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Le plan d'action en matière d'énergie renouvelable

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 254 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 17/01/2011
    • de EERDEKENS Claude
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    En matière d'énergies renouvelables fut adopté, indépendamment des initiatives de la Région wallonne, un plan d'action national en application de la directive 2009/28/CE transmis à l'UE fin novembre dernier.

    Il s'agit d'une matière comme tant d'autres, où il y a simultanément pour certains volets une compétence fédérale et pour d'autres volets une compétence régionale.

    Le soutien à la production d'énergies renouvelables passe en Wallonie comme en Belgique par la mise en place de certificats verts négociables.

    En ce qui concerne la Région wallonne, il fut exprimé dans une réponse transmise à l'UE ce qui suit: « La CWaPE doit réaliser tous les 3 ans une analyse détaillée des caractéristiques technico-économiques des différentes filières de production d'électricité ; la CWaPE mène également tous les ans une évaluation du fonctionnement du marché des certificats verts et des projections en matière de développement de nouvelles installations à moyen terme (5 ans). ».

    Comme les certificats verts (CV) wallons sont attribués, en ce qui concerne l'éolien industriel, à raison de 1 CV = économie de CO2 de 456 kg, on devrait donc s'attendre à ce que la CWaPE réalise périodiquement une étude « technico-économique » détaillée à ce sujet. Car si on peut admettre la validité de l'équation précédente pour l'éolien domestique, il n'en est rien pour l'éolien industriel dont la production intermittente est injectée dans le réseau et doit être régulée par des turbines à gaz qui fonctionnent loin de leur rendement optimum et sont dès lors caractérisées par une surconsommation de combustible et une émission supplémentaire de C02 qui doivent être mis à charge de l'éolien industriel. Plusieurs études internationales :
    - http://www .masterresource.orgl?s=kent+hawkins
    - http://www . wind-watch.org/documentslintegrating-wind-power-wind-fails-in-two-important-performance-measures/
    - http://wwwmasterresource.org/2010/02/wind-integration-incremental-emissions-from-back-up-generation-cycling -part-v-caIculator- update/
    - http://www.clepair.net/windefficiency.html
    - http://www.wind-watch.org/documents/wp-content/uploads/BENTEK -How-Less-Became-More.pdf
    montrent que ce phénomène est quantifiable et permettrait d'adapter le coefficient de modération du CV éolien.

    Monsieur le Ministre peut-il nous préciser si une étude de la CWaPE a déjà été effectuée au sujet du bilan CO2 de l'éolien industriel en Wallonie et quels ont été les résultats permettant de revoir le coefficient de modération du CV éolien ?
  • Réponse du 08/02/2011
    • de NOLLET Jean-Marc

    Avant de répondre précisément à la question, il me semble important de rappeler quelques principes fondamentaux de la production énergétique des éoliennes.

    La production éolienne varie selon l'intensité du vent. Lorsque le vent est favorable, les éoliennes produisent une électricité propre et permettent ainsi de réduire en temps réel la production électrique des centrales au gaz et au charbon - deux combustibles responsables de gaz à effet de serre.

    Lorsque le vent diminue, les éoliennes ralentissent ou s'arrêtent temporairement et la production électrique classique retrouve son taux d'émission de CO2 initial. Il est exact que pendant les variations de charge de la centrale classique, le rendement de celle-ci diminue légèrement par rapport à son rendement nominal.

    En règle générale, il est important de rappeler que les variations de la production éolienne sont intégrées dans la gestion générale du réseau électrique. Cette gestion, opérationnelle depuis plus d'un siècle, intègre les fluctuations de l'éolien dans l'ensemble des variations de l'offre (production d'électricité) et de la demande (consommation). Il n'y a donc pas de compensation spécifique pour l'éolien.

    Pour preuve, lorsqu'un nouveau parc éolien est construit, les autorités en charge de l'équilibre ne prévoient ni d'installer de nouvelles unités de production en contrepartie ni d'augmenter le niveau de production des centrales existantes. L'intégration de l'énergie éolienne sur le réseau contribue donc bien à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

    Par ailleurs le développement des réseaux intelligents a comme objectif d'assimiler de manière positive et optimale un pourcentage sans cesse croissant de production électrique intermittente et décentralisée. En Belgique, les gestionnaires d'équilibre du réseau ont l'obligation de veiller à ce que l'équation entre offre et demande d'électricité soit toujours en équilibre. Dans ce cadre, les gestionnaires d'équilibre belges ne considèrent pas l'éolien comme une puissance installée pour laquelle il faut prévoir une capacité de back-up en cas de défaillance, mais plutôt comme une demande d'électricité qui diminue quand le vent souffle, et qui revient à la normale lorsqu'il ne souffle pas. Cette baisse de la demande engendre une réduction de la production des centrales électriques dont le coût marginal de production est le plus élevé: typiquement, il s'agit de centrales turbo-jet ou de centrales à flammes (turbine gaz-vapeur), plus rarement des centrales au charbon.

    Inversement, une baisse de la production des éoliennes (et des centrales solaires, hydroélectrique) est considérée comme une augmentation de la demande locale en électricité, demande compensée par l'activation immédiate de centrales dont le coût marginal est le plus faible (centrales les plus efficaces techniquement et économiquement).

    Il est important de noter qu'une éolienne en fonctionnement substitue sa production d'électricité à la centrale thermique en fonctionnement à ce moment, qui n'est pas toujours celle qui a le meilleur rendement.

    J'en viens maintenant à la question principale. La CWaPE s'est bien évidemment penchée sur le bilan CO2 de l'éolien industriel, à l'instar du bilan CO2 des autres filières d'électricité verte. Par principe de précaution, la CWaPE a pris comme référence les émissions de CO2 de la meilleure technologie à combustible fossile disponible, la centrale turbine-gaz-vapeur. Dans ces conditions, on considère que pour chaque MWh produit à partir d'une éolienne, une réduction de CO2 équivalant à 456 kg est réalisée. Sur cette base, en 2010, la quantité de CO2 économisée annuellement grâce aux éoliennes est estimée à plus de 440 000 tonnes par an.