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Le marché de l'emploi

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 207 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 11/01/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    Sur le marché de l’emploi allemand, on peut observer plusieurs tendances :
    - le nombre d’emplois est en légère hausse, en ce compris les emplois indépendants;
    - le taux de chômage est en léger recul (de 7,4 % en 2009 à 6,8 % en 2010).

    D’un premier coup d’œil, cette tendance devrait être source de satisfaction. Si l’on regarde de plus près, l’euphorie est prématurée :
    - des 40.37 millions d’Allemands sous contrat de travail, environ 5 millions ont un job générant un salaire de 400 euros;
    - environ 2.2 millions de travailleurs ont un deuxième revenu permettant de compléter le premier revenu;
    - environ 0.9 millions de travailleurs ont un statut précaire;
    - les jobs dans l’industrie existent de moins en moins: la perte d’emplois est de 29.3 % à 18.9 % (rien que pendant les deux dernières années, 1 % des jobs dans l’industrie a été définitivement perdu);
    - environ ¾ des emplois existent dans le domaine des services;
    - seulement 2.1 % travaillent dans l’agriculture ou dans le forêt;
    - dans la construction, depuis 1991, un tiers des emplois ont été perdus;
    - le nombre d’emplois subventionnés est à la hausse.

    Ces quelques tendances nous imposent certaines réflexions:
    - l’embellie sur le marché de l’emploi se fait malgré des pertes dans les secteurs où les richesses sont produites, à savoir la production;
    - un emploi sur six ne nourrit pas l’homme, soit parce qu’il génère un salaire trop bas, soit parce qu’il donne lieu à un statut précaire

    Nous sommes donc en pleine mutation en ce qui concerne le marché de l’emploi. S’il générait jadis encore une certaine sécurité d’existence, il remplit de moins en moins cette fonction.

    Peut-on comparer les tendances observées sur le marché d’emploi allemand avec les tendances observées chez nous ? Y a-t-il des parallélismes ? Où sont les différences ? L'emploi perd-il aussi, chez nous, de plus en plus cette qualité d’assurer une sécurité d’existence ?
  • Réponse du 08/12/2011
    • de ANTOINE André

    L'embellie sur le marché de l'emploi se fait-elle malgré des pertes dans les secteurs où les richesses sont produites, à savoir la production ? Voici la première question posée.


    Sur dix ans, l’emploi total (salarié et indépendant) a augmenté de 8 % sur l’ensemble du pays. Cette hausse concerne les trois régions : + 8,8 % en Wallonie, + 8,6 % en Flandre et + 5,1 % à Bruxelles. On observe néanmoins un léger recul de l’emploi entre 2008 et 2009. En Wallonie, ce recul est de 0,3 % et traduit l’impact de la crise économique sur le marché de l’emploi.

    Si on analyse l’évolution de l’emploi par secteur et dans notre région, on remarque, en 2009, que 39 % des travailleurs wallons sont occupés dans le tertiaire (45 % au niveau belge), 39 % dans le quaternaire (34 % en Belgique), 20 % dans le secondaire (19 % pour l’ensemble du pays) et 2 % dans le primaire (2 % en Belgique également).

    Depuis le début des années 2000, le volume de l’emploi dans les secteurs primaire et secondaire diminue alors qu’il augmente dans les secteurs tertiaire et quaternaire.
    * Le secteur primaire, couvrant l’agriculture et la pêche, représente 2 % de l’emploi total en Belgique et en Wallonie. Il représente à peine 1 % de l’ensemble de l’emploi salarié wallon, (6 215 salariés mais un grand nombre d’indépendants (17 246 indépendants). Cependant, le nombre d’indépendants a diminué au cours de ces dix dernières années (- 23 %) alors que le nombre de salariés a augmenté (+ 52 %).

    * Le secondaire regroupe les industries extractives, l’industrie manufacturière, la production et la distribution d’électricité, de gaz et d’eau ainsi que la construction. En Wallonie, entre 2000 et 2009, les trois premiers secteurs ont connu une diminution de l’emploi total. Mais derrière cette évolution se cachent des réalités très différentes. Prenons quelques exemples :
    - l’industrie manufacturière qui représente 60 % de l’emploi du secondaire en 2009 a perdu un peu plus de 10 000 emplois depuis 2000 (- 7 %). Cependant, ce constat est à nuancer puisque certaines branches d’activités créent de l’emploi. C’est le cas des industries chimiques qui enregistrent 3 691 emplois supplémentaires (+ 21 %), du secteur du bois avec 319 emplois en plus (+ 7 %) et du secteur de la cokéfaction, du raffinage et des industries nucléaires (61 emplois en plus, soit + 13 %).
    - l’industrie alimentaire se démarque également puisqu’elle a connu un quasi statut-quo entre 2000 et 2009 avec la diminution de 36 emplois soit - 0,2 %.
    Les industries alimentaire et chimique sont deux des pôles de compétitivité retenus dans le plan Marshall comme étant des secteurs clés pour l’activité wallonne.
    - contrairement au reste du secteur secondaire, la construction a connu une forte augmentation de l’emploi : plus de 7 000 postes ont été créés entre 2000 et 2009 (+ 10 %). Sur l’ensemble des emplois de 2009, un peu plus de trois quarts sont des emplois salariés et le reste, des emplois indépendants.

    * Le tertiaire comprend le commerce et la réparation automobile, l’Horeca, les transports, les activités financières et l’immobilier, la location et les services aux entreprises. Durant ces dernières années, le phénomène de tertiarisation de l’économie n’a fait que s’accentuer. L’emploi au sein de ce secteur a fortement augmenté. En Wallonie, plus de 46 000 emplois ont été créés, soit une hausse de 11 % (44 861 emplois salariés et 1 593 emplois indépendants). Cependant, entre 2008 et 2009 (année de la crise économique) le secteur tertiaire a vu l’emploi total diminuer de 1 %. Ici aussi les évolutions sont contrastées :
    - le secteur qui se démarque en termes de volume d’emplois est celui de l’immobilier, la location et les services aux entreprises puisqu’il représente 37 % du tertiaire avec 172 730 emplois en 2009 et a connu une augmentation d’un peu plus de 30 % en dix ans. Dans le secteur du commerce et de la réparation automobile, l’emploi est de 162 442 en 2009, soit une augmentation de 5 % par rapport à 2000.
    - le secteur de l’Horeca a vu le volume de l’emploi augmenté de 4 % durant les dix dernières années.
    - l’emploi dans le secteur des transports et de la communication connaît une légère diminution puisqu’il subit une perte d’un peu moins d’un pourcent entre 2000 et 2009.
    - par contre, le secteur des activités financières connaît depuis 2000 une diminution du volume de l’emploi. En effet, durant ces dix années, le secteur a perdu 2 411 emplois, soit une diminution de 11 %.

    * Le secteur quaternaire est composé de l’administration publique, de l’éducation, de la santé et de l’action sociale ainsi que des services collectifs, sociaux et personnels. Un peu plus d’un tiers de l’emploi de ce secteur appartient à la branche d’activité de la santé et de l’action sociale tandis que l’administration publique en représente 29 % et l’éducation 24 %. Entre 2000 et 2009, l’emploi a augmenté de 14 %, c’est le secteur qui a connu la plus belle hausse du volume de l’emploi. La branche d’activité de la santé et de l’action sociale a augmenté de 26 % et compte 158 528 emplois en 2009. Dans l’administration publique et l’éducation la hausse est de 11 % et 10 % alors que pour les services domestiques, la hausse est de 17 %.


    Cette analyse montre que durant ces dernières années, l’économie wallonne s’est orientée vers les secteurs tertiaire et quaternaire. La crise économique et financière de 2008 n’a fait qu’accentuer un phénomène déjà existant et observé dans l’ensemble des économies occidentales, à savoir une tertiarisation de l’économie.

    La seconde question concerne la qualité de l’emploi puisque l'honorable membre se demande dans quelle mesure l’emploi « ne nourrit pas l'homme, soit parce qu'il génère un salaire trop bas, soit parce qu'il donne lieu à un statut précaire ».

    Commençons par la question du salaire. Un indicateur intéressant est celui du risque de pauvreté.

    Rappelons en introduction que celui-ci est plus faible chez les personnes actives que chez les personnes sans emploi, a fortiori si le nombre de personnes actives par ménage augmente. A cet égard, le chômage, essentiellement le chômage de longue durée (plus d'un an) et de très longue durée (plus de deux ans), est particulièrement problématique. En 2008, un peu plus d'un tiers des chômeurs (34,8 %) faisaient partie d'un ménage exposé au risque de pauvreté, contre 4,8 % de la population active. Les personnes actives sont, dès lors, moins exposées au risque de pauvreté que les personnes sans emploi.

    Mais il est vrai que le travail, surtout lorsqu’il s’agit d’un travail à temps partiel, ne suffit donc pas toujours à éviter la pauvreté et ce, d’autant plus dans le cas d’une situation professionnelle précaire (contrats de travail temporaires ou à temps partiel, emplois faiblement rémunérés) combinée à un revenu du ménage insuffisant. A cet égard, il est à noter que 5,7 % des travailleurs wallons connaissent un risque de pauvreté contre 3,9 % des travailleurs flamands.

    Venons-en maintenant à la question des statuts.

    Au niveau belge, le nombre de travailleurs à temps partiel a connu une augmentation de 27,3 % soit + 168.407 personnes pour la période 2003 à 2010 (troisième trimestre). Dans le même temps, le travail saisonnier et intérimaire connaissait une évolution similaire (+ 26,7 % soit + 24.147 personnes). En revanche, les temps plein ont connu un léger tassement (- 1,9 % soit -38.953 personnes).

    La crise économique n’a pas fondamentalement modifié les tendances entre 2009 et 2010 : Entre 2009 et 2010 (troisième trimestre), le travail intérimaire a connu une progression importante (+ 18,1 %). Cette augmentation est logique au vu des pertes subies par le secteur entre 2008 et 2009 (-19 %). Toutefois, si l’intérim progresse en 2010, il n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant-crise.

    En Wallonie, ce sont les secteurs tertiaire et quaternaire qui pourvoient le plus d’emploi à temps partiel (35 %). Ce sont également les secteurs dont la croissance fut la plus importante lors des dernières années. Ils représentent trois quarts de l’emploi wallon. La hausse des temps partiels est donc majoritairement soutenue par des secteurs dans lesquels l’emploi partiel non désiré est important (titres-services, Horeca, nettoyage, commerce…).


    On notera également l’importance des Indépendants à titre complémentaire. Cette catégorie de travailleurs indépendants, qui exercent une activité en parallèle à un travail salarié est en forte hausse depuis 1998 : + 43,7 % à Bruxelles, + 41 ,9 % en Flandre, + 39,8 % en Wallonie. La crise économique ne semble pas avoir freiné l’élan de ces entrepreneurs. La progression ralentit légèrement, mais le nombre absolu continue de croître. C’est d’ailleurs pourquoi, je mets tout en œuvre pour qu’ils deviennent des indépendants à titre principal.