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Le coût de la candidature de la Belgique pour l'organisation du Mondial 2018

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 427 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 27/01/2011
    • de KILIC Serdar
    • à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports

    Il y a quelques semaines, nous avons appris, à regret, que la candidature que nous avions déposée communément avec la Hollande n'avait pas été sélectionnée. C'est ainsi, nous n'organiserons donc pas la coupe du monde de football en 2018.

    Je ne rentrerai pas dans la polémique soulevée par les choix plus qu'orientés que Monsieur Blater et ses collègues ont opérés.

    En revanche, parlant d'argent, j'aimerais savoir ce que cette candidature nous a coûté. En effet, on a parlé de 11 millions d'euros. Monsieur le Ministre confirme-t-il cette somme ou a-t-il d'autres chiffres à nous présenter ?

    Je sais que cette somme est globale et ne fait pas la distinction entre l'apport du fédéral et des régions. Monsieur le Ministre peut-il y apporter l'affinement nécessaire pour savoir combien cela nous aura réellement coûté ?

    Que l'on me comprenne bien: j'ai été l'un des premiers à soutenir ardemment cette candidature. Car si l'on n'a pas d'ambition, on n'arrive jamais à rien. Je ne conteste donc nullement cette candidature. Et je sais que cela a un prix.

    Simplement, j'aimerais savoir si cette somme a été intégralement dépensée pour ce que j'appellerais un one-shoot ou si, au contraire, des retours sont attendus après cet investissement.
  • Réponse du 06/04/2011
    • de ANTOINE André

    Il est vrai qu'à l'image de bon nombre de nos concitoyens, je ne peux que confesser ma déception quant à la décision du Comité exécutif de la FIFA de ne pas poser son choix sur la candidature belgo-néerlandaise en vue de l'organisation de la Coupe du Monde 2010.

    Il importe tout d'abord de bien distinguer les compétences. La politique sportive est exclusivement assurée par la Communauté française, qui avait soutenu le dossier de candidature de la HollandBelgium Bid à concurrence de 600 000 euros. Le budget global de cette fondation s'élevait à 10 millions d'euros, dont 4,33 millions provenaient de partenaires commerciaux. A charge pour chaque pays de financer 2 835 000 euros dont 600 000 euros à charge donc de la communauté, soit 6 % du budget global.

    La Wallonie s'est cantonnée, quant à elle, à soutenir les projets de rénovation ou de construction des stades de Liège et de Charleroi. Le Gouvernement wallon a notifié un accord de principe en ce sens le 19 décembre 2009, pour un montant de 20 millions d'euros répartis équitablement entre les 2 villes par le recours au financement alternatif.

    Cette donnée reste inchangée. Notre région se doit de disposer de stades conformes aux exigences imposées par l'UEFA pour prendre part aux compétitions européennes. Nous aurons donc un grand stade à Liège de 35 000 places et un plus modeste à Charleroi - entre 20 000 et 25 000 places - en raison d'un contexte sportif différent.

    Il va sans dire que les projets de construction et/ou de rénovation incluront l'aménagement des abords des stades, ainsi que leur accessibilité comme l'ensemble des dossiers infrastructures en Wallonie.

    Le Standard de Liège et le Sporting de Charleroi sont des entreprises à part entière. Ces investissements permettront de pérenniser leurs activités mais également, j'en suis convaincu, de créer un certain nombre d'emplois pour la construction des stades proprement dite, mais également pour leur utilisation par la suite. Ces stades seront des pôles d'attraction dans leurs régions respectives, il conviendra qu'ils s'inscrivent durablement dans la revitalisation de leur espace économique.

    La Wallonie confirme son soutien, mais il incombera aux villes de dénicher des partenaires privés, qui seront indispensables pour boucler les budgets du financement de ces nouvelles enceintes.

    Depuis l'entame de la législature, je me fais fort d'être le porte-drapeau de notre football aussi bien professionnel qu'amateur, auprès du Gouvernement wallon. Si entre 1999 et 2009, près de 112 millions ont été investis par la région dans des infrastructures dédiées au football et quelque 19 126 430 euros pour 2010, le chantier reste malgré tout énorme pour un sport, qui recense 755 clubs et quelque 168 332 affiliés de notre communauté.

    Après le « Plan Piscine » et le « Plan Athlétisme », un « Plan Football » verra le jour afin de rencontrer, notamment, la demande exponentielle en matière de terrains synthétiques en Wallonie.

    Il conviendra d'établir un certain nombre de critères à la fois sportifs mais également géographiques. Le coût d'un synthétique ne peut être multiplié par le nombre de clubs existants. Nous devons prioriser les demandes pour nous assurer de la rentabilité optimale de nos infrastructures de football. Je me refuse de voir un club de provincial sans équipes de jeunes disposer de superbes outils pendant que d'autres cercles, avec un objectif social avoué, se retrouvent à patauger dans la boue toutes les semaines. Des vestiaires de qualité, des douches avec de l'eau chaude et des pelouses praticables, ce sont les 3 principaux chantiers en termes d'infrastructures.

    A l'instar du « Plan Vivaldi » en rugby, il sera judicieux de déterminer des critères pour qualifier les clubs qui disposent d'une réelle « école de jeunes ».

    Des projets transcommunaux mais également transclubs devront voir le jour pour qu'une même infrastructure puisse être utilisée par plusieurs clubs de différentes entités.

    En outre, la Wallonie dispose de quelques infrastructures de premiers plans: l'Académie Robert Louis Dreyfus, le complexe de Marcinelle, le Futurosport, le centre national à Tubize, le CREF de Blégny. Ce sont des outils non négligeables.

    2011 sera une année cruciale pour le football francophone avec en ligne de mire la reconnaissance de la future fédération de football francophone l'ACFF - Association des Clubs Francophones de Football.

    Afin de la soutenir et de l'aiguiller dans son challenge, à savoir augmenter le niveau de notre football, j'ai chargé un comité d'experts, sous l'égide de Benoît Thans, d'établir une vue d'ensemble de l'état de notre football en Wallonie et à Bruxelles, mais également de poser, outre un diagnostic, un ensemble de remèdes et/ou de critères qui permettront à court, moyen et long terme de guider la politique sportive liée au football afin de sortir notre sport numéro 1 de l'ornière dans laquelle il a parfois tendance à s'enfoncer.

    Néanmoins, différentes pistes de réflexion doivent être explorées:
    - l'assujettissement TVA des buvettes;
    - le statut des bénévoles (entraîneurs, arbitres, ... );
    - la formation continue des entraîneurs et des dirigeants;
    - la mise en place d'une plateforme d'appui à la gestion de club;
    - la formation des jeunes.

    Je pense en effet que nous devons rassembler les forces vives du monde footballistique francophone afin de collaborer pour hausser globalement le niveau de jeu de notre football. Mais soyons optimistes, de nombreux jeunes francophones s'installent dans le 11 de base de nos équipes en 1e division: Axel Witsel (Standard), David Hubert (Genk), Lukaku (Anderlecht), Jérémy Serwy (Charleroi), Christian Benteke (Malines) sans oublier les Hazard (Lille), Mirallas (Olympiakos) et autres Kompany (Manchester City) qui font les beaux jours de clubs étrangers.

    L'honorable membre constate que si la Coupe du Monde nous a échappé, les chantiers ne manquent pas et ma détermination à les faire aboutir n'en est pas affectée.

    Toutefois, la mésaventure 2018 est un rappel à l'ordre. Celui de rester les pieds sur terre. Notre pays est petit d'un point de vue économique. Notre football professionnel est à son image. Il n'y aura pas du jour au lendemain des équipes qui pourront rivaliser avec les meilleurs en Ligue des Champions, nous n'évoluerons plus jamais dans la même catégorie.

    Mais restons ambitieux, la glorieuse incertitude du sport sera toujours présente. Améliorons notre formation, haussons le niveau de jeu sur nos pelouses, assainissons nos clubs et offrons du spectacle aux supporters dans les tribunes !