/

" lire et écrire pour tous "

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 151 (2010-2011) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 07/02/2011
    • de STOFFELS Edmund
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    L’analphabétisme est un fléau qui touche bien plus de citoyens qu’on ne le pense. Et on pourrait être tenté de croire qu’à l’ère de la scolarité obligatoire, l’analphabétisme aurait complètement été éradiqué.

    En Belgique, on estime qu’une personne sur dix a des difficultés sérieuses en ce qui concerne les pratiques culturelles de base.

    Chaque jour, à peu près 200 organisations s’efforcent d’enseigner ces techniques culturelles de base à des adultes qui ont appris, certes, à vivre – au moins temporairement – avec leur déficit mais qui sont confrontés de ce fait à d’énormes désavantages tant sur le plan privé et sociétal que sur le plan professionnel.

    Vu l’évolution de la société et la place que prend le savoir-faire dans le monde du travail, il me semble que les personnes touchées par l’analphabétisme seront demain encore bien plus désavantagées qu’elles ne l’étaient il y a quelques années, voire quelques décennies.

    L’étude PISA à son tour illustre de façon suffisante qu’une nouvelle génération « d’analphabètes » se prépare à quitter l’école bientôt pour devenir quoi …. ? Des allocataires sociaux ? Des demandeurs d’emploi qu’aucun patron n’embauchera ?

    Oui, c’est dur de dire la vérité à ces jeunes, mais il faudra passer par là et les inviter à participer davantage aux programmes d’alphabétisation – question de se rattraper et de prendre leur sort en main.

    A condition, bien sûr, que la Région wallonne intensifie les efforts en la matière. A condition également que la Région wallonne vise notamment les jeunes adultes avant que ceux-ci ne soient totalement découragés par les échecs successifs.

    Quelle est l'analyse de Madame la Ministre de la situation ? Les moyens mis à disposition en matière de lutte contre l’analphabétisme sont-ils suffisants ? Ou devra-t-on les renforcer afin de sortir davantage de jeunes de cette impasse professionnelle ?
  • Réponse du 03/03/2011
    • de TILLIEUX Eliane

    J'ai pris connaissance des résultats de l'enquête internationale PISA qui vise à évaluer les savoirs et savoir-faire des élèves de 15 ans, et ce en matière de compréhension à l'écrit, en mathématiques et en sciences.

    Se référant aux éditions précédentes (2001 lecture - 2003 mathématiques - 2006 sciences), l'étude fait état des progrès en lecture des élèves francophones - leur score se situe quasiment au niveau de la moyenne de l'OCDE.

    Les résultats restent cependant encore faibles en sciences et en mathématiques, en dessous des moyennes de l'OCDE.

    L'étude met notamment en lumière la différence de résultats entre les garçons et les filles ainsi que l'écart important décelé entre les élèves les plus faibles et les plus forts en Communauté française, écart le plus élevé de tous les pays de l'OCDE.

    Comme le souligne l'étude, dans de nombreux pays, il existe une corrélation forte entre le milieu socio-économique dans lequel évoluent les élèves et leurs résultats scolaires. Ce résultat pose la question d'un enseignement de qualité pour tous.

    Outre ces résultats, l'étude pose également la question des stratégies et des pratiques mises en œuvre par les élèves. Elle pose la question du « comment apprendre à apprendre », du sens des apprentissages et de l'implication des élèves.

    La question de l'efficacité du redoublement y est également posée dans la mesure où les résultats de l'étude tendent à démontrer que le redoublement ne constitue pas une aide pour l'élève concerné.

    A partir des comparaisons des résultats obtenus par les élèves, cette étude pose un certain nombre de questions sur les pratiques et les stratégies mises en place par les établissements scolaires, ainsi que sur la manière dont les ressources temporelles, humaines, matérielles et financières devraient être consacrées à l'éducation.

    Il y a une série d'enseignements à tirer des résultats de cette enquête.

    Avant d'arriver à l'impasse professionnelle qu'évoque l'honorable membre, les jeunes effectuent donc un parcours scolaire au cours duquel ils sont confrontés à l'apprentissage des savoirs de base comme la lecture et l'écriture.

    C'est donc prioritairement à ce niveau, qui relève des compétences de la Communauté Française, que la réflexion devrait être engagée afin que les jeunes puissent acquérir les savoirs et les savoir-faire indispensables en vue d'une première intégration sociale, citoyenne et professionnelle dans notre société, au sortir de l'école.

    Néanmoins, au regard du nombre de personnes adultes analphabètes et de l'enjeu de société que cette réalité représente, je suis attentive à la lutte contre l'analphabétisme dans le champ de l'insertion sociale qui relève plus particulièrement de mes compétences.

    A cet égard, hormis les actions effectuées dans le champ de l'insertion socio­professionnelle, la Région wallonne via mon département soutient un ensemble d'initiatives en lien avec l'apprentissage du français dans une perspective d'intégration sociale:
    * des initiatives de terrain sont ainsi financées dans le cadre de l'appel à projets Intégration des personnes étrangères ou d'origine étrangère, en référence au décret du 4 juillet 1996 relatif à l'intégration des personnes étrangères ou d'origine étrangère récemment modifié (30/04/2009). Ces actions visent essentiellement un public primo-arrivant ou de personnes installées depuis plusieurs années mais pas encore familiarisées avec la langue du pays d'accueil.
    L'apprentissage du français langue étrangère, la compréhension des codes sociaux et culturels ainsi que la connaissance des institutions du pays d'accueil est un des axes proposés par le décret. La part des opérateurs financés dans le cadre des initiatives locales qui consacrent en tout ou en partie leurs activités au soutien d'actions de type alpha­Français Langue Etrangère (FLE) est en accroissement constant et représente pour 2010 environ 50% des opérateurs subventionnés.

    * dans le cadre du Fonds d'Impulsion à la politique des immigrés (F.I.P.I), le département de l'Action sociale cofinance également certains projets consacrés à l'apprentissage du français. Les actions soutenues sont destinées à titre principal à des personnes d'origine ou de nationalité étrangère, avec une attention particulière pour les primo­arrivants et pour les femmes.


    Par ailleurs, la convention-cadre entre la Région wallonne et l'asbl « Lire et Ecrire» en Wallonie a pour objectif le développement d'une politique globale et coordonnée de l'alphabétisation en Région wallonne.

    Une subvention de 175 000 € sera donc attribuée à l'asbl « Lire et Ecrire» dans le cadre des budgets consacrés à l'Action sociale. Cette subvention sera en outre intégrée dans une seule et même convention concernant l'asbl « Lire et Ecrire» rassemblant toutes celles qui avaient été conclues précédemment avec le Ministre de la Formation et moi-même dans le but de rationaliser les actions de l'asbl. Cette convention « unique» portera sur 3 ans. Une attention particulière sera portée à la détection de l'analphabétisme en Wallonie.

    Enfin, les postes APE dont bénéficient les 8 régionales de l'asbl devraient également être maintenus.

    Comme l'honorable membre peut le constater, le travail réalisé et la méthodologie adoptée montrent la volonté de pérenniser les actions relatives à l'alphabétisation des adultes et de les organiser de manière efficiente.