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Les impacts du sel de déneigement sur les écosystèmes environnants et le développement d'alternatives

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 461 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 21/01/2011
    • de DUPRIEZ Patrick
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    Je souhaite aborder avec Monsieur le Ministre la question de l’impact des épandages de sel sur les écosystèmes et plus particulièrement l’impact que ces épandages peuvent avoir non seulement au niveau des sols, de la flore, de la faune, mais aussi au niveau des eaux souterraines et de surface.

    En termes d’impacts, j’ai notamment pu lire que suite à l’action du sel, les sols devenaient imperméables à l’air et à l’eau avec par voie de conséquence, un desséchement des végétaux dus au déficit en eau, mais aussi à des ralentissements de croissance. On peut également observer des maladies dues à la toxicité des ions chlorés accumulés dans les feuilles.

    D’autre part, certains pointent un impact lié à l’augmentation de la salinité des eaux qui toucherait également les végétaux aquatiques, les invertébrés et les poissons. A cet égard, s’il semble que l’impact soit limité suite à l’importante dilution qui s’opère en hiver, certaines études pointent néanmoins le manque d’information sur les impacts des sels de déneigement à long terme sur les milieux aquatiques ainsi que sur l’état des nappes phréatiques.

    Monsieur le Ministre a-t-il connaissance de ces divers éléments ?

    Y a-t-il déjà eu des études au niveau de la Région wallonne sur la question ?

    J’aimerais à cet égard connaître l’étendue de ces éventuelles études, et savoir si elles portent sur l’ensemble des éléments que j’ai cités (le sol, la faune, la flore et l’eau) et leurs conclusions.

    Enfin, l’impact de l’entreposage du sel sur ces différents éléments a-t-il déjà été étudié ?

    Par ailleurs, la Région wallonne a-t-elle développé des indicateurs d’impact environnemental pour les sels de voirie ?

    Y a-t-il déjà des réseaux de surveillance mis en place par rapport aux quantités de sel déversées?

    Dans le cas plus particulier de la directive sur les eaux souterraines, peut-on dire que la valeur seuil prévue pour les chlorures est respectée ?
  • Réponse du 03/03/2011
    • de HENRY Philippe

    En ce qui concerne le risque de pollution des eaux souterraines et les mesures de protection de celles-ci, je peux transmettre les éléments suivants.

    Le danger de pollution des nappes phréatiques par les sels de déneigement est à relativiser.
    Le réseau de surveillance indique bien quelques impacts ponctuels à proximité immédiate des grands axes autoroutiers (par exemple E411 à Wanlin, E40 à Chaîneux, E42 à Lommersweiler). Toutefois la teneur moyenne en chlorures enregistrée n'y excède pas la norme de potabilité fixée à 250 mg/l.

    La plupart des contaminations actuelles des eaux souterraines par les chlorures remontent au passé et trouvent leur origine dans l'enfouissement des déchets ménagers et industriels, ainsi que dans les rejets de certaines activités industrielles (chimie minérale).

    En Europe, l'intrusion saline pose davantage de problèmes pour les eaux dites de transition (situées à proximité des côtes). Notre région n'est évidemment pas confrontée à ce problème qui peut ailleurs menacer l'alimentation en eau potable.

    Face à un polluant tellement soluble dans l'eau, il importe toutefois d'être vigilant car la pollution éventuelle d'une masse d'eau souterraine ne serait en pratique pas facilement résorbable.

    C'est pourquoi, dans le cadre de la transposition de la directive sur la protection des eaux souterraines contre la pollution et la détérioration, le Gouvernement wallon a adopté le 12 février 2009 les dispositions suivantes (qui vont au-delà du prescrit européen) :
    1° Adopter une valeur « seuil » plus stricte pour les chlorures (150 mg/l) pour préserver le bon état de nos masses d'eau souterraine en ce qui concerne ce paramètre;
    2° Considérer les chlorures comme un polluant pertinent dont la présence excessive et due aux activités humaines entraînera désormais les mesures appropriées de limitation des pertes et rejets.


    En application de cette directive, constat a été fait en 2010 que l'une des 33 masses d'eau souterraine de la Wallonie, à savoir les « Calcaires du bord Sud du bassin de Namur » présente une tendance significative à la détérioration en ce qui concerne les concentrations mesurées en chlorures. L'origine de cette détérioration n'est pas attribuable au déneigement mais à l'historique de l'activité industrielle dans la région de Charleroi.

    Les mesures utiles sont déjà prises en vue de stabiliser cette situation et d'inverser, pour 2015 au plus tard, cette tendance à la hausse des chlorures qui menace certaines unités de production d'eau potable et risquerait faute d'intervention de 'compromettre le respect des objectifs de la Directive­cadre sur l'eau.

    En ce qui concerne l'impact sur les eaux de surface, sur base des données issues du réseau de surveillance de la qualité des eaux de surface (environ 400 sites de contrôle), on constate que la norme existante pour les chlorures est respectée pour la période 2000 à 2009 même si l'on observe ponctuellement quelques pics de concentration. Toutefois, ces pics ponctuels n'apparaissent pas systématiquement en hiver.

    En 1994, une étude, intitulée "Influence des fondants routiers sur la qualité chimique et biologique de la Wimbe" et réalisée par le CEBEDEAU (en collaboration avec le MET et la DGRNE) pour le compte du Fonds des Routes, a évalué l'impact du lessivage des fondants routiers sur la qualité chimique et biologique de la rivière et étudié l'aspect quantitatif et dynamique du processus de lessivage.

    D'un point de vue générale, on considère que les concentrations de sel nécessaires à affecter réellement le milieu aquatique sont élevées. On peut admettre que dans l'ensemble, une concentration en chlorure de calcium de l'ordre de 3 000 mg ne présente pas d'effets toxiques directs pour la faune et la flore aquatiques, même si les invertébrés et certaines plantes paraissent sensibles dès que la concentration est de l'ordre de 1 000 mg/l.

    Enfin, cette étude a montré que les influences sur la flore (micro et macroscopique) et la faune étaient négligeables voire absentes.

    Étant donné l'impact très limité sur la qualité des eaux de surface, il ne semble pas nécessaire de commanditer des études complémentaires. Je reste évidemment à la disposition de l'honorable membre s'ilsouhaite des informations plus précises au sujet de cette étude.