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La promotion d'une couverture hivernale des sols favorable aux abeilles

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 312 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 03/02/2011
    • de DUPRIEZ Patrick
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    Le plan Maya développé par Monsieur le Ministre pour protéger et améliorer l’état de santé de nos populations d’abeilles vise, entre autres, à leur garantir une alimentation diversifiée et suffisante.

    Or nous savons que la partie la plus importante de notre territoire est gérée par les agriculteurs et que des mesures d’amélioration générale des pratiques agronomiques favorables à la biodiversité sont essentielles.

    Des liens étroits doivent donc être établis entre agriculture et apiculture.

    En ce sens, le Conseil général de Franche-Comté a décidé de soutenir l’utilisation de mélanges d’espèces particulièrement mellifères ou produisant un pollen de haute qualité, dans le cadre des cultures interstitielles. Ce faisant, ces « jachères apicoles » deviennent de véritables garde-manger pour abeilles, permettant d’allonger significativement la durée de vie hivernale de celles-ci.

    Sarrasin, avoine, vesce, phalécie, sainfoin, lierres, trèfle blanc, de perse et incarnat, mélilot, lotier corniculé, … autant d’espèces connues pour leur valeur nutritive et qui rendent plus résistantes les ruches situées dans un rayon de quelques kilomètres autour des parcelles concernées.

    Aussi, ce sont 700 hectares qui ont été convertis en zones de jachères apicoles et semées de ces espèces, offrant une floraison plus étalée dans le temps, donc un garde-manger avec des ressources en nectar et pollen suffisantes pour accroître leurs défenses immunitaires et la production de miel. En outre, les espèces et mélanges utilisés sont autorisés par la PAC sans dérogation sur les surfaces en jachère, car les espèces sont non invasives et certifiées.

    Cette pratique est intéressante pour les agriculteurs qui prêtent leurs sols pendant six mois, puisqu’ainsi le terrain ne reste pas nu, les plantes empêchant l’apparition de mauvaises herbes, limitant l’érosion et apportant de la matière organique.

    Ajoutons qu’à notre point de vue, il faut inscrire cette réflexion dans la sauvegarde globale de la biodiversité, en étant attentif à ce que l’origine des graines soit locales afin de ne pas introduire de pollutions génétiques, à ce que les espèces introduites sur ces jachères apicoles soient les plus proches possibles des plantes aux alentours afin d’être attractif pour l’ensemble de la micro-faune, à favoriser aussi la nidification, à laisser des jachères spontanées …

    Monsieur le Ministre connait-il cette initiative française accompagnée et évaluée par l’INRA ? Qu’en pense-t-il ?

    A-t-il l’intention d’articuler davantage les mesures agri-environnementales et le Plan Maya par exemple, en soutenant par voie réglementaire ou financièrement nos agriculteurs à pratiquer une « culture interstitielle en faveur des abeilles », qui leur procurera nectar et pollen avant l’hiver ?
  • Réponse du 18/02/2011
    • de LUTGEN Benoît

    La jachère apicole de Franche Comté comprend effectivement de nombreuses espèces favorables aux pollinisateurs mais elle ne couvre que 25 hectares. Par contre, il existe en Franche Comté une autre formule: les couverts intermédiaires «Environnement et biodiversité» contractualisés par la Fédération des Chasseurs de Franche Comté et favorisant les insectes mais aussi et surtout les espèces « gibier ». Ces couverts intermédiaires connaissent un beau succès puisqu'ils sont passés de 350 hectares en 2008 à 800 hectares en 2010.

    Concernant l'articulation des mesures agri-environnementales et du plan Maya, il convient de distinguer trois types de couverts favorables aux pollinisateurs : les jachères annuelles, les intercultures et les bandes de parcelles aménagées pérennes.

    Les jachères ne sont plus une obligation européenne et ont pratiquement disparu de nos campagnes comme des campagnes de Franche Comté.

    Les intercultures sont pratiquées couramment chez nous, même si leur vocation première est la lutte contre le lessivage de l'azote et l'érosion. Cependant, les agriculteurs wallons implantent des intercultures trop tard pour permettre une floraison et au contraire, essaient d'implanter leurs couverts plus tard afin d'éviter cette floraison conduisant à une utilisation accrue d'herbicides par la suite. S'ils réalisent des semis hâtifs, ils préfèrent des couverts fourragers qu'ils fauchent une ou deux fois, ce qui permet d'exporter l'azote mais est moins favorable à la biodiversité.

    Les bandes de parcelles aménagées pérennes constituent l'approche la plus efficace pour favoriser les insectes pollinisateurs. Une variante spécifique semée pour les insectes pollinisateurs est développée chez nous depuis quelques années et couvre déjà quelques 450 kilomètres de bandes, soit 600 hectares.

    De plus, les agriculteurs wallons ont installé près de 4 700 hectares d'autres bandes de parcelles aménagées pour la faune ou de tournières. Si on y ajoute les bandes refuges non fauchées dans les prairies naturelles et de haute valeur biologique, soit plus de 1 000 hectares, j'ai le sentiment qu'il vaut mieux pour une abeille butiner l'espace agricole wallon que franc comtois.

    Je rappelle que l'opération « fauchage tardif» est en place avec les communes depuis 1995. Le bilan est impressionnant car 200 communes participent en laissant évoluer la nature sur près de 13 725 kilomètres de bords de route (2 745 hectares). J'ai également demandé à la Direction générale des Routes d'étendre la mesure « fauchage tardif» à certains bords de voiries du réseau régional.

    De plus, au travers du Plan MAYA je soutiens la création de prairies mellifères ainsi que des haies composées de plants mellifères.