas utile de mieux sensibiliser celui qui investit dans la production d’eau chaude par le soleil, comment il peut se mettre à l’abri de la légionellose ? Un moment idéal est le moment où l’aide de la Région wallonne est sollicité. Ou encore lors du passage d’un estimateur dans le cadre d’une demande de prime au logement. Ou encore en coopération avec les communes.
  • Réponse du 15/12/2010
    • de NOLLET Jean-Marc

    La bactérie dénommée 'légionella pneumophila' est naturellement présente dans l'eau des lacs, rivières, ruisseaux, sources chaudes, sols, et même le terreau de rempotage. Toute présence de légionelles dans l'environnement n'implique heureusement pas systématiquement la légionellose pour les personnes exposées. La survenue de l'infection dépend de plusieurs facteurs: le degré de contamination de l'eau, la formation d'aérosols d'eau chaude permettant la dissémination de la bactérie par voie aérienne, les facteurs liés à l'hôte - l'immuno-dépression, le tabagisme, l'âge, ... - et la virulence de la souche de légionelle en cause. Les données sanitaires en possession de la Région et de la Communauté française ne permettent pas d'apprécier le nombre total de cas avérés.

    La bactérie se multiplie essentiellement à partir d'une température de 20 à 25°C, avec un développement optimal vers 37° C. A des températures plus élevées, la bactérie est tuée : en laboratoire, à 50°C, 90% d'une population de bactéries en suspension dans l'eau est décimée endéans les 6 heures; à 60°C, ce délai est ramené à 5 minutes, et à 80°C, à 30 secondes.

    L'infection résulte de l'inhalation d'aérosols d'eau chaude contaminés par des légionelles. La bactérie voyage dans l'eau froide et se multiplie en colonisant les biofilms (mélange de bactéries, algues et autres structures) présents dans les réseaux de distribution d'eau, des tours aéroréfrigérantes, des systèmes de climatisation, des humidificateurs, des pommeaux de douches, des bains bouillonnants et divers autres dispositifs contenant de l'eau chaude.

    Les boilers solaires présentent des conditions de fonctionnement qui, particulièrement pendant certaines périodes, peuvent être propices au développement de la bactérie. Néanmoins, d'autres éléments d'une installation sanitaire, même classique, peuvent être exposés au même problème, en raison d'une conception inadéquate ou d'un équipement obsolète favorisant la stagnation de l'eau et ne garantissant pas une température suffisante.

    Gérer le risque, c'est d'abord agir en fonction du niveau de risque qui, en l'occurrence, dépend de l'affectation du bâtiment, des caractéristiques de l'installation et de la fréquentation de l'installation. Les grandes installations, les établissements abritant les personnes les plus fragiles (enfants, personnes hospitalisées, personnes âgées) ou accueillant une concentration de personnes exposées à l'eau (bâtiments sportifs dotés de douches par exemple), ainsi que les tours de refroidissement et les systèmes de climatisation avec humidification requièrent une attention particulière. Le gouvernement a déjà pris une série de dispositions concernant les piscines et les installations de refroidissement par dispersion d'eau dans un flux d'air. Le cahier des charges-type en matière de bâtiments publics, en cours d'élaboration avec l'appui technique du Centre scientifique et technique de la Construction (CSTC), devrait quant à lui comporter des dispositions utiles pour prévenir les risques environnement-santé dans divers types de bâtiments.

    Quelles que soient les installations et la réglementation, il importe par ailleurs que les professionnels soient correctement formés aux meilleures techniques et à la gestion des risques, et que le grand public soit conscientisé. De manière générale, la Cellule permanente environnement-santé instituée par le Gouvernement au Secrétariat général du SPW est chargée d'évaluer les besoins de formation en matière de gestion des risques environnement-santé, et de formuler des propositions en collaboration avec les administrations concernées et les organismes compétents. Elle est également chargée de développer une information sur le risque à l'attention du grand public au travers d'un portail; les thématiques prioritaires d'information doivent être définies en concertation avec les Ministres de la Santé et de l'Environnement.

    Le CSTC a programmé quant à lui la révision du code de bonne pratique pour l'installation de chauffe-eau solaires (note d'information technique 212) dans lequel un chapitre légionellose devrait s'ajouter, et qui pourra servir à la formation des professionnels. La mise à jour et la traduction française d'un recueil des meilleures techniques disponibles en matière de lutte contre la légionellose pour les grandes installations est également envisagée.

    Je veillerai en tout cas, dans le cadre du nouvel arrêté ministériel SOLTHERM en préparation, à apporter une exigence de régulation de l'appoint de chauffage de l'eau sanitaire pour les nouvelles installations solaires. Cette exigence pourrait permettre d'atteindre régulièrement (par exemple une fois par semaine) une température de 60°C afin de tuer les éventuelles bactéries présentes.