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L'approvisionnement énergétique de la Région wallonne

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 224 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 03/01/2011
    • de BORSUS Willy
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Suite à l'arrêt inopiné de la centrale de Doel 4 (pour raison d'incendie), la Belgique a recours massivement à de l'importation d'électricité. Elia parle de 2.000 à 3.000 MW sur une consommation de 12.500 MW.

    L'importation représente donc une part allant de 15 à 25 % de la production.

    Monsieur le Ministre a plaidé - il y a quelques mois, dans le cadre d'une carte blanche signée dans les médias - pour la fin du nucléaire en Belgique.

    Au vu de la situation actuelle où la Belgique doit importer près de 25 % de son électricité suite à l'absence momentanée d'une de ses unités de production, la position de Monsieur le Ministre est-elle réaliste? Est-ce tenable à long terme ?
  • Réponse du 26/01/2011
    • de NOLLET Jean-Marc

    La puissance du réacteur de Doel 4 est d'environ 1 000 MW. Contrairement à ce que la question écrite laisse sous-entendre, l'arrêt de Doel 4 à la suite d'un incident, en décembre, est donc loin de représenter la seule cause des importations belges d'électricité à cette période. Sur l'ensemble de l'année 2010, on constate un équilibre quasi parfait entre les importations et les exportations d'électricité. Sur une base annuelle, la production d'électricité en Belgique a donc complètement couvert la consommation en 2010.

    L'arrêt « inopiné» du réacteur de Doel 4 illustre avant tout un des risques liés au nucléaire. En effet, si un réacteur « disjoncte », ce sont 1.000 MW qui deviennent indisponibles d'un seul coup. Dépendre d'une poignée de réacteurs pour près de 60 % de l'électricité consommée en Belgique représente donc un pari en matière de sécurité d'approvisionnement.

    Nos centrales nucléaires ont été conçues pour fonctionner trente ans. La loi de sortie du nucléaire leur aura permis de fonctionner dix années supplémentaires. Ces chiffres sont à comparer à l'âge moyen de la bonne centaine de réacteurs ayant déjà été arrêtés de par le monde: un peu plus de 20 ans au moment de leur fermeture. On ne dispose à l'heure actuelle que d'une expérience très réduite en matière d'exploitation de réacteurs commerciaux de grande puissance dont la durée de fonctionnement avoisine ou dépasse les quatre décennies. Quelle que soit leur durée de fonctionnement, l'honorable membre en conviendra, les centrales nucléaires devront fermer tôt ou tard.

    Avec des centrales vieillissantes, la fréquence des incidents et pannes augmente. En 2010, 26 incidents nucléaires ont ainsi été répertoriés en Belgique, dont 16 pour les sept réacteurs de Doel et Tihange. Ce chiffre est en forte augmentation par rapport aux années précédentes.

    Je suis étonné que l'honorable membre doute de la capacité de la Wallonie à faire face à la loi fédérale de sortie progressive du nucléaire. J'ai déjà pu démontrer à l'occasion de nombreuses questions parlementaires que ces craintes ne s'avèrent pas fondées.

    Tout d'abord, même si en matière d'électricité, la notion d'équilibre permanent entre la demande (de base et de pointe) et les moyens de production n'a que peu de sens au niveau régional, soulignons que la Wallonie est structurellement largement exportatrice en matière d'électricité.

    En ce qui concerne les capacités de production, depuis l'entrée en vigueur de la loi sur la sortie du nucléaire, en 2003, des investissements importants ont déjà été consentis au niveau belge dans de nouvelles centrales au rendement élevé (TGV, cogénération) et dans les renouvelables. De nombreux projets de production d'électricité sont en construction ou planifiés, et devraient voir le jour dans les années qui viennent. Ces investissements sont largement suffisants pour compenser la fermeture des trois premiers réacteurs nucléaires d'ici 2015, même en tenant compte d'une hausse éventuelle de la demande en électricité. Une estimation - sur la base d'hypothèses conservatrices - donne ainsi près de 23.000 GWh produits par an pour ces nouveaux projets, tandis que les trois plus vieux réacteurs nucléaires produisent annuellement moins de 15.000 GWh d'électricité.

    Si les doutes de l'honorable membre persistent malgré tout, qu'il sache que la loi de sortie du nucléaire de 2003 prévoit, en cas de menace pour la sécurité d'approvisionnement, une « clause de sauvegarde» permettant de prendre les mesures nécessaires.