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Le fait de savoir si l'euro handicape les exportations agricoles européennes

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 150 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 05/01/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles

    Le sujet fut évoqué dans Plein Champs (10.11.2010).

    Quand l’Euro est fort par rapport au Dollar, les exportations agricoles en dehors de la zone de l’UE semblent diminuer.

    Et plus il est fort suite aux crises grecques, irlandaises, portugaises (et … prochainement belges ?), moins les exportations vont bien.

    Si l’Euro est fort, c’est que le Dollar est faible. Et cette faiblesse du Dollar correspond à une stratégie des Etats-Unis qui poursuivent une stratégie d’inonder le marché de « Dollars bon marché ».

    Face au Dollar, la Chine tente de dévaluer régulièrement sa monnaie dans le but bien sût de favoriser les exportations chinoises.

    La force de l’Euro ou plutôt sa surévaluation par rapport au Dollar contribue à rendre la vie plus difficile aux producteurs agricoles européens.

    Lors de la présidence belge de l’UE, cet aspect a-t-il été abordé ? De quelle manière la faiblesse du Dollar et de la monnaie chinoise pèse-t-elle sur les exportations wallonnes de produits agricoles hors zone UE ?
  • Réponse du 19/01/2011
    • de MARCOURT Jean-Claude

    A l'instar de tous les produits européens exportés, les produits agricoles européens ont souffert de la faiblesse du dollar sur les marchés d'exportation. Celle-ci a en effet renforcé la compétitivité des produits américains et des produits issus de la zone dollar de l'hémisphère sud, dans le domaine agricole, principalement l'Argentine, le Brésil et la Nouvelle-Zélande.

    Il convient toutefois de nuancer ce constat en rappelant que les variations monétaires ne sont pas les seuls facteurs qui influencent l'évolution des exportations. Ainsi, les dispositifs d'aide à l'exportation ou les aides alimentaires sont des mécanismes qui ont un impact aussi fort sur les exportations. Ils ne sont pas concernés par les accords et les décisions de l'OMC et ils restent dès lors très prisés par les exportateurs de produits agricoles, notamment par les principaux concurrents de l'Union européenne.

    Les Etats-Unis exportent leur blé grâce aux mécanismes de soutien aux exportations. Ceux-ci prévoient par exemple les risques de défaut de remboursement d'acheteurs qui auraient importé à crédit à des conditions préférentielles. Un autre exemple de dispositifs qui ont un impact sur les quantités et les prix des produits exportés, est l'aide alimentaire. Celle-ci a été utilisée par de grands producteurs mondiaux pour influencer l'évolution des prix de certaines matières comme les céréales. Enfin, il faut garder à l'esprit que 20% du marché mondial du lait est aux mains de l'exportateur néo-zélandais, FONTERRA, ce qui donne à celui-ci la possibilité de casser le prix, s'il le souhaite.

    La Présidence belge de l'Union européenne a été marquée par la publication de deux instruments qui devraient avoir un impact sur la production et les exportations agricoles : la Communication de la Commission sur les perspectives de la Politique agricole commune (PAC) et le Pacte sur le Marché unique.
    La communication de la commission sur les perspectives de la PAC a été publiée le 18 novembre dernier. Elle vise à encourager les producteurs à mieux gérer les ressources naturelles dans une optique de plus grande équité entre les producteurs, de verdurisation de l'agriculture et de sécurité alimentaire. Ce texte entend notamment réformer le système des aides directes aux producteurs après 2013, certaines aides actuelles ne correspondant plus aux productions réelles des agriculteurs. Le passage à vingt-sept a également changé les données.

    La commission n'envisage plus d'aide unique à toute l'Union européenne, mais bien des aides variables en fonction de critères économiques et environnementaux. Une distinction serait établie entre grandes et petites exploitations et la future PAC devrait soutenir les innovations agronomiques et environnementales.

    Cette communication a été bien accueillie par les Etats membres et par le Parlement européen. Les députés se sont félicités de la volonté de la commission d'une plus grande équité dans les paiements, des plafonnements prévus pour les grandes exploitations et de paiements spécifiques pour les petites exploitations et de la prise en compte des enjeux climatiques. Ils ont néanmoins également regretté que la Commission ne propose pas de mesures de régulation concrètes pour s'attaquer à la volatilité des prix.

    Le pacte sur le marché unique est, quant à lui, une initiative phare de l'Union européenne dans le cadre de la Stratégie UE 2020. Parmi les mesures citées en vue de renforcer le marché européen en général, il est question des avancées nécessaires en matière de commerce international. L'articulation entre l'organisation du marché unique et le commerce international est une première et il est important que ce lien soit acté. Il aura très certainement un impact sur les exportations européennes et notamment sur les exportations agricoles.