/

L'énergie grise

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2010
  • N° : 125 (2010-2011) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 07/12/2010
    • de STOFFELS Edmund
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    L'énergie grise est utilisée lorsque l'on veut faire l'écobilan d'un produit ou d'une activité. L'énergie grise est un concept qui a été développé afin de permettre de mieux cerner l'impact énergétique d'un produit. Le calcul de l'énergie grise prend en compte le plus possible de facteurs relatifs à la fabrication, l'usage et au recyclage du produit. Tous ces facteurs additionnés permettent d’évaluer l'énergie grise, soit l'énergie consommée par un produit.

    Il s’agit d’éviter qu’un bâtiment soit déclaré performant en matière de PEB, s’il a été réalisé avec des matériaux de construction dont la production a nécessité une quantité plus importante d’énergie que le bâtiment n’est capable d’économiser endéans un délai raisonnable.

    Les constructions en ossature bois demanderont par exemple moins d’énergie grise que les constructions en béton, en acier ou avec des éléments en aluminium.

    Jusqu’à présent, dans les textes sur les éco-primes, les éco-prêts, les certificats PEB … on ne fait nulle part référence à la notion d’énergie grise, alors qu’elle devrait faire partie intégrante de nos réflexions sur les émissions CO2 et les économies d’énergie.

    La notion d’énergie grise sera-t-elle intégrée dans les réflexions et dans les textes réglementaires? Ou cette notion risque-t-elle de trop compliquer la mise en œuvre de la politique régionale en matière de PEB ?
  • Réponse du 27/12/2010
    • de NOLLET Jean-Marc

    1) L'énergie grise.

    Il est vrai que l'énergie grise est un concept qui a été développé afin de permettre de mieux cerner l'impact énergétique d'un produit. L'énergie grise correspond à la somme de toutes les énergies nécessaires à la production, à la fabrication, à l'utilisation et enfin au recyclage des matériaux ou des produits industriels. L'énergie grise est utilisée également lorsque l'on veut faire l'écobilan d'un produit ou d'une activité.

    Mais le calcul de l'énergie grise n'est pas quelque chose d'évident et simple car il inclut des facteurs comme le transport qui, pour le même type de produits, peut par exemple varier d'une cargaison à l'autre. Ce que l'on recherche avec le concept d'énergie grise est davantage un ordre de grandeur de l'énergie utilisée par un produit tout au long de son cycle de vie plutôt qu'une valeur précise, et ce afin de pouvoir choisir le produit le plus avantageux selon ce critère.

    S'il est vrai que la définition de l'énergie grise d'un produit permet de faire des choix plus écologiques, la prise en compte des énergies grises réelles elle à contresens de certaines idées préconçues. Par exemple, on entend souvent dire "Aujourd'hui les voitures polluent moins". Mais cette affirmation ne prend en compte la plupart du temps que la consommation de carburant et l'émission de CO2. Si l'on prend en compte l'énergie grise de tous les gadgets des voitures actuelles (autoradio, vitres électriques, tableau de bord électronique, systèmes de sécurité etc.) on obtient une énergie grise globale pour la voiture bien plus importante que celle des voitures fabriquées il y a 30 ans.



    2) Prise en compte dans la réglementation PEB.

    La réglementation PEB actuelle, qui découle de la Directive européenne 2002/91/CE, a pour but l'amélioration de la performance énergétique des bâtiments. Pour cela, en respect de cette Directive, les 3 régions belges ont fait le choix commun d'une méthode de calcul qui permet d'évaluer la quantité d'énergie primaire effectivement consommée ou estimée pour répondre aux différents besoins liés à une utilisation standardisée du bâtiment. Dans cette optique, une comparaison des bâtiments entre eux ou par rapport aux exigences PEB nécessite d'évaluer chaque projet en se basant sur des hypothèses communes. L'énergie grise, de même que l'écobilan du bâtiment ne sont pas pris en compte dans ce cadre. La quantité de CO2 émise par la consommation énergétique du bâtiment en fonction du choix des sources d'énergie peut toutefois être calculée et figure également dans le certificat PEB des bâtiments résidentiels existants.

    Enfin, si la 1e Directive PEB, à l'origine de la réglementation PEB, ne précisait pas quel type d'énergie devait être utilisée pour permettre d'évaluer la performance énergétique des bâtiments, la nouvelle directive PEB 2010/31/UE (qui est une refonte de la Directive précédente) précise clairement que [ ... La performance énergétique d'un bâtiment est exprimée clairement et comporte un indicateur de performance énergétique et un indicateur d'utilisation d'énergie primaire, ... ] (annexe 1 - alinéa 2). En adoptant dès le départ dans ses textes réglementaires le concept d'énergie primaire, le Gouvernement wallon s'est donc inscrit en précurseur dans la lignée de la philosophie de cette nouvelle Directive européenne qui devra être transposée dans notre législation pour juillet 2012.

    La Région met toutefois à disposition des concepteurs des outils d'aide à la décision permettant de choisir les matériaux ou les systèmes les plus avantageux du point de vue environnemental. L'eco­bilan des matériaux et des logements neufs fait notamment l'objet d'un guide pratique (guide de la conception de maisons neuves durables) réalisé par l'UCL (Architecture et climat) publié par la DGO4 et disponible sur le site www.energie.wallonie.be. L'énergie grise des matériaux et donc des parois et du bâtiment y est prise en compte.

    Ces concepts sont également repris dans le CD Energie+ destiné plutôt aux gestionnaires de bâtiments du secteur tertiaire ainsi que dans le guide relatif à la rénovation énergétique des logements qui sera bientôt publié.



    3) Les primes et les éco-prêts

    Dans le cadre des primes relatives à l'isolation thermique des bâtiments octroyées par la Région wallonne, une surprime de 3 euros/m2 est appliquée lorsque des matériaux isolants naturels sont utilisés.

    Une démarche est actuellement en cours vers les fabricants de matériaux isolants afin qu'ils transmettent les caractéristiques de leurs produits afin d'établir le caractère « naturel » de ceux-ci sur la base d'un questionnaire en ligne, Ce questionnaire, s'il est complété permettra plus globalement d'établir une première approche de l'écobilan, incluant l'énergie grise.