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Les abeilles

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 285 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 28/01/2011
    • de SENESAEL Daniel
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    La surmortalité des colonies d'abeilles est un phénomène connu depuis plusieurs années maintenant.

    Ce syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles pourrait avoir de graves conséquences sur l’apiculture et donc sur une partie de nos ressources alimentaires.

    De multiples études scientifiques mettent en cause un groupe de pesticides toxiques (les néonicotinoïdes) pour expliquer leur disparition rapide. La population d’abeilles aurait augmenté dans les quatre pays européens ayant interdit certains produits.

    L’Italie, la Slovénie et même l’Allemagne, où est basé le principal fabricant Bayer ont interdit certains de ces produits.

    Raison pour laquelle, les experts (apiculteurs, agriculteurs…) réclament l’interdiction de ces pesticides mortels pour les abeilles jusqu’à ce que, et seulement si, de solides études indépendantes prouvent qu’ils sont sans danger.

    Les professionnels se battent depuis des années pour le retrait des néocotinoïdes du marché, produits utilisés en enrobage des semences ou en pulvérisation.

    Quelle est la position de Monsieur le Ministre face à cette revendication?
    Dispose-t-il d’informations précises dans ce domaine?

    Envisage-t-il avec ses collègues des autres niveaux de pouvoirs d’étudier la possibilité d’interdire ce type de produits en Belgique?

    Quelles mesures sont mises en place en Wallonie afin de pallier la disparition des abeilles?

    Nous savons que la protection des abeilles est essentielle pour préserver l’équilibre naturel de notre planète.
  • Réponse du 07/02/2011
    • de LUTGEN Benoît

    Parmi les nombreux facteurs qui influencent la disparition de l’abeille, la diminution de la diversité des ressources nutritives de ces insectes et la grande variabilité intra-saisonnière de leur quantité sont particulièrement incriminées. Pour y répondre, j’ai prévu qu’un des volets du plan Maya favorise la restauration d’espaces riches en plantes attractives pour les insectes dénués de pesticides et tout au long de la bonne saison :
    - obligation de planter deux tiers d’espèces mellifères dans les haies subventionnées, incitation à la création de prairies fleuries mellifères ;
    - incitation des communes à la réalisation d’aménagements en faveur des abeilles, à la prise de mesures destinées à enrayer leur diminution, comme la suppression de l’utilisation de pesticides nocifs pour l’abeille ;
    - généralisation du fauchage tardif à l’ensemble du réseau routier régional.

    Pour en venir plus particulièrement aux insecticides du groupe des néonicotinoïdes, je n’ai pas connaissance d’études scientifiques établissant de manière irréfutable le rôle prépondérant de ces molécules dans le dépérissement des colonies d’abeilles.

    Cependant, des groupements d’apiculteurs, par exemple dans le nord de l’Italie, rapportent une amélioration de la santé de leurs colonies depuis l’interdiction d’incorporation de ce genre de molécule dans l’enrobage des semences de maïs alors que le pollen de maïs reste peu attractif pour les abeilles.

    A contrario, des régions où ce type de produit n’est pas utilisé connaissent aussi des mortalités inexpliquées et, en France, un insecticide à base d’imidaclopride est interdit en enrobage de semences de tournesol et de maïs, respectivement depuis 1999 et 2004. Ces interdictions n’ont pas permis d’enrayer de manière significative le déclin des populations d’abeilles.

    La France vient d’ailleurs, comme le signale l'honorable membre, de reconduire pour la quatrième année consécutive l’autorisation de mise sur le marché d’autres produits à base de thiaméthoxame, un neurotoxique systémique du groupe des néonicotinoïdes. Il a par contre été interdit en Allemagne, ainsi que deux autres produits à base de clothianidine et d’imidaclopride en invoquant le principe de précaution.

    L’appréhension de ce problème est donc loin d’être uniforme au niveau européen. La Commission européenne revoit actuellement ses exigences en matière de données pour la soumission des dossiers d’agréation des pesticides afin de renforcer la protection des abeilles.

    Je rappelle que, dans une étude menée en 2008-2009 à ma demande par la Faculté de Gembloux, le varroa a été mis en évidence comme principal responsable du dépérissement de nos colonies sans pour autant écarter le rôle de ces pesticides.

    Un nouveau projet de recherche, intégré dans le plan Maya, démarrera au printemps 2011 et visera la possible accumulation de ces contaminations à des doses sub-létales. Il évaluera notamment la relation entre les insecticides du groupe des néonicotinoïdes et les mortalités inexpliquées dans les ruchers wallons.

    Interdire ces produits dans le secteur agricole relève du ressort du fédéral.

    Par contre, en relation avec mes compétences, j’ai demandé à mon administration de modifier rapidement l’annexe 1 de l’arrêté du Gouvernement wallon du 29 avril 2004 relatif à l’agrément de la méthode de production intégrée pour fruits à pépins, en y supprimant notamment l’imidaclopride de la liste des pesticides autorisés pour cette méthode de production.

    Enfin, un groupe de travail politique sanitaire Abeilles/Abeilles et Pesticides, est organisé au niveau fédéral dans le cadre du Programme de Réduction des Pesticides et des Biocides qui a réuni pendant deux ans un panel d’experts de tous horizons touchant de près ou de loin à l’abeille.

    Deux problématiques y sont traitées, toutes deux de la compétence du Service public fédéral Santé publique (Service Pesticides et Engrais, Service vétérinaire, AFSCA) : la lutte contre les parasites et les maladies des abeilles et l’évaluation des risques pour l’environnement (en particulier pour l’abeille) liés à l’utilisation des pesticides agricoles.