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Les problèmes pour trouver un interprète en langue des signes

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 131 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 25/01/2011
    • de BERTOUILLE Chantal
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    L’intégration des personnes sourdes et malentendantes est l’une des priorités de Madame la Ministre. Alors Députée, celle-ci avait d’ailleurs pu, à diverses reprises, interroger son prédécesseur.

    En vue de permettre aux personnes sourdes et malentendantes de mener à bien certaines démarches ou encore d’effectuer des activités culturelles, la Région wallonne met à disposition de celles-ci un service chargé de leur procurer un interprète pour les aider dans ces activités et démarches.

    Récemment, les diverses associations de sourds et malentendants de la Communauté française ont vivement critiqué le système mis en place. En effet, sachant qu’elles avaient peu de chance d’obtenir un interprète en raison de la faible disponibilité de ceux-ci, beaucoup de personnes sourdes et malentendantes ne feraient tout simplement pas appel à ce service mis en place par la Région wallonne.

    Madame la Ministre peut-elle me dresser un bilan et une situation exacte de la mise à disposition d’interprètes pour les sourds et malentendants en Région wallonne ? Le nombre d’interprètes disponibles est-il jugé comme suffisant ? Combien de demandes sont parvenues au service concerné au cours de ces dernières années ?

    Selon Madame la Ministre, existe-t-il une différence entre les demandes qui ont été formulées concrètement et les demandes potentielles qui n’ont jamais été formulées auprès du service concerné ?

    L’un des autres problèmes concerne bien entendu la formation des interprètes, laquelle relève des compétences de la Communauté française, je n’y reviendrai pas. Cependant, il apparaîtrait également que des personnes font le choix de suivre une formation en langue des signes. Ces personnes pourraient donc potentiellement être des interprètes. Malheureusement, à défaut de tout encadrement suffisant, peu de personnes ayant les qualifications pour être interprètes se lancent sur cette voie.

    Madame la Ministre a-t-elle pu avoir des contacts avec ses homologues, que ce soit en Communauté française ou en matière d’emploi à la Région wallonne, concernant cette problématique du déficit d’interprètes en langue des signes sur le marché ? Quelles sont les différentes pistes qui pourraient être développées en vue d’inciter un nombre plus important de personnes à se proposer véritablement comme interprètes en langues des signes en Région wallonne ?
  • Réponse du 16/02/2011 | Annexe [PDF]
    • de TILLIEUX Eliane

    L'honorable membre trouvera, ci-dessous, une présentation précise, relative aux prestations du service d'interprétation des sourds de Wallonie (S.IS.W.) qui bénéficie d'une subvention facultative pour assurer ses missions d'interprétation.

    Les éléments statistiques de 2010 confirment la tendance observée ces dernières années, en l'occurrence un nombre très important de demandes.

    Les interprètes travaillant pour le service font preuve d'une grande flexibilité et d'une grande disponibilité mais ne suffisent pas pour rencontrer la demande croissante des personnes sourdes, des institutions publiques, des employeurs, ...

    Les demandes émanent de tout le territoire wallon (les interprètes se déplacent beaucoup et de plus en plus en Wallonie et sur Bruxelles voir point 5).

    1. Les clients

    En 2010, 361 clients ont fait appel au SISW: 223 personnes sourdes ou malentendantes, 26 associations et 112 personnes morales.

    Evolution du nombre d'utilisateurs de 2004 à 2010


    Année Nombre pers. Nombre Nombre Nombre
    sourdes pers. associations total
    morales

    2004 196 58 254
    2005 212 65 14 291
    2006 201 85 20 306
    2007 184 101 25 310
    2008 212 96 29 343
    2009 228 99 28 355
    2010 223 112 26 361



    2. Les demandes d'interprétation

    Voici un tableau présentant l'évolution de ces 5 dernières années:

    Année Nombre de Prestations Demandes
    Demandes effectuées non
    abouties

    2005 2 081 1 660 421
    2006 2 261 1 869 392
    2007 2 270 1 856 414
    2008 2 694 1 938 756
    2009 2 728 1 877 852



    Voici détaillées les raisons pour lesquelles certaines interprétations n'ont pas abouti:

    Année Le client a Le client L'interprète Pas trouvé
    annulé absent sur annule d'interprète
    place

    2006 29% 25% 4% 30%
    2007 12 % 18% 13% 41 %
    2008 37% 8% 4% 37,5%
    2009 30,2% 13,1 % 6,3% 41,2%


    Le nombre des prestations qui nécessite deux interprètes (prestations complexes et/ou de longue durée) était de 113 en 2008 et de 128 en 2009.



    3. Le nombre d'heures d'interprétation (voir tableau en annexe)



    4 Les domaines d'interprétation (voir tableau en annexe)

    Si l'on cible l'analyse sur les domaines privilégiés pour les demandeurs individuels, voici ce que l'on obtient:

    voir tableau page 3, en annexe.


    Les domaines d'intervention sont très comparables: la formation et l'insertion socio- professionnelle sont les secteurs les plus porteurs viennent ensuite le secteur médical et le secteur juridique.

    Quant à la formation, il faut faire la distinction entre la formation à la langue des signes et la formation d'interprète en langue des signes.

    En effet, la formation à la langue des signes existe depuis une petite quinzaine d'années. Ces cours de langue des signes en promotion sociale, ont un certain succès et permettent aux étudiants d'apprendre la langue des signes. En aucun cas ils ne leur donnent la compétence pour l'interpréter. Interpréter depuis ou vers la langue des signes demande d'autres qualifications. Telles que la maîtrise du code de déontologie, la capacité à passer d'une langue à l'autre ou encore la maîtrise de sa langue maternelle. L'étudiant obtient ainsi un diplôme de langue des signes, attestant la capacité de l'étudiant « à comprendre et utiliser couramment la langue des signes pour établir une communication aisée et nuancée ... ».

    Il convient de rappeler que la langue des signes a été reconnue par la Communauté Française en 2003.

    En 2003 et 2006, le Comité de Conduite des Interprètes (CCI) créé sur l'initiative des services d'interprétation (Service d'Interprétation des Sourds de Wallonie -SISW- et Service d'interprétation des Sourds de Bruxelles -SISB-) en partenariat avec la Fédération Francophone des Sourds de Belgique a évalué le niveau de chaque interprète travaillant pour les services d'interprétation. Les résultats de ces évaluations ont permis à ces services de se doter d'une liste officielle d'interprètes.

    En 2002 et 2005, deux cycles de formation d'interprètes en langue des signes ont vu le jour dans deux écoles de promotion sociale: Fernand Coq à Bruxelles et Saint-Laurent à Liège.

    A l'issue du cycle débuté en 2005, soit 3 ans plus tard, en 2008 les établissements n'ont plus inscrit cette formation au programme. La formation de promotion sociale a diplômé 4 promotions d'interprètes (2 à Bruxelles et 2 à Liège).

    Cette formation a toutefois permis de diplômer des personnes travaillant déjà comme interprète, d'autres ont obtenu leur diplôme mais n'ont pas pour autant cessé leur travail initial. Elle n'a malheureusement pas permis l'arrivée sur le marché d'un nombre suffisant de professionnels prêts à répondre à la demande.

    Actuellement, il n'existe plus de formation en Communauté française. Les services et associations réclament la mise en place d'une formation de niveau supérieur permettant à de jeunes étudiants de se former et d'exercer la profession. Cet accès, dès la sortie de l'enseignement secondaire supérieur, permettrait, non seulement, de rendre la formation plus attractive et de recueillir plus d'inscription mais également, de valoriser le métier.

    Un projet de formation de base est, actuellement, à l'étude à l'initiative de Madame la Ministre Simonet. Celui-ci, basé sur la collaboration entre l'enseignement de promotion sociale de la Communauté française et l'université de Lille (proposant déjà un master interprétation langue des signes depuis quelques années) serait accessible aux titulaires d'un baccalauréat ou de son équivalent (candidature ou graduat) et attestant par ailleurs d'une connaissance de base en langue des signes.

    Cette formation pourrait déboucher sur un master français en interprétation de la langue des signes belge/français, reconnu par la Communauté française.

    Ce projet est considéré par l'ensemble du secteur comme une première initiative qui devrait déboucher à moyen terme sur un master organisé par l'enseignement universitaire francophone belge.