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La valorisation du commerce de proximité

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 154 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 11/01/2011
    • de KILIC Serdar
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles

    Il semble qu'une tendance se confirme au fil des ans : les commerces de proximité ont le vent en poupe.

    Cela ne veut pas dire que ces commerces roulent sur l'or et génèrent des millions, mais ils attirent de plus en plus une population qui semble ne plus vouloir (ou pouvoir) se déplacer trop loin, préférant le contact humain aux caisses impersonnelles des grandes surfaces.

    Il faut dire que ce type d'entreprises a de quoi attirer. Bien souvent, les produits qui y sont proposés restent introuvables dans la grande distribution et se démarquent par leur grande qualité. Bien entendu cela a un prix que le consommateur est prêt à assumer, économisant sur les produits et denrées superflus. Ainsi, on constate qu'en se rendant dans une boucherie, une boulangerie ou une poissonnerie tenues par des indépendants, les prix sont en relation avec la qualité des produits proposés et l'acheteur ne commandera que ce dont il a besoin. Plus de qualité et moins de gaspillage. Voilà un signe de consommation responsable qui s'amorce progressivement. De plus, cela fait vivre des commerçants installés à leur propre compte, soucieux de l'accueil de leur clientèle. Combien de fois d'ailleurs ne sont-ils pas les dernières personnes avec qui les personnes âgées du coin peuvent parler et discuter ? Encore un rôle important à mettre en exergue.

    Mais cela fait également vivre l'économie wallonne. A terme, cela pourrait même lui générer plus de bénéfices si l'on considère qu'il ne s'agit pas de grands groupes étrangers, aux filiales s'étendant du Gabon à Taïwan, en passant par l'Inde et la Chine, et qui n'ont comme dernier souci que la santé de notre économie. Faut-il pour preuve citer l'exemple méprisant de Ia société Carrefour ?

    Compte tenu de ces éléments, quelle politique de promotion Monsieur le Ministre préconise-t-il pour mettre en valeur ces commerces ? Y a-t-il des programmes de publicités prévus pour présenter leurs nombreuses qualités ? A-t-il déjà pensé à des labels de qualité que ces commerçants pourraient appliquer sur leur vitrine ? Comment pouvons-nous agir, en respectant les règles, pour que cette tendance s'accentue et permette à des jeunes d'entrevoir l'entreprise comme un avenir et non plus comme un risque à court terme ?
  • Réponse du 17/02/2011
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Si l'on additionne les indépendants et les salariés, une personne sur sept en Belgique travaille dans le commerce de détail (14,2 %). Et parmi les indépendants à titre principal, un sur cinq, vend aux consommateurs.

    Les statistiques indiquent, pour le secteur du commerce:
    => Malgré les difficultés, le nombre d'indépendants dans le secteur reste relativement stable depuis 2001. La brusque hausse de 2003 est due au changement de statut des femmes conjointes aidantes. Malgré cela, 65 % des commerçants indépendants sont des hommes ;
    => Le commerce attire les indépendants complémentaires qui sont 70 188, soit plus de un sur trois. C'est un secteur où l'on reste très souvent actif après l'âge de la pension. C'est le cas de 23 431 personnes;
    => La population des commerçants indépendants vieillit. En six ans, la proportion des moins de quarante ans est passée de 35,9 % à 32 % ;
    => C'est une activité à hauts risques au démarrage : 38 % des fins d'activité concernent des commerces qui ont moins de trois ans;
    => Enfin, en novembre 2010, plus d'1/4 des faillites (27,4 %) concernaient le commerce.

    Ces chiffres indiquent que le secteur est et reste important, sur le plan économique, social, mais aussi pour la qualité de vie. Il est globalement en difficulté mais reste aussi riche en opportunités.

    Le soutien au commerce de détail ne peut être abordé sans tenir compte des moyens d'actions concernant les implantations commerciales. La Loi IKEA de 2004 a remplacé la Loi dite «cadenas» de 1975. L'évolution principale de cette loi se caractérise par le remplacement d'une décision centralisée dans les mains du comité socio-économique, par la totale autonomie des communes dans la décision, le comité socio-économique n'ayant plus qu'un rôle d'avis.

    Cette évolution était discutable sur les points suivants :
    => Cette évolution ne s'est pas accompagnée de mesures d'encadrement quant à l'information et à la formation des communes.
    => Aucune documentation n'a été mise à la disposition des communes pour juger de l'impact de l'implantation d'un nouveau commerce ou d'un nouveau centre commercial.
    => Les communes sont la plus part du temps dépourvues de toute information quant à une situation exhaustive de leur appareil commercial. Que dire encore lorsqu'il s'agit de l'implantation d'un centre commercial qui pourrait avoir des effets sur plusieurs communes?


    C'est la raison pour laquelle, sous la précédente législature, le Gouvernement wallon a fait réaliser un outil d'aide à la décision en matière d'implantation commerciale qui permet aux communes d'examiner, de manière documentée, grâce à un cadastre précis des implantations commerciales et de données socio-économiques, les demandes de permis socio-économiques et d'aider à la réalisation d'un avis motivé.

    Par ailleurs, l'inventaire des surfaces commerciales répertoriant 95 % des surfaces implantées en Région wallonne est actuellement disponible.

    Ce logiciel a été déployé en expérience pilote sur la Province de Namur. Cette expérience pilote s'est terminée fin 2008.

    Pour le futur, dans un premier temps, il faut adapter sans tarder ce logiciel aux nouveaux critères de la loi et continuer à enrichir la base de données.

    D'autre part, eu égard à la manière dont la loi a été modifiée pour la rendre «compatible» avec la Directive «Services» qui n'autorise plus de tests économiques, il conviendrait dans un premier temps que les nouveaux critères que sont la protection du consommateur, la protection de l'environnement urbain et le respect de la législation sociale et du travail soient rapidement documentés.

    Ces considérations plus larges ont un impact important sur le commerce indépendant, le Gouvernement wallon y est très attentif.

    Dans ce cadre, différentes mesures ont été prises, au travers de l'ASE, pour soutenir les commerçants indépendants au travers de programmes spécifiques.

    C'est le cas du programme «Dynamisation Commerce» mis en place par l'UCM depuis 4 ans et qui vise à dynamiser, valoriser et professionnaliser le commerce de détail indépendant, au travers d'un panel varié d'actions, au sein de l'ensemble de la Wallonie.

    Il comporte d'abord les Routes du Commerce qui ont pour objectif de mettre en valeur, auprès du grand public, le commerce indépendant des centres-villes. À travers cet événement, l'occasion est donnée de mettre en exergue tout le savoir-faire professionnel des commerçants et de conscientiser les clients sur les atouts et les spécificités d'un commerce de détail.

    Il propose ensuite des ateliers axés sur l'innovation commerciale à destination des commerçants de détail de la province. Ce cycle de 4 ateliers a pour ambition de fournir les outils permettant à chaque participant de constituer un programme d'innovation commercial pour son propre commerce.

    Il existe également d'autres actions, en Wallonie, qui visent à mettre en avant le commerce de détail. C'est par exemple le cas de la Journée du Client, durant laquelle un commerçant remercie son client pour sa fidélité en lui remettant un petit cadeau et qui, indirectement, fait parler de ce commerce de proximité d'une autre manière. C'est aussi le cas du Magazine Vitrines, développé dans le Hainaut et le Brabant wallon, qui met en avant les associations de commerçants locales. Existent aussi les «UCM Commerce », dans le Hainaut, le Brabant wallon, les provinces de Namur et du Luxembourg et qui! par des réunions trimestrielles, permettent de rassembler les associations de commerçants et d'écouter leurs problématiques.

    Une réflexion sur une reconnaissance de la qualité des commerces de détail sous forme d'un label pourrait être envisagée mais n'est pas à l'ordre du jour actuellement.

    Enfin, le soutien à l'esprit d'entreprendre vis-à-vis des jeunes vise à leur donner l'envie d'entreprendre et d'envisager, le commerce, entre autre, comme une réelle opportunité de carrière, avec enthousiasme, réalisme et positivisme au travers des programmes mis en place par l'ASE.