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L'utilisation rationnelle de l'éclairage

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 295 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 07/02/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Dans le cadre des discussions relatives à l’URE, on entend souvent des propositions visant à réduire la consommation d’électricité par un éclairage plus économe et plus intelligent.

    Certes, le chapitre relatif à l’éclairage doit – lui aussi –être intégré dans la discussion. Mais nous devons lui réserver la place qu’il mérite pour éviter de tomber dans le piège de la création d'illusions d’avoir beaucoup contribué à la réduction des GES.

    Evitons que la politique URE, mutée en marketing pour certains produits, ne se perde dans l’accessoire et perde de vue là où les véritables marges doivent être exploitées : le chauffage ( l’isolation thermique et l’étanchéité du bâtiment), la production d’eau chaude, l’utilisation de l’électricité pour chauffer (four, cuisine, machine à laver, ...) ou pour refroidir (frigo, congélateur, …), la mobilité (individuelle).

    L’éclairage rationnel est donc le bienvenu, certes, mais ne peut pas être confondu avec la politique URE. Comparé aux autres potentiels d’économiser l’électricité, il occupera – pour l’instant - plutôt une place marginale.

    Quelle est le point de vue de Monsieur le Ministre sur cette question ? Partage-t-il mon analyse ou y est-il opposé ? Comment faire pour intensifier cette prise de conscience par les citoyens ?
  • Réponse du 28/02/2011
    • de NOLLET Jean-Marc

    L'éclairage représente près de 14 % de la consommation électrique en Europe. Une économie d'énergie de 20 % réalisée au niveau européen grâce à des systèmes d'éclairage performants et intelligents (réagissant à l'occupation des locaux, à leur ensoleillement, ... ) permettrait donc d'économiser le rejet de 5 millions de tonnes de CO2 par an (1).

    En 2008, la consommation totale d'énergie de la Wallonie atteignait 151 Twh (2) répartis de la manière suivante:

    secteur Énergie consommée en TWh Pourcentage
    Industrie 64,6 42,7
    Logement 35,2 23,2
    Tertiaire 13,8 9,1
    Agriculture 1,2 0,8
    Transport 36,6 24,2
    Total 151,4 100



    On estime que l'éclairage représente pour l'année 2008 :
    * 1,5 % de la consommation totale du secteur du logement, soit environ 528 Gwh;
    * 17 % de la consommation totale du secteur tertiaire, soit environ 2.350 Gwh;
    * 3 % de la consommation totale du secteur industriel, soit environ 1.940 Gwh.


    Si l'on examine maintenant la situation au niveau du logement, la consommation totale se répartit de la manière suivante :
    * 71 % pour le chauffage;
    * 13 % pour l'ECS;
    * 4 % pour la cuisson;
    * les 12 % restant représentent les applications spécifiques de l'électricité. L'éclairage représente 13 % de cette part, soit les 1,5 % du total évoqués ci-dessus.


    Par ce jeu de chiffres, on peut donc constater que la «faible» quantité d'énergie au niveau du citoyen a un impact non négligeable au niveau wallon, au niveau européen, ...

    L'Europe a par ailleurs bien saisi les enjeux que représente ce poste de consommation. Si elle n'a pas imposé que la méthode de calcul de la Performance Energétique des Bâtiments résidentiels prenne en compte l'éclairage, elle l'a nommément désigné au même titre que le chauffage, la climatisation, la ventilation, l'isolation, ... pour les bâtiments non résidentiels. (3)

    De même, la directive sur l'éco-conception (4) et les règlements qui en découlent vont interdire progressivement la vente des lampes à incandescence, dont le remplacement est programmé par étapes jusqu'en 2016. Elles seront remplacées par des ampoules fluocompactes, des ampoules halogènes à haute efficacité énergétique et par les LEDs. Outre le fait de participer à la diminution des GES, elle a permis de relancer l'emploi avec l'étude et le développement de nouvelles technologies en permanente évolution.

    Concrètement, grâce aux diverses avancées technologiques, avec la même quantité d'électricité, on peut aujourd'hui produire cinq fois plus de lumière qu'en 1965. Ceci est dû au travail sur les sources lumineuses en tant que telles mais également sur les luminaires, les optiques, les réflecteurs, les auxiliaires tels que les ballasts, ... Il faut ajouter à cela une durée de vie sensiblement prolongée des sources lumineuses et un développement considérable des équipements de régulation (capteurs et détecteurs de présence, gestion centralisée, ... ).

    Outre ces avantages énergétiques, il ne faut pas négliger les avantages qualitatifs considérables en termes de confort de travail et de qualité de l'environnement lumineux ainsi que la mise à niveau aux normes existantes des anciennes installations.

    Ainsi, on considère que lors d'opérations de relighting d'anciens bâtiments tertiaires, le pourcentage d'économie d'énergie en éclairage peut atteindre dans les meilleurs cas 65 % (lampes efficaces, ballasts électroniques, optiques à haut rendement, systèmes de gestion, ... ) ainsi qu'une réduction de 50 % des frais de maintenance.(5)

    Néanmoins, le temps de retour des investissements dans la rénovation de l'éclairage est fortement variable et dépendant de plusieurs facteurs dont notamment le nombre d'heures d'utilisation et le respect des normes en vigueur.

    Il est plus rapide dans les industries qui font les trois pauses ou dans les bâtiments du tertiaire souvent éclairés au-dessus des normes existantes.

    Par contre, dans les établissements scolaires ou certains bâtiments publics très souvent éclairés en dessous des normes, la mise en conformité des installations d'éclairage entraîne très peu d'économies d'énergie et un temps de retour beaucoup plus long.

    Ceci montre bien que l'éclairage constitue sans doute le domaine où les déperditions d'électricité sont les plus sournoises et passent paradoxalement le plus facilement inaperçues. En effet, notre regard possède une étonnante capacité d'adaptation aux mauvaises conditions d'éclairage contrairement au sentiment de gêne qui nous gagne dès lors qu'il s'agit de chaleur.

    Je rejoins l'honorable membre donc sur le fait que certains postes grands consommateurs d'énergie (chauffage, ECS, ventilation) doivent être privilégiés par rapport à d'autres. Néanmoins, les économies d'énergie réalisées dans l'éclairage sont loin d'être anecdotiques et sont à présent indissociables des autres pistes de recherche d'économies d'énergies. Ceci est d'ailleurs confirmé par les Directives européennes et règlements associés qui nous imposent lors de la construction d'un bâtiment d'utiliser rationnellement l'éclairage au même titre que l'isolation ou le chauffage.

    Pour ce faire, les professionnels de l'éclairage proposent depuis quelques années des équipements qui permettent sans cesse d'obtenir des meilleures efficacités lumineuses en fonction des tâches à exercer et des circonstances. En outre, un éclairage de qualité permet non seulement de réaliser d'importantes économies d'énergie mais il contribue également à notre santé, notre sécurité, améliore nos conditions de travail et augmente nos performances.

    La Région wallonne a donc pris différentes mesures en faveur d'éclairages performants, proportionnées à l'importance de ce dernier parmi les postes grands consommateurs d'énergie:
    * Des études et recherches sur l'éclairage naturel et artificiel sont subventionnées, menant à la construction d'une réelle expertise en Région wallonne, reconnue internationalement et diffusée par de nombreuses publications. Citons notamment le ciel et soleil artificiels au CSTC permettant à tout concepteur de tester sur maquette la prise en compte de l'éclairage naturel lors de la conception d'un bâtiment;
    * Le CD-ROM Energie+ est un outil d'information développé par Architecture & Climat (UCL), destiné aux Responsables Energie, aux gestionnaires de bâtiments, aux concepteurs, .... Ha pour objectif d'aider les gestionnaires de bâtiments tertiaires à maîtriser leurs dépenses énergétiques par différents moyens : formations, audits, subventions, ... Il contient un important chapitre sur la maîtrise de l'éclairage et la méthodologie pour le bon dimensionnement d'une installation d'éclairage;
    * Des brochures sont régulièrement publiées et mises à jour. Deux nouvelles brochures vont bientôt être publiées, issues d'une recherche sur la conception de l'éclairage dans les logements sociaux;
    * Des capsules vidéo de sensibilisation sont présentées sur notre site portail énergie et lors des foires et salons.



    (1) Séminaire Agoria 2009
    (2) ICEDD Bilan énergétique de /a région wallonne 2008-Consommation du secteur domestique
    (3) Directive 2010/31/UE du 19/05/2010
    (4) Directive EuP - 2005/32/CE du 06/07/2005
    (5) fiches techniques Energy pooling