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L'attitude du Président Kagame

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2010
  • N° : 64 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 23/12/2010
    • de KILIC Serdar
    • à DEMOTTE Rudy, Ministre-Président du Gouvernement wallon

    Trop c'est trop. Alors que bien des pays viennent en aide au Rwanda, dont la Belgique et en particulier notre Région, le Président réélu dans des conditions sibyllines (meurtres, violences, muselage de l'opposition, ... ) ne cesse de s'en prendre à eux. A nous donc également.

    C'est ainsi que. sans directement nous nommer, il critique ceux qui donneraient des leçons de gouvernance alors qu'ils ne savent même pas former un gouvernement. Et lorsque Charles Michel appelle à plus de démocratie pour le développement du Rwanda, Kagame nous renvoie dans les cordes, ajoutant que c'est parce que son pays est pauvre qu'on ose leur faire des remarques.

    Pour rappel, la presse est régulièrement victime de pression, l'opposition politique est fortement réprimée (ces représentants étant arbitrairement emprisonnés) et le score stalinien de 93% recueilli lors des élections présidentielles n'est pas pour rassurer les ONG quant à la régularité du scrutin. Enfin, soulignons que l'ONU a diffusé un rapport selon lequel l'armée rwandaise aurait participé à un génocide en République démocratique du Congo durant les années 1990 et déjà sous la présidence de Kagame.

    Dans ce contexte, ne faudrait-il pas, avec toute la diplomatie qui s'impose pour éviter tout écueil supplémentaire, faire part de notre indignation quant à l'attitude irrespectueuse et antidémocratique du président rwandais, tant à notre niveau qu'au niveau de son peuple tout entier?
  • Réponse du 19/01/2011
    • de DEMOTTE Rudy

    Les Gouvernements wallon et de la Communauté française, préoccupés par la nécessaire évolution du Rwanda vers une société plus démocratique et plus ouverte se retrouvent totalement dans le discours et l'approche adoptés par le Gouvernement fédéral dans ses relations avec ce pays.

    Il s'agit d'entretenir avec le Gouvernement de Kigali un dialogue régulier, ouvert et franc. Ce dialogue a lieu tant sur un plan bilatéral que multilatéral. Il se déroule de manière régulière dans le cadre de l'article 8 des Accords de Cotonou.

    Par ailleurs, les enceintes internationales - comme le Conseil des Droits de l'Homme à Genève ou encore l'organisation internationale de la Francophonie - offrent à la Belgique (et à travers elle à ses régions et communautés) la possibilité d'avancer des idées et recommandations en matière de droits de l'homme. Prochainement aura lieu à Genève la 10e session de l'Examen Périodique Universel des Droits de l'homme qui sera partiellement consacrée au Rwanda. A cette occasion, la Belgique souhaite aborder les questions liées à l'abolition de la peine de mort au Rwanda, la liberté d'expression et la révision des lois sur l'idéologie génocidaire. D'une manière générale, tous ces thèmes font partie de nos préoccupations constantes.

    Par ailleurs, à l'instar des autres partenaires occidentaux du Rwanda, je considère qu'il est important de prendre en compte l'histoire récente du pays. En effet, on ne peut se relever d'un génocide sans une évolution progressive et prudente. Dans le cas qui nous occupe, cette évolution est actuellement insatisfaisante sur le plan de la liberté d'expression. Toutefois, on constate quelques évolutions positives comme l'amélioration globale de la sécurité, l'évolution économique et sociale ou encore les initiatives prises dans le but d'améliorer le bien- être de la population. Ces éléments positifs permettent d'espérer que le Rwanda trouvera rapidement l'équilibre qui permet de construire une société pleinement démocratique.

    C'est pourquoi, nous devons rester attentifs à l'évolution de la situation au Rwanda et rester aux côtés de tous ceux et de toutes celles qui aujourd'hui oeuvrent en faveur de la démocratie.

    Enfin, il me paraît important de rappeler que le niveau d'échanges en matière de coopération entre Wallonie-Bruxelles et le Rwanda est relativement modeste ces dernières années, faute de sollicitations officielles. L'intervention de notre administration, Wallonie Bruxelles International, consiste surtout à essayer d'apporter des réponses aux demandes formulées par la société civile et ce, essentiellement, dans les domaines de la culture et du devoir de mémoire. Deux domaines qui illustrent parfaitement la préoccupation démocratique qui nous anime.