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La propagation de la bactérie NDM-1

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2010
  • N° : 73 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 15/12/2010
    • de LENZINI Mauro
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    Il y a quelques semaines la presse évoquait la dangerosité d'une bactérie dénommée NDM-1.

    Ce vendredi 19 novembre, la RTBF communiquait une information sur cette bactérie en évoquant une épidémie possible au niveau européen.

    Madame la Ministre peut-elle me dire quelle maladie cette bactérie provoque? Doit-on déplorer des cas en Wallonie? Sans vouloir être alarmiste, existe-t-il en Wallonie un organisme chargé de contrôler son apparition et/ou sa propagation?

    Par ailleurs,j'interrogerai également le Ministre Nollet sur ses intentions vis-à-vis de la recherche en la matière sachant que cette bactérie tire son nom de l'enzyme qui lui confère une multi résistance (B-LACTAMASE) et que plusieurs laboratoires wallons de réputation internationale tant industriels qu'universitaires sont à la pointe dans ce secteur.
  • Réponse du 10/01/2011
    • de TILLIEUX Eliane

    En introduction, la compétence relative à la prophylaxie des maladies infectieuses relève de la Communauté française mais le fédéral joue aussi un rôle notamment avec le point focal national unique.

    La bactérie de type NDM-l, ou New Delhi Métallo-Beta-Lactamase n'est pas une nouvelle bactérie mais bien une nouvelle forme de résistance aux antibiotiques. Il s'agit de bactéries classiques que nous connaissons depuis toujours telles que par exemple Escherichia coli, (autres exemples: Klebsiella pneumoniae, Cifrobacfer freundii, Enferobacfer c/oacae, Morganella morganii mais également Pseudomonas aeruginosa et Acinetobacter baumannii.).

    Ces germes ont développé une nouvelle résistance envers une classe d'antibiotiques: les carbapénèmes. Cette classe d'antibiotiques est réservée pour le traitement d'infections graves.

    Le type de résistance NDM-l est une résistance parmi de nombreuses autres aux carbapénèmes. Ce type NDM-l est très fréquent en Inde et au Pakistan. La mobilité des populations et le fait que des circuits de patients existent entre ces pays endémiques et les pays Européens rend possible la propagation de bactéries en Europe, si on ne prend pas un minimum de précautions dans nos établissements de soins.

    Cependant, le patient atteint par ce germe ne développe pas toujours une infection; il peut quelquefois être contaminé sans être malade.

    Jusqu'à ce jour, 3 cas de NDM-l ont été répertoriés en Belgique.

    Dès le premier cas (en juin 2010) identifié par le laboratoire de référence nationale pour les beta-Iactamases à spectre étendu (BLSE) (UCL Mont-Godinne, l'équipe du Prof. Glupczynski), un groupe d'experts a été composé et avant les vacances d'été, une fiche d'alerte rédigée par ce groupe d'experts a été diffusée dans tous les laboratoires hospitaliers et parmi toutes les équipes d'hygiène hospitalière de notre pays. Les autorités chargées de la Santé publique dans notre pays ont également été informées.

    Il a été demandé d'être extrêmement vigilant (faire un dépistage, isoler, transmettre la souche au laboratoire de référence et déclarer les cas à l'Institut Scientifique de Santé Publique (ISP) lors de transferts de patients à partir d'hôpitaux situés dans des pays à haute endémicité (cfr. fiche d'alerte sur le site de l'ISP: www.nsih.be).

    En effet, il est important d'avertir très rapidement toutes les personnes concernées par ce problème dans nos hôpitaux afin qu'ils puissent dépister ces cas rapidement et prendre les mesures nécessaires pour éviter la propagation de ce type de résistance dans nos hôpitaux. Grâce au système mis en place, deux autres hôpitaux ont pu détecter à temps ce genre de bactérie. En tout, trois cas (dont 1 en Wallonie) sans transmission secondaire ont été répertoriés. C'est dire que la vigilance règne et que les mesures pour prévenir la transmission fonctionnent bien.

    Le système mis en place est né d'une collaboration fructueuse de longue date qui existe entre le laboratoire de référence nationale pour les BLSE (Mont-Godinne) qui s'occupe de l'identification et du suivi microbiologique et le service des infections nosocomiales et de l'antibiorésistance à l'Institut Scientifique de Santé Publique qui est chargée du suivi épidémiologique (surveillances de MRSA, ESBL) et qui intervient également en cas de germes avec de nouveaux types de résistance.

    A la demande de la Commission Européenne (DG- Sanco), l'European Center for Disease Prevention and Control (ECDC) a contacté tous les pays afin de répertorier le nombre de cas en Europe.