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L'agroforesterie en Wallonie

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2010
  • N° : 167 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 07/12/2010
    • de TROTTA Graziana
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    Le développement de l'ère agro-industrielle s'est accompagné d'une suppression généralisée des arbres des superficies cultivées. Pourtant, aujourd'hui certains défendent l'agroforesterie, consistant à intégrer des arbres, arbustes ou haies à des parcelles à vocation agricole (cultures ou pâtures).

    Ceux-là considèrent en effet que l'agroforesterie constitue un moyen de répondre à une série de défis actuels en matière d'agriculture.

    Selon ses promoteurs, cette activité posséderait des avantages tant sur les plans agricole que forestier ou environnemental.

    Sur le plan agricole, l'agroforesterie se traduit notamment par une diversification des activités des exploitants agricoles, par un enrichissement du sol en matière organique ou encore par un effet brise-vent bénéfique tant pour les cultures que pour les animaux.

    Sur le plan forestier, on observe notamment une accélération de la croissance des arbres et une amélioration de la qualité du bois produit.

    Enfin, sur le plan environnemental, on soulignera la contribution à la protection des sols, l'amélioration de la biodiversité ou encore la séquestration du carbone.

    Il semble par ailleurs qu'un projet agroforesterie bien mené s'avère compatible avec tout système mécanisé de récolte et de traitement des productions agricoles.

    Par conséquent. je souhaiterais poser les questions suivantes à Monsieur le Ministre.

    En Wallonie, quelle est la proportion de parcelles agroforestières par rapport aux productions agricoles (cultures, prairies) ?

    Le développement de l'agroforesterie est-il encouragé et promu en Wallonie ? Est-il soutenu par l'Union européenne?

    Que pensent les experts agronomes, d'une part, et la Fédération wallonne de l'agriculture, d'autre part, de cette activité?

    Il me revient que les réglementations wallonnes en matière agricole ne sont pas adaptées à un développement de l'agroforesterie. Monsieur le Ministre compte-t-il prendre une initiative pour adapter celles-ci ?
  • Réponse du 04/01/2011
    • de LUTGEN Benoît

    L’agroforesterie présente, tant du point en vue économique qu’écologique, des avantages et des inconvénients.

    Au niveau économique, elle permet de produire du bois de qualité en pratiquant des tailles de formation et des élagages progressifs en hauteur. En milieu agricole, un suivi régulier peut être apporté grâce à la présence en permanence de l’agriculteur sur le terrain. Le bois d’élagage peut être utilisé comme bois-énergie ou transformé en « bois raméal fragmenté » pouvant servir de « mulching » ou être incorporé aux sols agricoles comme source de carbone. En outre, les systèmes agroforestiers peuvent fixer de 1,5 à 4 tonnes de carbone par hectare et par an. Les recherches menées en France montrent également que 100 hectares en agrofresterie donnent une biomasse globale équivalente à 135 hectares de cultures séparées de céréales et de bois.

    Au niveau écologique, l’agroforesterie est intéressante en ce qui concerne les corridors de biodiversité et les zones refuges qu’ils représentent. L’agroforesterie constitue un frein à l’érosion des sols en constituant des obstacles au ruissellement des eaux et au vent). Les rendements globaux en culture ne sont pas diminués et un meilleur confort est apporté au bétail.

    Par contre, le développement racinaire lié à l’agroforesterie limite son développement de par la difficulté et le coût de remise en état en vue d’un labour.

    On constate dès lors que l’agroforesterie offre des avantages, mais que son développement reste toutefois marginal. Cela s’explique par le caractère particulier de ce système qui n’est pas bien adapté aux modes de production que nous connaissons en Wallonie. Cette pratique est possible dans le cadre règlementaire actuel, mais très peu d’agriculteurs en font usage. Pour être complet, j’ajouterai que dans le cadre du régime de paiement unique, les parcelles boisées avec une densité de moins de 50 arbres à l'hectare sont éligibles et peuvent activer les droits au paiement unique.

    Les mesures d’aides spécifiques pourraient être réfléchies dans le cadre du nouveau programme de développement rural, comme je l’ai expliqué de façon détaillée à M. Dupriez le 8 novembre dernier en Commission lorsqu’il m’interrogeait sur la création d’une nouvelle mesures agri-environnementales pour l’agroforesterie.