La présence du renard dans les centres semi-urbains et la régulation de l'espèce
- Session : 2010-2011
- Année : 2011
- N° : 254 (2010-2011) 1
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Question écrite du 18/01/2011
- de GADENNE Alfred
- à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine
Le bourgmestre de Koksijde (Flandre) a récemment pris un arrêté autorisant les chasseurs de sa commune à utiliser des moyens supplémentaires pour la chasse au renard, notamment la chasse de nuit, la chasse à l'affût, l'utilisation d'appâts, l'utilisation d'une lunette de visée, l'utilisation de moyens de vue nocturne, …
Cette décision fait suite à la présence à répétition de renards dans les quartiers résidentiels de Koksijde, aux nombreuses poubelles éventrées, à un contact entre des enfants et un jeune renard sur un terrain de jeux, etc.
Les renards sont réputés souvent porteurs de l'échinococcose alvéolaire qui peut avoir de grâces conséquences sur la santé des personnes contaminées. Il est donc essentiel de maintenir le renard en dehors des zones habitées.
Il est dit et répété que le renard s'est multiplié ces dernières années et qu'il ne craint plus les centres des villages et des villes de Wallonie. Les chasseurs aussi s'en plaignent souvent. Il me semble donc utile de revenir sur les moyens mis en oeuvre pour réguler la population de renards et les éloigner des zones résidentielles.
Voici concrètement mes questions.
Monsieur le Ministre a-t-il connaissance d'une recrudescence d'événements impliquant des renards dans des zones semi-urbaines et urbaines en Wallonie ? Cela présente-t-il un danger pour la population ?
De nombreux observateurs expliquent l'évolution démographique du renard par des comportements humains inadéquats. Est-ce l'analyse de Monsieur le Ministre ? Sur quels comportements peut-il agir ?
Les moyens de régulation sont déjà aujourd'hui très étendus – chasse ouverte toute l'année, piégeage. Monsieur le Ministre envisage-t-il de les étendre encore ? Les moyens mis en place par Koksijde sont-ils efficaces dans la régulation de l'espèce et transposables en Région wallonne ?
Réponse du 07/02/2011
- de LUTGEN Benoît
Il est évident que nous assistons, pour diverses raisons, à une augmentation des populations de renards tant à la campagne qu’en milieux urbains et périurbains.
En Wallonie, les données émanant de conseils cynégétiques indiquent en effet une augmentation graduelle des prélèvements de quelque 20 % entre 1999 et 2006. Cette situation n’est pas propre à la Wallonie mais quasi générale en Europe.
En Région flamande, le nombre moyen de renards prélevés a plus que doublé entre 1998 et 2007. En France, l’ERZ (Entente Interdépartementale de lutte contre la Rage et autres Zoonoses) donne des chiffres de comptages nocturnes (27 000 sorties de nuit) qui ont quadruplé entre 1988 et 2008.
Dans les zones urbaines, la présence du renard peut également être très importante. Ainsi, à Zurich (Suisse), on dénombre jusqu’à 10 renards/100 hectares. Une étude menée en 2004 par l’Institut Pasteur de Bruxelles et l’IBGE fait état, en Région de Bruxelles-Capitale, d’une densité supérieure par endroit à 4 groupes familiaux par 100 hectares. En fait, le renard a su profiter des travers de la société de consommation et de son cortège de déchets ainsi que de l’extension des villes vers les zones rurales périphériques. Celles-ci offrent une nourriture abondante et régulière, ainsi que de multiples zones de repos et d’abris potentiels.
Le renard est aujourd’hui bien présent dans la plupart des villes de Wallonie, créant parfois des problèmes de cohabitation avec les habitants. Il suscite certaines craintes quant aux possibilités de transmission de maladies telles que l’échinococcose alvéolaire. Cette maladie, encore rare en Belgique, est néanmoins préoccupante dans le contexte de l'augmentation des densités de renard évoqué ci-dessus. Comme l'honorable membre le sait, les aspects de santé humaine et animale relèvent des compétences du Gouvernement fédéral.
Si des dégâts et des nuisances sont ponctuellement signalés en ville (poubelles éventrées, trous et terriers creusés dans les jardins, présence de crottes, incursions dans des poulaillers périurbains), des cas plus graves impliquant des attaques de personnes ne sont toutefois pas signalés à ce jour.
Il est toutefois impératif de rappeler que le renard est et doit rester un animal sauvage. Il ne faut surtout pas le considérer comme un animal de compagnie et tenter de l’apprivoiser, ce qui lui ferait perdre sa crainte naturelle vis-à-vis de l’homme.
Ne pas toucher ou approcher un renard même jeune ou affaibli et qui pourrait de la sorte se sentir agressé est une précaution élémentaire. Il faut, de même, s’abstenir de l’attirer en le nourrissant ou en laissant à sa disposition des restes de nourriture. Etant donné le régime alimentaire du renard urbain composé de plus de 25 % de déchets, certaines habitudes pourraient limiter les nuisances. Eviter de jeter de la viande ou du poisson sur les composts, utiliser des poubelles « conteneur » en plastique rigide et ne les sortir que le jour de leur enlèvement sont des gestes qui peuvent réduire les sources de nourriture.
Quant aux moyens de régulation de l’espèce, je rappelle que sa chasse est ouverte toute l’année. Sa régulation en dehors de la chasse peut, par ailleurs, aussi être autorisée toute l’année pour prévenir des dommages aux élevages, dans l’intérêt de la faune et cela au moyen d’armes à feu ou encore de différents types de pièges spécifiques.
Concernant les moyens supplémentaires mis en place dernièrement par la Commune de Koksijde sur la base de la sécurité publique, je signale que l’arrêté communal qui les autorisait a été suspendu par le Gouverneur de la Province de Flandre occidentale. L’utilisation de ces méthodes n’est pas non plus envisageable actuellement au niveau de la Wallonie, celles-ci n’étant pas reprises dans les moyens et engins autorisés en vue de la chasse ou de la régulation des différentes espèces de gibier.