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La présence du castor du Canada (castor canadien) en Wallonie

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2010
  • N° : 157 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 07/12/2010
    • de STOFFELS Edmund
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    Lorsque les hommes tentent de réparer ce qu’ils ont détruit, ils ne savent pas toujours si le résultat effectif correspondra au résultat souhaité.

    C’est particulièrement le cas lorsque l’homme organise une invasion d’espèces exotiques, plus prolifiques, qui vont remplacer progressivement les espèces indigènes. Ce n’est qu’en 1973 que la différence entre les deux espèces a été constatée.

    Exemple frappant : le castor canadien. Il remplace peu à peu le castor autochtone. Depuis le nord de l’Europe, où il a été introduit en 1935, il se répand vers nos contrées – à moins qu’on l’arrête.

    Natagora s’est engagé dans une stratégie de recensement des populations par une méthode non invasive, développée par les Grand Ducaux. Chez nos voisins en Rhénanie Palatinat, tous les échantillons récoltés appartiennent à l’espèce canadienne. Au Luxembourg, les résultats sont mixtes. Mais le castor canadien est en train de franchir les frontières. L’invasion en Wallonie le long des rivières est imminente. Faut-il maintenant des mesures pour protéger l’espèce indigène ?

    Et pourquoi ? Le castor contribue à la biodiversité et à la diversité des habitats. Même si un laïc peut confondre les deux espèces, il paraît qu’elles ont des comportements différents à l’égard d’autre espèces animales ou végétales. Ce qui risque évidemment de provoquer des réactions en cascade.

    Quelles seront donc les mesures au moyen desquelles la Région wallonne va protéger le castor eurasien contre l’invasion de son cousin de Canada ?
  • Réponse du 04/01/2011
    • de LUTGEN Benoît

    L’apparition d’espèces exotiques constitue une source de perturbations des écosystèmes avec des implications sur les espèces indigènes en place, sur les habitats et sur les activités humaines (dégâts, problèmes sanitaires, …).

    Pour ce qui est du castor il existe effectivement une espèce indigène : le castor eurasien (Castor fiber), et une espèce exotique : le castor américain (Castor canadensis). Ces deux espèces sont morphologiquement très proches au point de ne pouvoir les différencier valablement que lors de manipulations ou d’analyses génétiques.

    Le castor canadien est notamment apparu en Europe au début du XXe siècle à la faveur d’opérations qui visaient la réintroduction du castor en Europe là où il avait disparu. Ce fut notamment le cas en Finlande où quelques castors canadiens furent relâchés et se sont montrés concurrents en termes d’habitat vis-à-vis du castor eurasien. Cet exemple de concurrence inter-spécifique démontre à souhait la vigilance à consacrer à ces invasions biologiques qui pourraient hypothéquer à terme le maintien d’une espèce protégée à l’échelon européen (Directive Habitat 92/43 – annexes 2, 4 et 5).

    Les résultats publiés dans les colonnes du magazine Natagora font écho d’un plan de gestion du castor canadien entrepris par les services de l’administration wallonne en collaboration avec l’Université de Liège afin d’évaluer le caractère invasif du castor canadien. Pour des raisons de coût et d’efficacité, c’est l’analyse moléculaire qui a été utilisée pour différencier les deux espèces. Sur une septantaine d’échantillons de poils recueillis dans les différents sites de la frontière belgo-allemande mais aussi ailleurs en Wallonie, la présence du castor canadien a seulement été mise en évidence dans quatre sites limités à la zone frontalière.

    Le phénomène semble par conséquent tout à fait limité pour l’instant. De plus, il semble que ces individus aient une origine commune (même haplotype). Sur base de l’avis d’experts étrangers et après concertation entre les trois pays concernés, la décision de retirer ces animaux des sites occupés a été prise. Cette décision rejoint également la recommandation n°77 de la Convention de Berne en matière d’élimination de vertébrés terrestres non-indigènes (1999). Des contacts avec la plate-forme de coordination des parcs zoologiques européens (EAZA) n’ont cependant pas permis de trouver un point d’accueil pour les animaux capturés qui ont dû être euthanasiés. Actuellement, deux sites ont été vidés, les deux autres le seront prochainement. La phase de vigilance se poursuivra néanmoins par la confirmation des nouveaux sites apparaissant dans cette zone.

    De cette problématique, il ressort que la population de castors en Wallonie correspond bien à l’espèce indigène (à l’exception des quelques cas évoqués ci-dessus), à savoir Castor fiber, qui, par son statut d’espèce protégée, nécessite un suivi pour garantir l’état favorable de ses populations tout en tenant compte de plus en plus largement de la gestion des conflits naissants inhérents à ses activités.