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"la filière papier cherche à se positionner"

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 186 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 03/02/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles

    Suivant Cobelpa, l’association des fabricants de pâtes, papiers et cartons, la filière papier belge se trouve entre la détermination et les incertitudes. Ils sont confrontés à plusieurs défis, dont je souhaite en présenter trois dans le cadre de la présente question.

    Confrontée à une concurrence de plus en plus marquée des médias électroniques, la filière déplore qu’il y a des transferts du papier vers l’internet ou d’autres supports électroniques. Sont-ils donc, comme l’exprime son directeur général, dans l’obligation d’inventer de nouveaux produits, voire de nouveaux rôles au papier ? Dans quelle mesure le secteur a-t-il fait appel à la Région wallonne pour aider les entreprises concernées dans la recherche et le développement comme dans la commercialisation des produits ? Dans quelle mesure le secteur sollicite-t-il la Région wallonne pour l’aider à faire face lorsque des entreprises sont en danger ou viennent de disparaître (comme p.ex. Cordenons à Malmédy) ?

    Les émissions de CO2 forment aussi un casse-tête. L’UE veut réduire les émissions et nous participons pleinement à cet objectif. C’est une politique que nous devons tous appuyer. Mais les industriels du papier sont inquiets et se posent des questions parce qu’ils ne savent pas combien de quotas d’émission on leur accordera à partir de 2012. Auront-ils suffisamment de quotas pour leur permettre de produire ? Vont-ils délocaliser, le cas échéant, vers des pays non soumis à ces règles de quotas tels que les USA, la Chine … ?

    Troisième défi : la disponibilité de la matière première à un prix abordable. La filière valorise les bois d’éclaircies ou les sous-produits des scieries. Environ trois millions de stères par an sont valorisés dans les usines de pâte à papier. Le développement du bois-énergie (cogénération à taille industrielle pour bénéficier du marché des certificats verts – on ne parle pas ici de la consommation de bois par les privés) a été identifié comme responsable d’une raréfaction de la matière première qui, à son tour, est aussi le point de départ d’un développement de prix qui pose problème. Selon Cobelpa, des études européennes montrent que l’Europe souffrira bientôt d’un déficit de 200 à 300 m³ de bois. Ne faut-il pas édicter des règles de façon à ce que le bois serve à des fins plus nobles que d’être brûlé pendant quelques minutes alors qu’il a pris des décennies pour grandir ? Il en est de même pour ce qui concerne le recyclage des vieux papiers qui, selon la filière, sont à 50 % dirigés vers la Chine via les ports de Zeebrugge et d’Anvers.
  • Réponse du 14/02/2011
    • de MARCOURT Jean-Claude

    L'industrie papetière belge est une industrie lourde qui exige d'importants investissements. La dizaine d'entreprises implantées en Belgique procure un emploi direct à un peu plus de 4 000 personnes.

    Les entreprises du secteur papetier se sont engagées en 2003 à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le cadre d'accords volontaires au niveau régional. Ces engagements constituent une contribution concrète du secteur papetier aux objectifs pris par la Belgique dans le cadre du protocole de Kyoto.

    A cette fin, elles ont entamé l'amélioration de leur processus de fabrication.

    Concrètement, ces améliorations portent sur:
    - l'efficience de l'utilisation des matières premières : bois, vieux papiers, énergie, eau, additifs (augmenter l'efficacité de la production).
    - la réduction des émissions : effluents, émissions atmosphériques, sous-produits (produire plus proprement).


    Le secteur papetier wallon s'est engagé à améliorer son indice IGES de 35 % entre 2000 et 2012, ce qui représente l'engagement industriel le plus ambitieux en Région wallonne.

    A l'issue des 8 premières années de cet accord, il apparaît que le secteur papetier est en bonne voie pour atteindre les objectifs ambitieux qu'il s'était fixé.

    Au niveau mondial, l'Europe reste le leader en termes de recyclage du papier tant en tonnage qu'en know-how. L'engagement des papetiers en faveur du recyclage est grand, et ce d'autant plus suite à l'augmentation du cout de la pâte à papier.

    Et l'engagement va encore plus loin en couvrant d'autres aspects tels que la prévention des déchets, l'amélioration de la collecte sélective, l'amélioration de la « recyclabilité » et de la « désencrabilité » des vieux papiers .... C'est ainsi toute la chaîne liée au papier qui s'engage à optimiser la gestion des vieux papiers.

    Par ailleurs, il est nécessaire que ce secteur puisse se positionner vis-à-vis des difficultés structurelles auxquelles il est confronté. La réduction de l'utilisation du papier est perceptible depuis quelques années et l'arrivée des supports technologiques a tendance à confirmer cette mouvance.

    La concurrence accrue entre les supports papiers (ancienne génération) et support électronique (nouvelle génération) suscite de nombreuses questions sur la pérennité du secteur papier au niveau européen. Les médias électroniques comme l'iPad sont bien sûr amenés à jouer un rôle grandissant dans les années à venir, toutefois, le média papier et le média électronique continueront à coexister à l'avenir dans des proportions variables en fonction du support: livres, journal, magasines, ....

    C'est la raison pour laquelle un comité de dialogue social sectoriel a été constitué il y a environ un an afin qu'il s'interroge notamment sur l'impact de l'usage des TIC sur la pérennité du secteur papier à la lumière de plusieurs cas de fermeture.

    Ce comité permet de faciliter le lancement d'études qui pourraient, le cas échéant, donner lieu à des recommandations et à la mise en œuvre de mesures visant à renforcer les secteurs fragilisés.

    En Wallonie, plusieurs entreprises de ce secteur ont déjà sollicité une intervention régionale afin de recouvrer une situation économique plus saine. Je parle notamment d'Idem Papers dont l'activité a été soutenue par la Région wallonne.

    Par ailleurs, le secteur des arts graphiques est intimement lié au secteur du papier et lui aussi rencontre des difficultés tant conjoncturelles que structurelles:
    - surcapacité de production existante du secteur;
    - guerre des prix.

    Sur base de ce constat, un syndicat d'étude a été constitué avec pour objet la mission d'analyser les opportunités existantes pour les entreprises actives dans ce secteur en Région wallonne, que se soit en terme de collaboration ou rapprochement des acteurs ou toute autre opportunité qui permette la consolidation du secteur en Wallonie.

    Enfin, en ce qui concerne le volet recherche, cela ressort des compétences du Ministre en charge de la Recherche en Région wallonne.